Psycho-Criminologie

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Elliot et Beverly Mantle sont des jumelles qui partagent tout : la drogue, les amours et un désir non dissimulé de faire tout ce qu'il faut, y compris repousser les limites de l'éthique médicale dans le but de remettre en question des pratiques désuètes et de mettre les soins de santé des femmes au premier plan.

Alors que l'excellente série Dead Ringers est sortie sur la plateforme Amazon Prime avec Rachel Weisz (époustouflante dans le double rôle de Beverly/Eliott Mantle), savez-vous que celle-ci est tirée d'une histoire vraie ?

En effet, sans l'histoire trouble des jumeaux Marcus, le film "Faux-semblant" de David Cronenberg, la série Dead Ringers et le roman "Twins" de Bari Wood n'auraient sans doute jamais vu le jour.

 

 

Mais qui étaient donc les frères Marcus ?

Stewart et Cyril Marcus sont nés à Binghamton, dans l'État de New York, le 2 juin 1930. Stewart est l'ainé, et Cyril vient au monde quelques minutes plus tard. Tous les deux sont des enfants intelligents - studieux plutôt que sportifs - et Stewart se montre le plus charmant et le plus affable des deux. C'est le jumeau qui occupe très tôt le devant de la scène, socialement et celui qui mène la barque dans leur scolarité qui va être faite de réussite.

Les frères grandissent à Bayonne, dans le New Jersey, bien qu'ils tenteront de faire croire à leurs riches patients qu'ils ont grandi dans une ville plus huppée. A l'université de Syracuse, Stewart et Cyril intègrent le cursus qui va les emmener tout droit vers l'école de médecine (Ils en ressortiront diplômés en 1951). Ils suivent ainsi le schéma paternel puisque leur père était médecin. A l'université, les autres élèves comprennent très vite que ces deux-là sont à part. En effet, les Marcus travaillent sur le même cadavre et évitent de se mélanger aux autres. "Ils semblaient n'avoir besoin de personne d'autre que d'eux-mêmes", a remarqué alors un camarade de classe. Les jumeaux portaient des chemises blanches similaires, des cravates et des vestes. "Ils étaient toujours formels, comme s'ils ne pouvaient supporter d'affronter le monde sans mettre une sorte de masque". Un gynécologue en chef lors de leur internat les qualifiera de "arrogants, réfractaires à la critique et désobéissants aux ordres".
"Ils étaient schizoïdes", dira même un psychiatre à l'écrivaine et journaliste Linda Wolfe, qui a écrit sur les jumeaux pour le New York Magazine. "Lorsqu'ils vous parlaient - et la plupart du temps, ils ne parlaient à personne, juste l'un à l'autre - vous aviez la nette impression que leurs réponses étaient artificielles, qu'ils n'avaient pas vraiment les mêmes émotions que les autres, mais qu'ils s'inspiraient des émotions des gens, qu'ils essayaient de les imiter pour interagir".

Pendant leur internat à l'hôpital Mont Sinaï, un médecin chevronné, le Dr Alan Guttmacher - également gynécologue, et spécialiste des jumeaux - était d'avis que les jumeaux étaient des "monstres" (c'est-à-dire des jumeaux conjoints, terme ainsi utilisé par le monde médical pour désigner des jumeaux qui sont aussi siamois. ici, Guttmacher voulait dire toujours "collé l'un à l'autre".)

La question se pose de savoir si les jumeaux Marcus étaient des vrais ou des faux jumeaux. Cyril a affirmé un jour qu'ils n'étaient pas identiques, une affirmation reprise par la journaliste Linda Wolfe. Ils se ressemblaient tellement que même leur mère avait du mal à les différencier au point que lorsque l'un des jumeaux faisait une bêtise, elle donnait la fessée aux deux, juste pour être sûre de punir celui qui avait fauté.

Au Mont Sinaï, le Dr Guttmacher réussit à les séparer et envoie Stewart dans un hôpital en Californie pendant que Cyril restera à New York. Durant cette séparation avec son frère, Cyril va rencontrer une femme, se marier avec elle et avoir deux enfants. Stewart, lui, va rester célibataire jusqu'au bout et semblait être homosexuel. Il semble néanmoins qu'il ait été fiancé, mais que celle-ci ait rompu après qu'il se soit montré distant avec elle. Il ne ressentait apparemment aucun intérêt sexuel pour la jeune femme.

 

Les années s'écoulent et Stewart finit par rejoindre son frère Cyril à New York. Les deux prennent en charge la clinique de stérilité du New York Hospital-Cornell Medical Center et dirigent également un cabinet privé situé au 420 East 72d Street. Les jumeaux portaient le titre de professeurs adjoint d'obstétrique et de gynécologie et étaient codirecteurs de la clinique d'infertilité de l'hôpital Cornell. Ils ont tous deux publié des articles influents dans certaines des principales revues médicales et un ouvrage de référence sur l'obstétrique et la gynécologie. A l'hôpital, ils voient affluer comme clientes les femmes aisées de la région. Pour aider celles qui ont consulté d'autres gynécologues sans succès, ils n'hésitent pas à utiliser divers médicaments, techniques et procédures. Beaucoup de ces femmes venaient espérant avoir une dernière chance d'avoir des enfants. Ces patientes les voyaient comme des "dieux" et des "faiseurs de miracles".

Linda Wolfe, la journaliste, se souvient d'eux : "j'avais été une patiente de Stewart. Du moins, c'était Stewart que j'appelais pour mes rendez-vous et dont le nom apparaissait sur les factures que je recevais, bien que l'amie qui me l'avait recommandé m'ait dit qu'elle avait parfois des doutes sur le jumeau qu'elle voyait en réalité. Oui, ils se ressemblaient à ce point. Elle était convaincue que, de temps à autre, ils s'étaient fait des blagues classiques de jumeaux, l'un se substituant à l'autre. Une autre femme à qui j'ai parlé avait eu la même impression et m'a dit : "Bien sûr, ils n'ont jamais dit aux patients qu'ils faisaient cela. Mais j'ai fini par savoir qui était qui. Le cou de Stewart était plus épais". 

C'est ainsi qu'est née l'histoire selon laquelle l'un était un "bon jumeau" et l'autre un "mauvais jumeau". Mais les avis divergent largement quant à savoir lequel était le bon et lequel était le mauvais. Et on n'a jamais vraiment su si le changement de personnalité était dû au fait que les jumeaux se remplaçaient l'un l'autre, ou si c'était parce que chaque jumeau avait une personnalité distincte et différente. 

"Finalement, j'ai cessé de voir Stewart", poursuit Linda Wolfe. "Je l'avais trouvé distant, éloigné, incapable ou peu désireux de s'engager dans une discussion ou une explication. Ce n'est pas vraiment ce que l'on recherche chez un médecin. Sa/leur réputation était bonne. Ils étaient parmi les rares chirurgiens à avoir perfectionné le "cordon de la bourse", une opération qui aidait les femmes ayant des difficultés à porter un fœtus à terme. On disait aussi qu'ils étaient les meilleurs gynécologues de la ville - à l'époque - pour poser avec un minimum de douleur les dispositifs intra-utérins (DIU), encore nouveaux à l'époque. Mais la communication avec eux était si souvent difficile que j'ai fini par comprendre que la réputation était, pour moi, moins importante que la réactivité."

Une femme, médecin, se souvient bien des Marcus, car ils étaient internes en gynécologie à l'hôpital où elle a accouché de son premier enfant. Elle a fait la remarque suivante "La présence des Marcus a été une expérience horrible ; l'un d'eux vérifiait avec ses doigts jusqu'où j'étais dilatée - procédure standard, mais jamais très agréable - puis il appelait son frère pour qu'il vérifie lui aussi. Ils ont fait cela deux fois. C'était déjà assez douloureux d'avoir deux personnes à le faire. Et inutile. J'ai finalement dû demander à mon mari d'exiger qu'ils cessent cette pratique. C'était comme si l'un ne pouvait pas vivre une expérience sans la partager avec l'autre".

Stewart, qui était le meneur du duo, obtient ensuite un poste de professeur associé et Cyril se retrouve à gérer seul le quotidien gynécologique de leur cabinet privé. On ne sait pas exactement quand Cyril a commencé à se droguer, mais il est rapporté qu'il prenait des amphétamines pour supporter les longues heures de travail et les appels nocturnes des clientes. C'est durant cette période que la femme de Cyril a divorcé. Dès lors, plus rien ne va empêcher Cyril de plonger dans une spirale descendante.

 

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450 Sutton Terrace - Appartement des frères Marcus - New York

Au cours de l'année 1972, Cyril Marcus s'effondre. Un accident vasculaire cérébral ou plus certainement une overdose serait à l'origine de cet épisode. C'est l'homme à tout faire de l'immeuble qui va donner l'alerte. Il appelle Stewart, expliquant qu'il pense que quelque chose ne va pas dans l'appartement de son frère. Au bout du téléphone, Stewart ne réagit pas tout de suite, semblant tenter de rentrer en communication mental avec son frère, puis il reprend le combiné et dit au concierge : "Vous avez raison, il y a quelque chose qui ne va pas". Stewart se rend alors sur place et monte avec l'homme à l'appartement de son frère. Ils trouvent celui-ci étendu sur le sol. Stewart demande au concierge de faire du bouche-à-bouche à son frère plutôt que de le faire lui-même en attendant l'arrivée d'un autre médecin.

A partir de ce moment-là, Stewart va beaucoup s'occuper de Cyril. Il s'installe à proximité de son appartement et les deux vont dorénavant vivre comme un couple, dinant ensemble, voyageant ensemble, travaillant ensemble dans une clinique pratiquant l'avortement.

 

La descente aux enfers

Mais la drogue est toujours là et le déclin s'installe. Il semble que les deux se droguent maintenant à base de dose massive de barbituriques. A la clinique, les gens remarquent qu'ils échangent leur rôle, qu'ils ont des difficultés à parler, qu'ils se mettent souvent en colère - Linda Wolfe témoignera que Stewart s'est emportée contre elle. Une infirmière a également confirmé que Cyril lui avait jeté des instruments stérilisés au visage. Ils se mettent à annuler leur rendez-vous, leur cabinet se délabre et ils ne payent plus leurs factures.
Leur comportement devient arrogant et erratique. Un jour, Cyril se met à raconter des histoires sordides aux clients du café du coin : par exemple, une femme qu'il prétendait avoir soignée pour les séquelles d'un rapport sexuel qu'elle aurait eu avec un gros chien.

En avril 1974, Cyril a un nouveau malaise. Il s'écroule à l'extérieur d'une salle d'opération avant une intervention chirurgicale. Il tente à un moment donné d'effectuer une circoncision sur un nouveau-né à l'aide d'un scalpel sans lame (une erreur que Stewart a répétée plus tard). Dans une autre histoire, l'une des mains des jumeaux tremblait tellement en chirurgie qu'un autre médecin a dû être appelé. Juste avant leur mort - le dernier jour des Marcus à l'hôpital - l'une de leurs patientes a été admise, apparemment en train de faire une fausse-couche. Cyril a disparu de la clinique et laissé la patiente seule ; lorsque Stewart est arrivé trois heures plus tard, il était inintelligible et n'a pas remarqué que la jeune femme faisait une hémorragie. Il a tenté de la renvoyer chez elle avant que d'autres médecins ne prennent le relais.
Ils étaient souvent hostiles, voire blessants, à l'égard de leurs patientes. Curieusement, compte tenu de leur état ultimement décharné, ils semblaient souvent insulter les femmes au sujet de leur poids. La femme qui avait donné naissance à des jumeaux s'était vu dire qu'elle était grosse. Une autre femme, qui mesurait 1,80 m et pesait, vers la fin de sa grossesse, 75 kg - soit un gain de seulement 20 kg par rapport à son poids normal - s'était vu dire par Cyril : "Vous êtes d'une obésité dégoûtante". Et il y a un autre point commun dans les récits que les patients font des Marcus. Il s'agit du fait qu'ils ne supportaient pas le désaccord. Ils semblent être devenus paranoïaques et colériques chaque fois qu'ils étaient remis en question.

Finalement, le personnel de l'hôpital reçoit l'ordre de surveiller les frères de près. Un confrère gynécologue déclarera au New York Times qu'ils étaient "vraiment dans les vapes" à cette époque. Et même si les frères Marcus ont nié avoir un problème avec la drogue, ils vont finalement être démis de leurs fonctions.

 

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Reconstitution de l'intérieur de l'appartement de Cyril Marcus tel qu'il fut retrouvé par la police

 

La fin des frères Marcus

 C'est un agent d'entretien qui va le premier remarquer l'odeur émanent de l'appartement de Cyril Marcus. Lorsque celui-ci franchi la porte en compagnie des agents de police, l'appartement a une allure de porcherie : sandwich à moitié mangé, ordures, assiettes sales, vêtements non lavés, os de poulet et restes de pilules. Sur le fauteuil préféré des frères, des excréments laissant entendre que l'un d'eux a déféqué dessus.

Il semble qu'entre le 10 et 14 juillet 1975, les deux frères se soient organisés une soirée de folie durant laquelle ils se sont jetés sur les sodas, et la nourriture : boissons gazeuses, cerise, fraise, crème à la vanille, Rooti root beer, biscuits, gâteaux, glace.

Stewart a pris une dose de Nembutal et en est mort. Cyril a trouvé son frère ainsi et est ressorti, hagard. Peut-être s'est-il rendu compte que dorénavant, il devrait vivre sans Stewart et affronter la vie seul et expliquer sa mort à la police. Au concierge qui le voit et qui lui demande si tout va bien, il maugréé un "Tout va bien !". Sûrement apeuré, il remonte à l'appartement 10H, ferme la porte à double tour, plaque un fauteuil contre celle-ci pour empêcher quiconque de rentrer et met une feuille de papier dans la machine à écrire. Sur la page, il écrit qu'il laisse ses biens à ses deux enfants et tape l'adresse de son ex-femme avant de s'allonger non loin de son frère. 

La façon dont Cyril est mort n'a jamais été expliqué. Il n'avait pas assez de barbituriques dans son organisme pour occasionner son décès. Il ne s'agissait donc pas en ce qui le concerne d'une overdose, et il n'y avait pas de signes de convulsions associées à un décès dû à un sevrage de barbituriques. La seule explication plausible est la malnutrition. Il s'est laissé mourir de faim aux côtés de son frère, ne supportant pas de devoir rester seul.

 

Le sergent Breen de la 4ème brigade des homicides, après la découverte du corps des frères, se rend alors à l'appartement de Stewart. Il constate que l'intérieur est une répétition de celui de Cyril : les mêmes pilules, les mêmes piles de journaux et du courrier non ouvert, la même nourriture à moitié mangée éparpillée partout au sol et sur les tables. Le portier de l'immeuble dira au sergent Breen que cela fait un an que Stewart n'a reçu aucun visiteur autre que son frère chez lui et qu'il ne l'a pas vu depuis plus d'un mois.

Pendant un an donc, Stewart Marcus a vu une version miroir de lui-même jour après jour malade et les deux frères se sont enfermés dans une folie à deux chez Cyril
La police va déterminer que tout a sombré dès avril. Sous le cadavre de Cyril se trouvait en effet une publicité du Times, des courriers non ouverts. Dans la salle de bain, il y avait même une lettre du fisc marquée "Avis important" datée de novembre 1973 et le rappel d'un rendez-vous avec un neurologue décédé depuis l'automne 1974. Il semble que les jumeaux faisaient des efforts pour maintenir une vie à l'extérieur pouvant sembler normale aux autres, même vers la fin, car leurs costumes étaient fraichement défroissés et leurs visages toujours rasés de près, bien que tout le monde ait remarqué le visage émacié de Cyril qui se creusait de jour en jour.

Au moment de leur mort, la baignoire et le lavabo de la salle de bain de l'appartement 10H étaient incrustés de poudre de café instantané renversée, mais au-dessus de ces taches se trouvaient une bombe aérosol de déodorant Right Guard, une boîte de crème à raser, une lotion autobronzante, des rasoirs, un coupe-ongles. Tout cela suggère un effort continu jusqu'à la fin pour sauver la face. Même l'état vestimentaire - ou déshabillé - dans lequel les jumeaux ont été retrouvés (en short) semble refléter les derniers efforts de leur psychisme pour préserver un brin de normalité. A l'intérieur de l'appartement recouvert de détritus, ils conservaient leurs costumes à part, bien rangés et propres. 

Parmi les barbituriques sur le sol, la police a également trouvé une bouteille d'ordonnance vide de Dilantin, un anticonvulsif parfois utilisé pour traiter les crises du sevrage narcotique. Il est possible que Stewart ait tenté d'amener Cyril à se débarrasser de sa dépendance aux barbituriques avec l'aide de Dilantin ou qu'ils préparaient tous les deux une dernière tentative pour sauver leur carrière médicale - On sait que Cyril a appelé un collègue cet été-là pour s'enquérir de la possibilité d'un emploi dans une autre ville. S'il y a eu une tentative, elle a échoué : les dates sur les bouteilles de prescription indiquent qu'ils ont recommencé à acheter des barbituriques peu de temps après avoir ramené le Dilantin à la maison.
Le 10 juillet 1975, le conseil médical de l'hôpital de New York s'est réuni pour examiner les cas de Cyril et Stewart Marcus. Aucun des deux jumeaux n'a semblé vouloir se défendre. La décision du conseil de les renvoyer est devenue définitive. 

La chronologie du 10 juillet 1975

Les circonstances de la mort des jumeaux suggèrent cette chronologie : le 10 juillet, Cyril et Stewart se font renvoyer. Ils prennent de fortes doses de Nembutal ensemble et entrent dans un coma barbiturique. Stewart meurt (il sera retrouvé nu face contre terre à l'exception de ses chaussettes). Cyril non. Peut-être à cause d'une tolérance plus élevée, sa dose n'est pas mortelle et il se réveille des heures, voire des jours plus tard pour se retrouver seul avec le cadavre de son frère. C'est alors la peur de se retrouver seul. Il s'habille, sort dehors et est pris de panique, d'une crise d'angoisse. Il voit le concierge, l’envoie balader en lui disant que tout va bien et remonte à l'appartement. Il tape son testament sur une machine à écrire et s'allonge ensuite sur un grand lit double pour se laisser à son tour mourir, sûrement de faim, le 14 juillet.

La littérature sur les jumeaux est remplie de cas dans lesquels l'un des membres d'une paire de jumeaux identiques ou conjoints tombe malade et meurt à son tour, bien qu'en parfaite santé, se laissant glisser dans la mort à son tour sans autre raison que de rejoindre sa "moitié".

L'autre détail retrouvé sur une pile de papiers, est un roman de poche d'Iris Murdoch, "Une défaite assez honorable" ouvert comme si quelqu'un était en train de le lire. C'était le seul roman visible dans l'appartement, en fait c'était le seul livre retiré des étagères, qui contenaient principalement de la littérature scientifique. Les jumeaux Marcus n'étaient pas connus de leurs confrères comme étant de grands lecteurs de romans, et la prose d'Iris Murdoch ne semble en aucun cas avoir été leur tasse de thé. Il est raisonnable de supposer que le jumeau qui lisait ce livre particulier dans les derniers jours de sa vie l'avait choisi pour une bonne raison.

Une défaite assez honorable, est un roman sur deux frères, l'un faisant partie d'un couple hétérosexuel, l'autre faisant partie d'un couple homosexuel. L'autre personnage central est un scientifique malin qui fait le pari qu'il peut séparer les deux paires. Il réussit et échoue. Le couple hétérosexuel se sépare et le frère hétérosexuel se tue. Le couple homosexuel survit. En regardant l'histoire des frères Marcus sous son jour le plus tendre, comme l'histoire de jumeaux pour qui la séparation a toujours été un sort pire que la mort, le titre de ce roman pourrait servir d'épitaphe...
Cyril et Stewart Marcus avaient 45 ans lors de leur décès.

 

 

Les Marcus dans la postérité

L'histoire des frères marcus va donner naissance à un film, "Faux-semblant" avec Jeremy Irons dans le rôle titre et réalisé par David Cronenberg. Le nom anglais de "Dead Ringers" (qui veut dire 'Sosie') est le nom de l'article du magazine Esquire écrit en 1976 par Ron Rosenbaum et Susan Edmiston sur les frères Marcus et qui est une relecture de l'article écrit par la journaliste Linda Wolfe, en 1974.

L'actrice Rachel Weisz cherchait une histoire dans laquelle elle pourrait jouer, sur les relations entre femmes, des sœurs notamment quand elle a eu l'idée de reprendre l'histoire du film de Cronenberg. "Je me suis dit qu’en transformant ces rôles en personnages féminins, ces sœurs offraient un terrain idéal pour un drame » a expliqué l'actrice qui est aussi productrice déléguée du projet. Et elle a bien fait. C'est la série à voir même s'il y a quelques longueurs, ça vous retourne et la prestation de Weisz est géniale. 
 

 

 

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Sources :
- https://www.vulture.com/article/twin-gynecologists-stewart-marcus-cyril-marcus-dead-ringers-inspiration.html
- https://theresaallore.com/2021/10/16/the-strange-death-of-the-twin-gynecologists-stewart-and-cyril-marcus-wkt5-17/
- https://www.telegraph.co.uk/tv/0/dead-ringers-true-story-twins-rachel-weisz-david-cronenberg/
- https://www.nytimes.com/1975/07/21/archives/death-of-twin-doctors-linked-to-despondency.html
- https://eastsidefeed.com/odds-and-ends/stewart-and-cyril-marcus-death-upper-east-side-apartment/
- https://the-line-up.com/doubly-disturbing-marcus-twins-suicides
- https://www.esquire.com/news-politics/a35522434/marcus-twins-gynecologists-death-story/

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