Nous sommes le samedi 28 octobre 2017.
Alexia Daval, 29 ans, employée de banque serait partie faire un jogging comme à son habitude, aux abords de la Saône vers 9h30. 
A 12h30, son mari, Jonathann Daval, 34 ans, informaticien, inquiet de ne pas la voir revenir, prévient la gendarmerie. Dès lors, un appel à témoins est lancé et relayé dans la presse locale d'autant qu'une autre affaire de joggeuse disparue a eu lieu quelques semaines plus tôt.
D'importants moyens de recherches sont aussitôt mis sur pieds et sont poursuivis le lendemain, sans succès.
Une battue est organisée avec l'aide de volontaires et une partie de la famille. Les plongeurs de la gendarmerie sondent la Saône, alors que les proches de la jeune femme sont entendus par les enquêteurs.
La disparition d'Alexia est-elle due à une disparition volontaire, un meurtre, un enlèvement, un suicide ?
La question se pose à ce moment-là.
Lundi 30 octobre. Le parquet décide d'ouvrir une information judiciaire sous la gouverne du procureur, Emmanuel Dupic, dans le cadre d'un possible enlèvement et séquestration.
Quelques heures plus tard, en fin de journée, le procureur annonce à la presse qu'un corps a été retrouvé brûlé près du bois isolé d'Esmoulins, près de Gray en Haute-Saône. Il s'agit de celui d'Alexia.
L'autopsie révèlera que nombre d'indices ont pu être recueillis même si les détails ne peuvent être donnés afin de ne pas nuire à l'enquête. On saura cependant qu'Alexia est morte par asphyxie et qu'elle s'est défendue au point d'avoir certains ongles retournés.
L'information judiciaire passe dès lors au stade supérieur en prenant l'intitulé d' "assassinat" et est confiée à un juge d'instruction de Besançon dans la foulée.

En hommage à Alexia, le dimanche 5 novembre 2017, huit mille personnes sont réunies à Gray pour la marche silencieuse qui y est organisée. Parmi les participants, la famille de la jeune femme, mais aussi son mari qui avait dénié jusqu'ici participer aux battues. Chacun porte une rose blanche ou rouge sur le parcours.
Trois jours plus tard, ont lieu dans l'intimité les obsèques de la jeune femme qui est inhumée dans le cimetière de la commune. Jonathann Daval, son mari ne prononcera pas de discours.

Le lundi 29 janvier 2018, celui-ci est interpellé à son domicile par les gendarmes alors que dans le même temps a lieu une perquisition. Les enquêteurs émettent l'hypothèse d'une dispute conjugale qui aurait mal tourné. Jonathann Daval avait en effet laissé entendre qu'une querelle avait éclaté entre lui et son épouse au retour de chez ses beaux-parents, la veille de la disparition, afin de justifier les griffures et les morsures qu'il portait sur les mains.

Le lendemain, Jonathann avoue le meurtre de sa femme, au second jour de garde à vue. Pour l'amener à reconnaitre les faits, les enquêteurs ont utilisé la méthode 'Progeai" ( Processus général de recueil des entretiens, auditions et interrogatoires), mis au point par le Canadien Jacques Landry. Cette méthode permet de mettre le suspect en confiance, en empathie, son comportement étant analysé en direct par des psychologues capables de relever des gestes et des attitudes passant inaperçus et permettant ainsi d'aiguiller les policiers dans leur questionnement. Cette méthode est utilisée par les psychologues du département des Sciences du comportement de la gendarmerie, à Pontoise, notamment.

Pour Jonathann Daval, le meurtre de son épouse serait en fait un accident.
"C'est un couple dont malheureusement l'un des conjoints était violent, mais ce n'est pas celui auquel on pense, c'est-à-dire qu'Alexia, en période de crise, pouvait avoir des accès de violence extrêmement importants à l'encontre de son compagnon", "Ils avaient une relation de couple avec de très fortes tensions. Alexia avait une personnalité écrasante, il se sentait rabaissé, écrasé. A un moment, il y a eu des mots de trop, une crise de trop, qu'il n'a pas su gérer", "C'est une dispute qui a mal tourné. Ce n'était pas la première dispute, des disputes qui pouvaient être assez violentes. Jonathann a essayé de la maîtriser, ça a dérapé et petit à petit, il l'a étouffée. Après, il a été dépassé." dit Me Schwerdorffer.
La jeune femme aurait reproché à son mari de ne pas être capable de lui donner un enfant.

Pour Muriel Salmona, psychiatre spécialisée en traumatismes et présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie, interrogée par franceinfo, "c'est tout à fait indécent et extrêmement choquant, c'est un retournement où l'agresseur, le criminel se présente comme victime".
Acculé par un témoignage de voisin qui l'aurait entendu ouvrir la porte de son garage et partir pendant la nuit précédent la disparition, Jonathann Davall a avoué avoir transporté le corps de son épouse dans sa voiture en direction du bois. Le traçage dont était équipé l'utilitaire confirme ce fait tout comme le tissu correspondant à un drap du couple retrouvé près du corps.
Cependant, Jonathann Daval nie avoir brûlé le corps laissant la place à un éventuel complice.
Le jeune homme a aussitôt été écroué pour meurtre et mis en examen, encourant la réclusion à perpétuité. Les violences volontaires ayant été retenues comme charge. 

Jonathann Daval semble chercher à échapper à ses responsabilités en endossant deux types de personnalités. D'un côté, il a conscience d'avoir commis un meurtre et semble éploré, d'un autre, il semble froid et plutôt regretter de s'être fait prendre en s’apitoyant sur lui-même. Il est apparu comme un veuf effondré, porté à bout de bras par les parents de sa femme. “Il a essayé d’être ce gendre parfait, il n’a pas réussi. C’est un garçon qui perd pied, un accident. Il l’a étranglée et après il a été dépassé par tout”, selon son avocat...