Psycho-Criminologie

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Publié le par Criminologie
Publié dans : #2019, #Actualités, #Oleg Sokolov, #Crime, #Anastassia Echtchenko, #Féminicide, #Historien, #Napoleon
"Oleg Sokolov" "psycho-criminologie.com"
Photo : Olga Maltseva / AFP

 

Emprisonné pour avoir tué et démembré Anastassia Echtchenko, son ancienne étudiante et amante, ce spécialiste de Napoléon est décrit de personnage ambigu par ceux qui le connaisse.

Samedi 9 novembre, Saint-Pétersbourg, l'historien russe Oleg Sokolov est tiré hors de l'eau par la police après être tombé dans la Moïka alors qu'il était en état d'ivresse. En ouvrant son sac à dos, les agents découvrent deux bras de femme et un pistolet d'alarme – d'autres fragments de corps seront tirés plus tard d'un autre cours d'eau. Oleg Sokolov reconnait très vite le meurtre d'Anastassia Echtchenko, 24 ans dont il partageait la vie.

Devant le juge, l'historien de 63 ans placé en détention provisoire jusqu'au 8 janvier prochain, est apparu mal rasé, en jean, le visage défait. Sa compagne, affirme-t-il, l'aurait attaqué avec un couteau dans un accès de colère lié à ses enfants nés d'un précédent mariage – "Je suis en état de choc, j'ai des remords".

A ce stade de l'enquête, la piste de la violence conjugale est privilégiée. Sergueï Echtchenko, le frère de la victime, a notamment affirmé au site RBK que "la jalousie" était à l'origine du crime. "Je lui ai parlée avant le drame au téléphone. Elle lui a dit qu'elle se rendait à l'anniversaire d'un ami étudiant. Il l'a passée à tabac, elle est sortie quand même puis elle est rentrée..." Une voisine raconte également avoir entendu une violente dispute et des coups pendant la nuit.
Le quotidien Moskovski Komsomolets (en russe) a publié une précédente plainte déposée en 2008 contre l'historien par une étudiante qui l'accusait de l'avoir attachée et frappée car elle souhaitait rompre.

Si le nom d'Oleg Sokolov est inconnu du grand public, il est une référence chez les spécialistes de Napoléon Bonaparte, amoureux des reconstitutions historiques. Au mois de septembre dernier, en présence de l'ambassadrice de France, l'historien russe passait encore en revue les troupes lors d'un événement annuel consacré à la bataille de Borodino.

Francophone et francophile, Oleg Sokolov a noué très tôt des relations en France. Il y trouve un écho favorable à ses travaux au point d'être invité pendant un mois comme directeur d'études à l’École pratique des hautes études, en 1997-1998. Délégué du Souvenir napoléonien au début des années 2000, il côtoie un nombre croissant d'acteurs politiques. Trois ans plus tard, il est promu au grade de chevalier de la Légion d'honneur.

"Plusieurs personnes ont essayé de m'appeler, mais au départ, je n'y ai pas cru", réagit l'expert et collectionneur Pierre-Jean Chalençon, intervenant sur France 2, encore sous le choc des faits évoqués. Cet ami de longue date de l'historien le décrit un "homme souvent entourée de jeunes femmes plus jeunes et élégantes". "Je n'ai jamais vu de comportement violent de sa part", malgré un caractère parfois "impulsif", témoigne-t-il.

Pierre-Jean Chalençon évoque également un homme parfaitement bilingue et un "type généreux". Son train de vie, d'ailleurs, demeure un mystère. "Je lui ai présenté le sulfureux beau-frère du maire de Moscou, Victor Batourine [emprisonné en 2012], qui a acheté beaucoup d'objets napoléoniens, ce qui a permis à Oleg de remplir son portefeuille avec les commissions." Oleg Sokolov semblait avoir de nombreux projets, plus ou moins fantasques : "Une fois, il avait même tenté de me convaincre d'investir dans un projet en Russie de chalets en bois."

"Anastasia Yeshenko" "Oleg Sokolov" "psycho-criminologie.com"
Anastasia Yeshenko

En 2016, l'ambassade de Russie en France contacte l'équipe de Marion Maréchal – membre de l'association France-Russie – pour lui présenter un "grand historien francophile et francophone", se remémore Arnaud Stéphan, conseiller de l'ancienne députée FN. Une rencontre a lieu à l'Assemblée nationale. "Il portait fièrement la rosette de la Légion d'honneur. Il était curieux et avait toujours une anecdote à raconter. Il employait un français très châtié et cherchait toujours le mot correct."

Trois ans plus tard, voici l'historien membre du conseil scientifique de l'école privée ISSEP fondée par la nièce de Marine Le Pen. Après l'annonce du meurtre, l'établissement a aussitôt réagi en lui retirant "sa fonction de membre du conseil scientifique".

Mais Oleg Sokolov est surtout connu en France pour ses multiples participations à des reconstitutions historiques en tant que figurant ou consultant. Une passion dévorante, à laquelle il s'adonne avec exaltation. Gilles Ameil, président d'honneur des Amis de Napoléon III, se souvient d'un homme au "fort caractère", parfois "excessif" et toujours en quête de reconstitutions grandioses – "Il y a une dizaine d'années, il voulait faire descendre une troupe napoléonienne sur les Champs-Elysées."

 
Après avoir tué sa compagne, Oleg Sokolov avait prévu de se suicider en uniforme, près de la forteresse Pierre-et-Paul. Ce détail, d'ailleurs, ne surprend personne : "Chez les militaires, le suicide est une des portes de sortie car le déshonneur est terrible"  reconnait Franck Samson qui a revêtu les habits de Napoléon pour des reconstitutions.  

A combien d'années l'historien sera-t-il condamné ? Son procès ne devrait pas se tenir avant 2020.

 

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