Psycho-Criminologie

Psycho-Criminologie

psychologie et criminologie

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Publié le par Yves-Hiram Haesevoets
Publié dans : #Semiologie

 


Cet article est issu de : Hasevoets, Y.H. (2001). L’Évolution Psychiatrique, 66, 3, 399-420, - http://www.systemique.be

 

Transgressivité sexuelle et vulnérabilité psychique de certains adolescents, au risque de la stigmatisation

 

Introduction : un syndrome actuel, quelques données chiffrées

L’adolescence comme problématique psychopathologique est de plus en plus décrite dans la littérature scientifique actuelle, les revues et ouvrages de psychologie, de criminologie ou d’éducation en particulier. Il y a moins de 20 ans, tout acte sexuel pratiqué par un adolescent était plutôt envisagé comme un geste d’exploration peu conséquent et banal à cet âge. Aujourd’hui aux États-Unis, alors que les adolescents (15-18 ans) ne constituent qu’environ 6% de la population, ils commettent 25% des crimes les plus violents (homicides, attaques à main armée, viol, etc.). D’après le nombre d’arrestations d’hommes de moins de 19 ans (Federal Bureau of Investigation, en 1987, cité par Elliott, 1994), 18% des crimes violents, 19% des viols, 18% de toutes les autres offenses sexuelles (excluant la prostitution) et 14% des voies de faits graves sont commis par des adolescents. Depuis ces dernières années, la proportion d’adolescents impliqués dans des agressions violentes et/ou sexuelles est en nette augmentation. De 1983 et 1992, 20% parmi ces jeunes ont été arrêtés pour viol (Office of Juvenile Justice and Delinquency Prevention, aux USA, cité par Elliott, 1994). Chez les jeunes sujets masculins, le comportement violent semble corrélé avec cette période spécifique de l’existence. Le risque d’initiation à la violence est probablement plus élevé autour des 15-16 ans pour ces garçons. Entre 30 et 50 % des agressions sexuelles seraient le fait d’adolescents (Elliott, 1994) Envisageant cette répétition des agressions à l’âge adulte, certains intervenants (Becker et al. 1986) y voient le résultat de quatre principaux facteurs :

  • l’expérience est répétée car elle avait été agréable ;
  • leur agression antérieure n’a pas entraîné de conséquence négative significative pour eux ;
  • en se masturbant et en fantasmant sur ce qu’ils ont fait, ils obtiennent un renforcement de leur déviance ;
  • le défaut d’habiletés sociales entraîne la persistance d’un certain isolement vis-à-vis des pairs.

Dans ce registre, l’attention se focalise actuellement sur des adolescents à problèmes multiples et sur des enfants prépubères qui apparaissent comme des handicapés psychosociaux ou encore comme des agresseurs (physiques ou sexuels) potentiels, voire de futurs « psychopathes pervers ». Les plus marginaux parmi ces adolescents sont représentés par ceux qui abusent sexuellement d’enfants plus jeunes. Ils apparaissent au regard de certains comme des « abuseurs sexuels » potentiels et/ou comparables aux délinquants sexuels adultes.

Médiatisation, dérives thérapeutiques, risque de stigmatisation et réalité
Dans la littérature, des faits-divers, aux magazines de psychologie, en passant par divers articles scientifiques, les journalistes et certains cliniciens (essentiellement nord-américains) décrivent de plus en plus souvent des adolescents, voire des enfants prépubères, susceptibles d’être ou de devenir des « abuseurs sexuels » au sens premier du terme. Suivant un schéma assez linéaire de cause à effet, et étant donné que bon nombre de délinquants sexuels adultes ont initié leur « carrière » déviante au moment de l’adolescence, certains cliniciens pensent que l’ensemble des mineurs qui transgressent par le biais de la sexualité, risque de devenir des abuseurs potentiels et qu’il faut les rééduquer de la manière la plus efficace possible. Est-ce un principe de précaution ou de réalité ?

 

Ainsi, et au risque d’une radicalisation et d’une stigmatisation abusive, interprétative et systématique, les cliniciens multiplient dans les pays anglo-saxons des programmes de traitement adaptés à cette problématique. Manquant d’une certaine éthique psychothérapeutique, certains de ces programmes sont parfois coercitifs (Longo & Groth, 1983). Appliqués comme des remèdes infaillibles, ou présentés comme tels, ils font penser à du « lavage de cerveau » ou à du reconditionnement psychique opérant (Abel et al., 1984). Guidés exclusivement par l’étude empirique ou des leurres d’efficacité, certains chercheurs ou « praticiens » appliquent à la lettre le mode d’emploi de la pléthysmographie pénienne, en réduisant le sujet à un simple rôle de cobaye.

La puissance du puritanisme ambiant ou de certains courants de pensée plus comportementalistes influencent probablement le type de traitement. Sous cette tendance culturelle actuelle, plus répressive que thérapeutique, alliant austérité, sanction et rigidité, certains praticiens se laisseraient tenter par une nouvelle forme de répression de la sexualité. Il est pourtant nécessaire de comprendre la réalité du phénomène et de dépasser la fiction et les fantasmes, afin notamment d’approcher la réalité. Nous ne contestons pas le fait que certains adolescents, voire quelques enfants, particulièrement vulnérables ou évoluant dans des milieux familiaux peu stables et non-structurés, commettent des agressions physiques à visée sexuelle ou des abus sexuels (avec ou sans violence) à l’égard d’individus de tous âges, mais principalement sur des enfants plus jeunes qu’eux. Cependant, l’ensemble des activités sexuelles pratiquées par ces jeunes ne participe pas toujours d’un syndrome sexuel déviant ou d’une psychopathologie de l’orientation sexuelle.

Parmi ces activités, nous distinguons au moins trois catégories : les jeux sexuels, les passions ou relations amoureuses réciproques avec activités sexuelles, et les agressions sexuelles véritables qui apparaissent comme minoritaires (Hayez & De Becker, 1997).

Un sous-groupe vulnérable

Les études portant sur la délinquance juvénile montrent que les adolescents « abuseurs sexuels » constituent un sous-groupe clinique particulièrement vulnérable, exposé à d’éventuelles perturbations (re-victimisation, toxicomanie, violence, prostitution, chantage, exploitation, etc.), à une aggravation plus ou moins sévère de leur santé psychique avec confirmation de leur psychopathologie (dépression, suicide, toxicomanie, passages à l’acte, etc.) et à un plus grand risque de renforcement positif de leurs pulsions sexuelles (compulsion, répétition des agressions sexuelles, récidive, etc.). Non seulement ces adolescents manquent de repères fiables et/ou souffrent de décrochage social, mais la plupart ont été victimes d’abus de diverse nature (psychologiques, physiques ou sexuels) à l’intérieur ou à l’extérieur de leur cercle familial. Parallèlement à la récidive des délits sexuels, nous sommes ainsi confrontés au risque de récidive sociale de ces jeunes individus à la dérive. Non reconnus (les confrontations à la loi et à la réalité) et/ou non traités (les apprentissages et les approches thérapeutiques) adéquatement, ils constitueraient pour la société un « danger potentiel ». Tant qu’ils ne sont pas encore trop « confirmés » dans leur déviance sexuelle ou contaminés par leurs pulsions, ils doivent bénéficier d’une intervention plus précoce et plus préventive que certains adultes qui sont déjà trop perturbés, voire « incurables ». Un soutien thérapeutique et socio-éducatif pourrait notamment aider ces jeunes à retrouver une orientation sexuelle plus équilibrée, favorable à leur épanouissement personnel, mieux adaptée aux normes sociales et aux lois.

Argument clinique : orientation éthique de l’intervention

Autant les profils de personnalité des adolescents qui transgressent sexuellement doivent faire l’objet d’une évaluation diagnostique rigoureuse, autant les circonstances de leurs passages à l’acte, les caractéristiques de leur(s) victime(s) et la nature de leur(s) offense(s) apportent une meilleure compréhension de cette problématique. En conséquence, l’orientation thérapeutique de ces adolescents vulnérables devrait s’élaborer à partir d’un examen médicopsychosocial complet et rigoureux. Un programme multi-varié de guidance éducative adapté à ces jeunes sujets ne peut se construire que dans un cadre institutionnel éprouvé par des repères éthiques et juridiques solides. Toutefois, l’évaluation clinique et le traitement des adolescents qui transgressent sexuellement ne peuvent faire l’économie d’une compréhension raisonnée du concept d’adolescence. Aussi faut-il replacer ce phénomène particulier dans le contexte du développement psychosexuel, affectif et relationnel de l’adolescent. L’adolescence n’est pas toujours une période facile à vivre pour tous les jeunes. Elle correspond à ce que Rousseau, dans son Émile, appelle « la seconde naissance de l’homme ». Cette période relativement « trouble » de l’existence humaine est plus qu’une simple transformation d’ordre physiologique. Il s’agit pour certains d’un moment de l’existence plus fragile, voire même plus périlleux.

L’adolescence est-elle une période plus vulnérable pour certains ?

À l’adolescence, dès que les éléments d’une crise s’annoncent, les symptômes paraissent plus actifs et plus aigus. Ils se situent plus au niveau de passages à l’acte, soit retournés contre soi, soit à l’égard d’autrui. Les troubles de la conduite sociale ne sont pas rares, les tentatives de suicide, fugues, drogue, alcool, promiscuité sexuelle, actes plus ou moins délictueux, ..., sont souvent rapportés par l’expérience clinique, et signifient toujours quelque chose qui mérite la peine d’être entendu et pris au sérieux. Sur le plan psychologique, nous retrouvons également des troubles névrotiques qui se manifestent à travers de l’anxiété, de la dépression, des idées obsédantes, la perte de confiance en soi, du manque d’estime de soi, de l’idéation suicidaire, ..., symptômes associés à la sphère des complexes pouvant recouvrir une aire plus ou moins névrotique et accentuer le niveau d’angoisse et de souffrance.

Sur fond de crise et de difficultés existentielles, le domaine de la sexualité n’est pas épargné par ces changements. Le développement psychosexuel de l’adolescent reçoit ainsi l’influence d’au moins cinq facteurs principaux (pas toujours corrélés entre-eux) :

  • La puberté qui entraîne un bouleversement de l’image corporelle ;
  • Une certaine « intensification » de la vie affective, amoureuse et sexuelle ;
  • Le passage à l’acte prévaut sur la pensée et l’expression verbale ;
  • Le jugement critique s’affine (mais pas toujours dans le domaine de la sexualité) ;
  • L’identification sexuelle et l’orientation sexuelle se structurent.

 

Fragilité psychologique de l’être

L’adolescent est un sujet affectivement fragile et vulnérable au niveau de son identité et de son narcissisme. Un événement douloureux ou traumatique vécu dans l’enfance peut prédisposer un individu, au moment de l’adolescence, à des troubles importants de la personnalité, de l’humeur, de l’identité ou de la conduite sexuelle.
Traversant une période de transformations physiologiques et psychoaffectives, de crises et de changements existentiels, l’adolescent est d’autant plus susceptible de réagir par des troubles plus intenses et plus psychopathologiques. Les personnalités les plus désorganisées pendant l’enfance sont souvent les plus problématiques à l’adolescence et à l’âge adulte. Bien que l’adolescence ne se limite pas à la puberté ou à une simple transformation physiologico-hormonale, les mutations fonctionnelles et sexuelles du corps relancent la construction de l’identité qui avait été amorcée au cours de l’enfance ; la perception du corps qui se transforme, la passion narcissique et la reconnaissance de l’altérité sont inhérentes à la structuration de la personnalité.

 

Sexualité, culpabilité, anxiété et agressivité

Ce passage obligé de l’adolescence réactualise les anciens conflits œdipiens et réorganise la vie relationnelle et sexuelle du sujet ; son rapport au monde, aux autres, à sa famille, à soi et à son propre corps sont remis en question. Aussi ne faut-il pas s’étonner que les sentiments ambivalents d’agressivité et de culpabilité, ainsi que certains désirs incestueux soient, à ce moment de transition remis en question. De ce point de vue, l’agressivité et les sentiments violents ou coupables qu’elle engendre prennent une dimension autre que morale ou culturelle. La sexualité incestueuse est porteuse de culpabilité, laquelle interdit l’inceste désiré. L’amour envahissant ou intrusif produit de l’agressivité qui tend à maintenir un équilibre entre ces deux pôles de l’amour.

À l’adolescence, la recherche du plaisir, le désir sexuel, la curiosité, les rapports de séduction sont émoussés par la violence des sentiments, lesquels réactivent les fantasmes œdipiens et rendent possible la réalisation d’un inceste agi (notamment au sein de la fratrie). À ce moment de l’existence, le corps et la sexualité prennent une place considérable. Plus le corps s’érotise, plus le fossé avec la génération parentale se creuse, plus une distance affective et physique entre proches s’affiche. L’amour est à la fois indispensable et potentiellement dangereux. L’agressivité mêlée à de la culpabilité attise l’ambivalence des sentiments. Ces mouvements influent sur les rapports humains et ébranlent les conflits existants. L’adolescent peut vouloir fuir ou entretenir pareils conflits qui sont à la fois identitaires et sexuels.

Lorsqu’il existe un déficit, des carences affectives graves, un stress post traumatique résiduel ou des distorsions cognitives importantes, le sexuel ne s’inscrit pas dans l’économie psychique du sujet. A défaut d’une meilleure élaboration psychique de la sexualité, la production d’actes de nature sexuelle devient alors une échappatoire-exutoire aux frustrations, conduisant parfois à la réalisation de fantasmes « crus ».

La production d’actes

Plutôt que de se centrer sur l’introspection et sur la mentalisation, « nombre d’adolescents produisent des actes, à ciel ouvert ou dans l’intimité de recoins secrets » (Hayez, 2009, p. 2), seuls ou avec l’un ou l’autre partenaire de confiance ou via Internet. Ces adolescents se manifestent de la manière suivante :

  • Ils peuvent manquer de réflexion personnelle, se montrer plus ou moins ignorant des « choses de la vie » et répondre très rapidement aux stimuli ou aux fantasmes les plus divers, notamment dans le domaine de la sexualité.
  • Ils sont souvent chargés d’énergie libidinale, avec des décharges pulsionnelles peu contrôlées.
  • Ils s’excitent à vouloir démontrer une sorte de toute-puissance narcissique, de l’audace sexuelle et démontrer aux autres qu’ils sont capables du pire.
  • Et surtout, ils jouissent du fait de prendre des risques, d’expérimenter des nouvelles expériences, de jongler avec les zones-frontières et de pouvoir les dépasser, comme pour se dépasser soi : recherche de l’inconnu plus ou moins angoissant ; nouvelles sensations ; flirts avec le danger ; transgresser les interdits, et même jouer avec leur vie, voire faire le mal pour le mal.

La fréquence et l’inscription de ces actes dans la durée sont très variables d’un individu à l’autre (Hayez, 2009) : du passage à l’acte isolé et ponctuel, aux actes exacerbés qui se répètent, parfois de manière compulsive, jusqu’à la construction d’une personnalité plus fragile et marquée par l’habitude du passage à l’acte pulsionnel et non réfléchi.

 

Caractéristiques générales de l’adolescent « transgresseur sexuel »

À travers les méandres et les vicissitudes de cette période fondamentale de l’existence, certains adolescents peuvent déraper sur le territoire risqué, trouble ou interdit de la sexualité humaine. Comme l’indiquent Chevalier & Deschamps (1997, p. 28) : « A cette période, une personne peut présenter une conduite abusive qualifiée d’accidentelle. Il peut s’agir d’un acte d’exploration, d’un surplus d’énergie mal canalisée. Ce comportement sexuel non adapté peut également traduire l’intégration, par l’adolescent, de valeurs familiales et sociales faussées dans lesquelles la notion d’interdit n’a pas sa place, ou bien la présence chez lui d’un sens moral déficient où les notions de bien et de mal se confondent, ou enfin, le cumul de déficits aux plan personnel, familial et social. Le sens d’une conduite sexuelle repose sur la perception que l’individu a de lui-même et d’autrui. Un individu, qui a développé une perception de soi si négative et une crainte de l’autre si forte qu’il est incapable de trouver une réponse à ses besoins affectifs et sexuels, dans une réponse égalitaire avec l’autre ».

Définition de l’adolescent « transgresseur »

Par définition, l’adolescent transgresseur sexuel ou « abuseur sexuel » est un mineur, au sens de la loi, qui a commis des actes ou des agressions de nature sexuelle à l’encontre d’un autre mineur ou d’une personne majeure non consentante. Ces actes transgressifs sont caractérisés par tout contact sexuel impliquant de la coercition, de la force physique, de la manipulation psychologique ou des mauvais traitements variés obligeant la victime à subir des activités sexuelles qui transgressent les conventions et les tabous en vigueur dans notre Communauté (Smith & Monastersky, 1986).

Types d’agression sexuelle

Au moins, trois types d’agression sexuelle sont rapportés et retiennent notre attention :

  1. des attitudes passives et sans contacts physiques (voyeurisme, appels téléphoniques obscènes, exhibitionnisme, etc.) ;
  2. des attentats à la pudeur impliquant différents degrés de forçage, d’agression ou de coercition (violence sexuelle, viol ou tentative de pénétration, etc.) ;
  3. des agressions spécifiquement de nature pédophilique lorsque les actes sont imposés exclusivement à une victime plus jeune que l’auteur des faits (la différence d’âge pouvant varier de 4 à 6 ans).

Comportements sexuellement déviants et « modus operandi »

Plusieurs études rétrospectives et prospectives des abus sexuels commis par des adolescents ont montré que leurs comportements recouvraient les mêmes formes que chez les abuseurs adultes (Vizard et al., 1995). Fehrenbach et al. (1986) montrent que le passage à l’acte le plus courant consiste en attouchements sexuels pour 59% des jeunes de leur échantillon ; 23% ont violé leur victime, 11% ont commis des faits d’exhibitionnisme et 7% ont démontré d’autres formes de délinquance sexuelle sans contact physique direct avec la victime. Dans l’étude de Wasserman et Koppel (citée par Davis et Leitenberg, 1987) , 59% des passages à l’acte impliquent une forme quelconque de pénétration et 31% une relation sexuelle ; des contacts oro-génitaux sont mentionnés dans 12% des cas ; 16% concernent exclusivement des caresses génitales, et 12% des actes n’impliquent aucun contact physique. La plupart de ces études semblent démontrer que les relations sexuelles « complètes » sont surtout le fait d’adolescents plus âgés.

La plupart de ces adolescents « abuseurs » usent largement de la coercition pour affirmer leur pouvoir sur leur(s) victime(s) et les contraindre à se soumettre à leur désir sexuel. D’après Johnson, cité par Vizard et al. (1997), 83% des adolescents abuseurs usent de diverses formes de coercition, y compris des formes de menaces verbales et de soudoyement. L’usage d’arme, bien que très rare, se rencontre surtout dans des situations de viol. Certains chercheurs relèvent que la force physique est moins fréquente lorsque la victime est plus jeune que s’il s’agit d’une victime du même âge ou plus âgée que l’abuseur (Fehrenbach et al., 1986).

À l’exception des situations d’exhibitionnisme et d’appels téléphoniques obscènes, la majorité des victimes des adolescents abuseurs sont plus jeunes que leur agresseur. L’ensemble des études s’accorde à démontrer que les victimes sont essentiellement féminines. La proportion de garçons victimes connaît cependant une augmentation, au niveau des faits rapportés. La plupart des victimes sont connues de leur jeune agresseur. Khan et Lafond (1988) ont trouvé ainsi que 98% des adolescents de leur échantillon connaissaient leur victime ; les victimes les plus courantes sont celles que l’adolescent est amené à garder seul et en toute confiance (voisins, fratrie, cousin, enfants de connaissances des parents, etc.). Les enfants victimes de l’adolescent abuseur sont moins susceptibles d’être des étrangers que les enfants victimes d’adultes (Becker & Kaplan, 1988).

Il semble qu’au niveau des victimes, l’âge de l’agresseur soit important. Les abus commis par les adolescents seraient moins dommageables aux enfants, que ceux perpétrés par les adultes (Davis et Leitenberg, 1987). Toutefois, peu d’études sont consacrées à l’impact des abus perpétrés par les adolescents sur leurs victimes.

Profil psychosocial de l’adolescent transgresseur

À la différence des autres formes de délinquance juvénile, les adolescents « abuseurs » n’appartiennent à aucun groupe homogène précis ou significatif. Ils se retrouvent dans toutes les couches de la population (Saunders & Awad, 1988) . À propos du comportement sexuel aberrant chez l’adolescent, il existe un continuum qui peut varier de la conduite inappropriée jusqu’à l’hypersexualisation et de l’orientation orgasmique à l’agressivité sexuelle (Vizard et al., 1997).

La plupart de ces jeunes présentent une faible estime et une image négative d’eux-mêmes ; leurs tensions internes et leurs angoisses existentielles ne trouvent pas de réponses satisfaisantes ; ils se montrent peu agressifs, ils éprouvent des difficultés à s’affirmer et à communiquer ; sur fond d’inhibition des sentiments et des pulsions, ils entretiennent peu de relations sociales et souffrent de solitude affective (timidité et repli sur soi) ; cette solitude se retrouve dans le milieu scolaire où ils ont peu d’amis ; leur niveau d’anxiété est important et n’est pas toujours lié aux faits commis ; ils ont plutôt tendance à banaliser ou à normaliser leurs actes sur un mode défensif (Laforest & Paradis, 1990).

Ces jeunes « abuseurs » sexuels ont été plus souvent « victimisés » que les autres délinquants juvéniles et que la population générale. La plupart ont connu une histoire d’abus physiques ou sexuels. Par ailleurs, la violence physique semble plus fréquente que la victimisation sexuelle. Les adolescents abuseurs proviennent surtout de milieux familiaux où règnent la violence, l’instabilité et la promiscuité (Awad & Saunders, 1991). Les parents d’adolescents abuseurs (principalement incestueux) présentent également un haut niveau de victimisation dans leur enfance. Ainsi la plupart des adolescents abuseurs présentent des carences psychosociales et affectives à différents niveaux et une inadaptation aux normes familiales, sociales et scolaires.

Hétérogénéité des caractéristiques psychoaffectives

Mais étant donné l’extrême hétérogénéité de leurs caractéristiques psychoaffectives, la personnalité des adolescents « abuseurs » doit faire l’objet d’une évaluation diagnostique rigoureuse. Une meilleure compréhension des circonstances de leurs passages à l’acte, des caractéristiques de leur(s) victime(s), de la nature de leur(s) offense(s) et de leur contexte existentiel apporte un éclairage clinique à cette problématique.

Le processus d’évaluation des adolescents transgresseurs

L’évaluation représente la clé de voûte sur laquelle vont reposer le diagnostic, le pronostic et les indications thérapeutiques. Malgré les nouvelles recherches sur cette population d’adolescents abuseurs, les études sur le processus d’évaluation restent encore assez lacunaires. Quelques cliniciens (Madrigrano et al., 1997) ont d’ailleurs tenté de perfectionner le processus d’évaluation afin de renforcer le développement de programmes de traitement efficaces.

Concernant l’évaluation de ces adolescents, il existe cependant peu d’instruments validés. Ceux qui sont utilisés proviennent de l’expérience clinique auprès des délinquants sexuels adultes. Même si les délits sont de même nature, l’évaluation des adolescents transgresseurs ne peut se calquer à partir des modèles cliniques établis auprès des délinquants sexuels adultes. Ces derniers concernent une population dont les caractéristiques sont mieux connues. Ils montrent une symptomatologie plus enkystée et possèdent des traits de personnalité plus affirmés que ceux des adolescents. Le développement du psychisme de l’adolescent est en voie de maturation et n’est donc pas comparable à celui d’un adulte qui a commis les mêmes actes déviants. En conséquence, les outils d’évaluation doivent prendre en considération ces différences spécifiques.

L’étiologie d’une conduite sexuelle déviante est à la fois complexe, hétérogène et multi-variée. Chaque individu ne procède pas suivant le même modus operandi. Seule une variété de facteurs s’intriquant les uns aux autres peut expliquer l’élaboration d’une telle conduite abusive. Le modèle de conditionnement opérant et de l’apprentissage social (Laws & Marshall, 1990) et l’approche cognitivo-comportementaliste (Abel et al., 1981 ; Abel et al., 1989) ne suffisent plus à expliquer le développement de l’intérêt sexuel déviant surtout pendant cette période de l’adolescence. L’élaboration d’outils spécifiques doit en tenir compte et ne pas reposer uniquement sur la constitution de check-list stériles, stéréotypées et systématiques. L’évaluation doit comprendre tous les aspects du comportement et du fonctionnement psychique de l’adolescent (Saunders & Awad, 1988). Les circonstances des faits (l’éventuelle histoire criminelle) et l’anamnèse du sujet contribuent également à un meilleur examen de sa situation, notamment en termes de sévérité et de dangerosité.

Circonstances des faits et anamnèse de l’adolescent

Afin de mieux évaluer l’adolescent abuseur, nous proposons d’analyser différentes composantes :

  • la nature de l’offense et le type d’activité sexuelle ;
  • la différence d’âge entre la victime et son agresseur ;
  • la relation ou ce qui lie socialement les protagonistes ;
  • l’histoire sexuelle du jeune, précocité avec immaturité sexuelle, surstimulation, promiscuité, reproduction d’abus sexuels subis, etc. ;
  • ses préférences sexuelles ;
  • ses connaissances en matière de sexualité ;
  • la nature des fantaisies sexuelles qui orientent le comportement déviant ;
  • a persistance de l’activité abusive et sa répétition dans le temps ;
  • ce qui motive le passage à l’acte : s’agit-il d’une déviance sexuelle, d’un mode de vie de prédation, d’un jugement moral erroné, de la non-perception de l’impact de ses actes sur la victime, d’une curiosité malsaine, d’un dérapage dans la découverte de la sexualité ? ;
  • les stratégies adoptées : coercition, menace, séduction, chantage affectif, contrainte, manipulation psychologique, etc. ;
  • le nombre de victimes ;
  • la vulnérabilité des victimes ;
  • les distorsions cognitives de l’abuseur et sa tendance à minimiser les faits ou à les trouver positifs et agréables.

Un modèle « multivarié » d’évaluation clinique spécifique

Tenant compte de ces différents aspects, des cliniciens québécois ont développé, un protocole d’évaluation destiné aux adolescents jugés coupables de crimes sexuels et basé sur plusieurs années d’investigations psychologiques (Mc Kibben & Jacob, 1993).

Ce processus d’investigation comporte trois axes principaux : (1) l’entrevue clinique standardisée, (2) les tests ou questionnaires psychométriques spécifiques et (3) l’évaluation physiologique.

(1) L’entrevue clinique standardisée

L’examen psychologique de l’adolescent commence par un entretien bienveillant et semi-directif poursuivant un double objectif : (a) obtenir la confiance et un bon niveau de collaboration de la part du sujet et (b) recueillir un maximum de données pouvant contribuer à une meilleure compréhension de sa situation. L’entrevue clinique permet de mieux cerner diverses caractéristiques individuelles, son développement intellectuel et mental, son histoire personnelle, son environnement social et familial, les facteurs qui ont motivé le passage à l’acte sexuel, le modus operandi de l’abus sexuel, son rapport à la victime et son niveau d’empathie, ses fantasmes sexuels, ses possibilités de remise en question, ses habilités sociales, son niveau socio-culturel, sa résonance émotionnelle, la maintenance et l’inscription du comportement sexuel déviant dans l’économie psychique de l’adolescent, etc. De nombreuses variables individuelles sont susceptibles d’influencer l’évaluation, le pronostic et le traitement, et il semble impossible d’établir une hiérarchie entre elles.
L’anamnèse clinique et criminelle nous permet également de recueillir certains éléments spécifiques d’une conduite délinquante plus manifeste et peut servir à spéculer sur un éventuel risque de récidive : des antécédents d’événements délictueux, de mauvais traitements physiques ou d’agression sexuelle, des problèmes de nature sexuelle, des passages à l’actes violents ou sexuels, le type et le nombre de victime(s), le degré de gravité des faits, les comportements de récidive, la durée et la fréquence de ces conduites déviantes, la confirmation d’une préférence sexuelle de nature pédophilique, l’adaptabilité sociale, le niveau de culpabilité et des distorsions cognitives.

(2) Les tests ou questionnaires psychométriques spécifiques

• Parallèlement aux tests projectifs classiques (T.A.T., Rorschach, M.M.P.I., etc.) qui évaluent le type de personnalité en termes de structure et de psychopathologie, il existe quelques questionnaires cliniques spécifiques. Même s’ils ne sont pas encore validés (fidélité, discriminations, corrélations) par des études rigoureuses, certains questionnaires sont utilisés dans le cadre de ces entretiens cliniques. Parmi ces instruments « exploratoires » et expérimentaux, les suivants sont de plus en plus utilisés par les cliniciens :

(a) Le Multiphasic Sex Inventory (Nichols & Molinder, 1984) a été standardisé pour les adolescents. Cet inventaire permet d’apprécier 300 items (vrai-faux) informant sur : la nature abusive du comportement sexuel, les déviations sexuelles, les dysfonctionnements sexuels, les connaissances sur le sexe et les attitudes en matière de sexualité.

(b) Becker et Kaplan (1988) ont établi un premier questionnaire d’évaluation pour adolescents abuseurs sexuels : Adolescent Sexual Interest Cardsort (ASIC). Élaborée à partir d’un questionnaire pour adultes, cette échelle comprend 64 items et détermine la présence d’intérêts sexuels déviants chez les adolescents.

(c) Hunter et al. (1991) proposent un instrument permettant de déterminer si un adolescent abuseur sexuel entretient des cognitions déviantes qui maintiennent ses intérêts sexuels déviants : Adolescent Cognitions Scale (ACS). Inspirée d’une version pour adultes, et composée de 32 items dichotomiques (vrai/faux), cette échelle devrait discriminer les adolescents agresseurs des non agresseurs. Ces questionnaires permettent également d’évaluer l’efficacité du traitement. L’évaluation des intérêts sexuels et des distorsions cognitives correspond à des scores qui peuvent varier avant et après traitement.

Les résultats à ces échelles offrent a minima une indication sur l’orientation et l’efficacité du traitement. D’après l’étude comparative de Madrigrano et al. (1997), ces instruments sont utiles au processus d’évaluation clinique des adolescents abuseurs et facilitent la récolte de diverses informations. Toutefois, le pouvoir de discrimination (entre adolescents abuseurs et non-abuseurs) de ces questionnaires est insuffisant et devrait faire l’objet d’un perfectionnement élaboré à partir d’études de validation.

(d) De plus, diverses études (Madrigrano et al., 1997) insistent sur la présence de symptômes dépressifs chez la plupart des agresseurs sexuels adultes. Ces symptômes inhibent ou réduisent l’érectilité lors de l’évaluation physiologique des sujets dépressifs et influencent leurs réponses aux questionnaires. Il apparaît dès lors important de mesurer chez les adolescents d’éventuels indices de dépression en utilisant l’Inventaire de dépression de Beck (Gauthier et al., 1982). La présence ou non de cette variable offre un bon indicateur permettant de pondérer certaines réponses issues de l’entretien clinique.

(3) L’évaluation physiologique

• L’évaluation physiologique des adolescents « abuseurs sexuels » peut s’avérer utile dans certains cas. Cette technique se base surtout sur les résultats de la pléthysmographie pénienne. L’évaluation des préférences sexuelles s’effectue par la mesure directe de l’excitation sexuelle en relation avec divers stimuli à caractère sexuel déviant. Toutefois, les résultats de cette technique font l’objet de diverses controverses dans le milieu scientifique. D’une part, l’excitation sexuelle déviante serait réduite à une simple réponse physiologique, plutôt qu’à une conduite correspondant à l’agression sexuelle. D’autre part, il s’agit surtout d’une méthode validée auprès d’une population de délinquants sexuels adultes (Robinson et al., 1997). Au plan éthique, l’utilisation de cet outil est fortement contestable.

À l’exception des travaux de Becker et Kaplan (1988) et de Becker et al. (1989), il existe peu d’études de validation et de fidélité de cet outil utilisé auprès d’une population adolescente. Cette mesure reste cependant utile pour le clinicien qui cherche à comprendre chez l’adolescent le rôle de l’intérêt sexuel déviant lors de l’agression sexuelle et la part du physiologique dans sa démarche abusive. L’étude comparative de Robinson et al. (1997) contribue à mieux connaître les caractéristiques de l’excitation sexuelle déviante chez l’adolescent agresseur. Cette recherche tente de valider l’évaluation pléthysmographique adaptée à une population d’adolescents ayant commis des actes sexuels déviants. Les résultats de cette étude montre qu’il est possible, en utilisant une version inspirée de Becker et Kaplan (1988), d’établir une différence significative entre les groupes d’adolescents abuseurs et non-abuseurs en relation avec leur profil d’excitation sexuelle. Les auteurs de cette recherche suggèrent de ne jamais utiliser cet instrument de mesure de manière isolée. Les mesures doivent être relatées comme une source d’information parmi un ensemble de données recueillies lors de l’entrevue et des différents testings psychologiques. Cet outil ne sert en rien à inculper ou à disculper un sujet soupçonné d’agression sexuelle. En principe et au plan éthique, les résultats de cette mesure devraient contribuer à une meilleure orientation thérapeutique et soutenir le bien-être du sujet. En cours de traitement, ils permettent également de confronter à ses propres intérêts sexuels déviants le jeune qui minimise ses actes, ou de constater un éventuel changement de son excitation sexuelle.

Évaluation du contexte familial de l’adolescent transgresseur

La plupart des adolescents qui abusent sexuellement trouvent ou choisissent leur(s) victime(s) dans leur entourage familial ou social immédiat. Suivant le contexte, certains pratiquent l’inceste avec une sœur ou un frère sur une période qui dépasse parfois quelques années. Les cliniciens pensent que l’inceste frère/sœur est plus fréquent que certains ne l’imaginent. Dans ces situations d’inceste fraternel, la dynamique familiale semble plus impliquée que la personnalité même de l’auteur de l’abus. Loin de correspondre à un banal jeu sexuel, le passage à l’acte incestueux d’un frère (souvent plus âgé) à l’égard de sa jeune sœur (frère) ou demi-sœur (frère) résulte d’un dysfonctionnement profond du système familial. D’un point de vue clinique, il existe peu d’informations sur l’inceste frère/sœur et il est important d’établir la distinction entre un comportement incestueux et une exploration sexuelle entre frères et sœurs. Laredo (1986) suggère de prendre en considération les prédispositions des participants et la dynamique familiale à laquelle ils appartiennent.

Smith & Israël (1987) rapportent différentes caractéristiques cliniques relatives à quelques rares cas cliniques rencontrés. A savoir : (a) des parents distants, absents, inaccessibles ou ayant affectivement désinvesti leurs enfants, lesquels se rapprochent sexuellement, érotisent leur agressivité refoulée ou passent à l’acte ; (b) l’existence d’un climat ambivalent et de transactions familiales floues ou sexuellement connotées ; (c) la présence de secrets relatifs à des liaisons extraconjugales ou à une situation incestueuse ancienne vécue par l’un des parents, souvent la mère ; (d) un isolement social qui engendre chez les enfants une solitude relativement pathologique et le repli sur soi. Les quelques cas étudiés montrent souvent une certaine ambivalence incestueuse de la mère à l’égard du fils abuseur et l’absence de père naturel ou affectif.

Les conséquences de ces transactions incestueuses dépendent des conditions dans lesquelles elles se déroulent : la différence d’âge entre les deux protagonistes, le climat d’agressivité ou de violence, le niveau de coercition, ou au contraire la complaisance et de degré de complicité des deux « partenaires », ainsi que la durée de la relation incestueuse et la nature même des actes sexuels. Il existe ainsi autour de l’adolescent qui transgresse sexuellement une pathologie familiale importante, souvent d’essence incestueuse. L’adolescent transgresseur a souvent grandi dans une atmosphère de violence, de discorde conjugale, de carences affectives, d’aliénation familiale ou de “déresponsabilisation” parentale. Psychologiquement vulnérable, le jeune peut alors sexualiser une angoisse et passer à l’acte.

Avec les adolescents, il ne faut cependant pas juger trop tôt ou trop vite toute conduite “farfelue”. Le clinicien prend alors le risque de stigmatiser l’adolescent, de ”pathologiser” à l’extrême sa « déviance » passagère ou de psychiatriser un problème qui exige des réponses psychosociales et/ou éducatives plus adaptées. Par ailleurs, il semble plus difficile de repérer la déviance sexuelle chez l’adolescent. Des actes déviants peuvent être des signaux d’alarme. Il est parfois plus simple de souligner la délinquance chez l’adolescent plutôt que d’envisager la responsabilité des adultes, des parents en particulier, de la société et de ses institutions. Toutefois à cet âge, la problématique peut être déjà très sévère et la transgression sexuelle peut correspondre à un problème psychologique plus profond ancré à d’importants troubles familiaux.

Ajoutons que tous les actes sexuels entre mineurs ne relèvent pas forcément d’une transgression. La recherche de critères significatifs permet de faire une distinction entre jeux sexuels exploratoires et abus sexuels. Lorsque les jeunes protagonistes sont proches en âge et/ou mentalement, il semble plus difficile d’établir la différence entre une agression sexuelle ad hoc et une activité sexuelle de découverte. Seule une approche critique et respectueuse des intérêts de chacun des protagonistes peut contribuer à cette recherche. En relation avec le contexte, les circonstances et la personnalité du présumé auteur des faits, l’évaluation de la conduite sexuelle doit prendre en considération la nature même de la sexualité infantile et adolescentaire. La plupart des jeux sexuels observés entre enfants ne relèvent que très rarement d’un abus sexuel ou de connaissances inappropriées en matière de sexualité.

 

Orientations thérapeutiques, possibilités et perspectives

Même si certains semblent excuser ces comportements et considèrent encore ces passages à l’acte sexuel agressifs de la part des jeunes comme des erreurs de parcours ou l’attribuent à la fougue de la jeunesse, l’expérience clinique montre que la plupart des délinquants sexuels ont commencé leur carrière au cours de leur adolescence et de manière particulière, c’est-à-dire suivant un canevas caractéristique (mieux compris et bien décrit aujourd’hui dans la littérature scientifique).

À l’instar du Québec, du Royaume-Uni et des Pays-Bas, il est dès lors important de se préoccuper de cette problématique particulière et de réaliser des programmes de traitement spécifique. La situation particulièrement délicate, les spécificités sexuelles, l’environnement et le statut psychosocial de ces adolescents justifient la création de programmes adaptés soutenus par la recherche et la validation des instruments diagnostiques. Cette démarche thérapeutique proactive permet notamment de développer chez l’adolescent des comportements sexuels plus responsables et mieux adaptés à la réalité, dans un esprit d’empathie soutenant l’émergence d’une identité mieux structurée (Chevaler & Deschamps, 1997).

 

Programmes de traitement : quelques axes principaux

Ainsi, il existe actuellement divers programmes de traitement pour jeunes « abuseurs sexuels ». Pour la plupart ces traitements s’appuient sur au moins sept axes principaux (modulables et interdépendants) :

les thérapies de groupe à vocation introspective : De nombreux avantages se dégagent de cette approche groupale. Les mécanismes de défense tels que la désensibilisation à la souffrance des autres, le déni et la minimisation sont contraints par la dynamique du groupe de pairs (Smets & Cebula, 1987, Cunnigham & Macfarlane, 1991, Griffin et al., 1997). L’encadrement par le groupe amène à une plus grande sécurisation et à une responsabilisation collective et individuelle. Encadré par d’autres adolescents qui connaissent la même problématique, le sujet s’exprime plus librement et avec une plus grande assurance. L’influence du groupe sur le jeune lui permet d’acquérir une plus grande responsabilité et une meilleure sociabilité. D’une manière générale, la thérapeutique de groupe renforce les liens sociaux, les identifications positives, le partage des expériences, stimule à la remise en question, permet une évolution personnelle et émotionnelle constructive, restructure l’individualité, et restaure l’altérité et la sociabilité. Le travail en groupe ouvre le jeune à une prise de conscience quant à l’impact de ses actes sur la victime, sa famille et sur son propre entourage. Il permet également de mieux comprendre les motivations et les enjeux psychoaffectifs qui sont sous-jacents à l’agression sexuelle.

la psychothérapie individuelle : certains adolescents expriment plus facilement leur souffrance et leurs difficultés dans un cadre plus intimiste et confident auprès d’un psychothérapeute. La confiance mutuelle permet au sujet d’accéder à du matériel inconscient refoulé et de réaliser des associations libres pouvant le libérer de ses troubles sexuels (Vizard & Usiskin, 1999, Wood, 1997).

la thérapie familiale : beaucoup d’abus sexuels perpétrés par des jeunes ont lieu dans le cercle familial restreint ou élargi. Dès lors que le jeune dépend de ses parents et que l’agression sexuelle soulève des enjeux ou des mouvements psychopathologiques familiaux, il importe de consacrer du temps et de l’attention à cette dynamique familiale particulière. Afin de mieux comprendre la distribution des rôles et les modalités en termes de valeur, de limite, de communication, d’expression des émotions, de réciprocité et d’échange, il est important de superviser et de soutenir la famille du jeune abuseur. Le jeune est ainsi intégré à un processus de changement thérapeutique qui dégage les membres de sa famille d’une certaine culpabilité. Ce travail en famille restitue au jeune la responsabilité de son passage à l’acte et l’associe au processus thérapeutique.

l’éducation sexuelle (en groupe ou en individuelle) : cette intervention vise l’information, l’éducation et l’épanouissement personnel vers une sexualité partagée, réciproque, entre partenaires de la même génération et consentants. La reconstruction cognitive, l’éducation sexuelle et affective intègrent également les apprentissages aux habiletés sociales et la reconnaissance des difficultés interpersonnelles en relation avec la sexualité.

les thérapies comportementales : ces interventions comprennent l’ensemble des techniques comportementalistes qui visent à déconditionner les habitudes déviantes du jeune et à diminuer son intérêt sexuel pour les enfants.

la prévention à la récidive : l’adolescent prend conscience et accepte la responsabilité de ses actes, il comprend les différents aspects abusifs de la sexualité qu’il a imposé à sa victime. Il essaye de comprendre les mécanismes de pensée intrinsèques au processus de l’abus sexuel. Le cycle du passage à l’acte sexuel une fois « démonté », le jeune est capable d’identifier ses fantasmes spécifiques, les circonstances et les situations à risque qui le prédisposent à ce processus. Il apprend ensuite d’autres comportements sexuels mieux adaptés dans le cadre d’une relation équitable et respectueuse. Il essaye de satisfaire ses besoins sexuels autrement qu’en s’imposant à une personne plus jeune, plus vulnérable et non-consentante. L’adolescent fait une recherche sur lui-même afin de développer une vie sexuelle plus saine et mieux adaptée aux critères d’éthique relationnelle et affective. De manière progressive, il élabore ainsi des critères concrets de prévention à la récidive (Worling & Curwen, 2000).

l’empathie à l’égard de la victime : le jeune acquière une sensibilité particulière quant aux conséquences de ses actes sur la victime d’agression sexuelle. Prendre conscience de la souffrance de la victime permet d’humaniser chez le jeune quelque chose de fondamental. La compréhension des actes sexuels posés passe inévitablement par une identification positive à la victime et une reconnaissance authentique des conséquences de l’abus sexuel. Il existe une véritable dialectique relationnelle entre l’abusé et l’abuseur (processus de victimisation, identification anxieuse par introjection, accommodation et traumatisation sexuelle). À travers cette relation abusive, la victime est prise comme objet pour faire jouir sexuellement son agresseur. En matière de relations humaines, le jeune « abuseur » évolue dans un monde de fausses croyances, de préjugés sexuels, d’ignorance, d’idées stéréotypées et d’attitudes déformées qui l’empêchent de percevoir des éléments de souffrance réelle chez sa victime. Sur le versant extrême du passage à l’acte, certains adolescents éprouvent un réel plaisir à faire souffrir l’autre. La thérapie tente ainsi d’orienter le jeune vers le développement de l’empathie ou de la compassion à l’égard de la victime.

 

Discussion et conclusion

Transgression, agression sexuelle, exploration ou dérapage ? Beaucoup de questions restent en suspens. Comment considérer les jeunes qui ont commis ces actes ? Quels sont les moyens réels de thérapie, de suivi, d’éducation, de guidance, … qui conviennent le mieux à cette problématique ? Est-ce un problème d’éducation sexuelle ou de responsabilité parentale ? Comment aborder la question sexuelle avec ces jeunes ? Comment leur parler positivement de sexualité à l’ère du SIDA et de la pédophilie ? Quelles sont les frontières sexuelles qu’il est préférable de ne pas franchir ? Qu’en est-il de l’obligation de soins pour les jeunes délinquants ? Devrait-on penser à créer des unités de soin spécialisées avec d’autres formules thérapeutiques ? Cette problématique se situe entre la protection et en même temps la responsabilisation de ces jeunes. Le versant juridique n’est pas adapté et il manque de structures pour accueillir ces jeunes. De la sanction au soin, les seules mesures qui peuvent être prises par les juges de la jeunesse (des enfants) sont des mesures éducatives et de guidance.

En termes d’évaluation et de traitement spécifique, il existe très peu d’initiatives concernant les délinquants sexuels mineurs d’âge. Il nous paraît adéquat de référer les jeunes abuseurs à un centre spécialisé offrant un cadre solide en matière de traitement et des bonnes garanties en termes de contrôle social et d’éducation. À cet égard, le placement à titre de « sanction » ne nous paraît pas être la solution, sauf s’il est provisoire, comme prise de distance de la famille à l’égard du mineur et/ou comme mesure de protection de la société. Par contre, des mesures de guidance socio-éducative et thérapeutique invitant le jeune à un travail sur lui-même abordant les thèmes de domination et humiliation, de réciprocité dans la sexualité, d’empathie humaine et d’éthique relationnelle, en vue de sa revalorisation nous paraissent plus adéquates. D’un point de vue préventif, il est aussi fondamental d’enseigner aux jeunes (futurs parents), le respect dans la relation à l’autre, aux autres, aux objets et dans la vie sexuelle. Dans son ensemble, cette guidance doit donc comprendre les domaines éducatifs, sociaux et thérapeutiques.

La prise en charge de ces adolescents et de leur famille constitue un terrain de responsabilisation des travailleurs sociaux, des avocats pour jeunes, des psychologues et des psychiatres, mais également des juges et des décideurs. Dans cette optique, les centres de référence pour adolescents doivent offrir des garanties dans l’installation et l’exécution des programmes d’aide et/ou de thérapie où l’adolescent et le thérapeute pourraient répondre devant le juge de la jeunesse (juge des enfants).

Insistons sur le fait que si des mineurs sont capables de transgresser sexuellement et de manière intentionnelle, certains n’ont fait que déraper sur le territoire complexe, et combien trouble, de la sexualité humaine.
Une vision actuelle trop réductrice du phénomène confirme la tendance à la stigmatisation et à la répression. Fruit des passions obscures et des préjugés, cette surdétermination consolide les mesures répressives. Or, en lui imposant un étiquetage diagnostic unilatéral, la stigmatisation réduit l’adolescent transgresseur à ses actes et l’empêche de se percevoir autrement. Il faut éviter de stigmatiser de manière systématique l’ensemble de ces jeunes comme abuseurs, agresseurs ou délinquants sexuels. Leur vie durant, ils risquent de porter ce lourd fardeau indélébile. Afin d’éviter l’écueil de la stigmatisation, une évaluation clinique fine et rigoureuse doit soutenir des prises de décision mieux adaptées.

Aujourd’hui, et étant donné l’état de nos connaissances cliniques dans ce domaine particulier, l’orientation thérapeutique de ces adolescents peut s’élaborer à partir d’un examen médico-psychosocial, pluridisciplinaire complet et rigoureux. Toujours au service du sujet d’un point de vue éthique, le diagnostic différentiel permet également à l’adolescent de s’inscrire dans un processus d’appréhension, voire de compréhension, d’évolution personnelle et pourquoi pas, d’élaboration psychique. Toutefois, un programme multi-varié de guidance thérapeutique et/ou psycho éducative adapté à ces jeunes sujets ne peut se construire que dans un cadre institutionnel éprouvé par des repères éthiques et juridiques solides.

Dans ces situations de transgression sexuelle, il est donc important de confronter le jeune transgresseur aux règles qui régissent les rapports humains, la dignité, l’équité relationnelle, la réciprocité et le respect des personnes, mais également de lui proposer une thérapie ou une guidance spécifique pour établir des élaborations normatives en matière de sexualité et l’aider à franchir le cap de son adolescence sans trop d’égratignures.

 

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Illustrations : Pixabay

Tags : Transgressivité sexuelle et vulnérabilité psychique de certains adolescents au risque de la stigmatisation, Transgressivité sexuelle et vulnérabilité psychique des adolescents, Transgressivité sexuelle et vulnérabilité psychique de certains adolescents, risque chez les adolescents, prise de risque chez les adolescents, Hasevoets, Y.H, article, recherche, recherches, Yves-Hiram Haesevoets, semiologie

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