Publié le 17 octobre 2018

« Je ne vais jamais récidiver. Jamais », a martelé Paul Bernardo à la fin de sa première audience devant la Commission. Malgré son plaidoyer et une audience de plus de trois heures, la cour n'a pris que quelques minutes pour prendre sa décision.

Cheveux soigneusement ébouriffés, visage toujours juvénile, l'homme de 54 ans n'a pas particulièrement changé en deux décennies, malgré une longue peine purgée en grande partie en isolement. 

 

D'une voix posée, parfois brisée par l'émotion, Paul Bernardo s'est exprimé sur ses crimes pour la première depuis son  procès en 1995. « Ce que j'ai fait est si horrible », a-t-il répété plusieurs fois. « C'est dur pour moi... de gérer ça... Je pleure tout le temps. Je suis heureux de ressentir la douleur. J'ai l'impression d'être dans un rêve, ou un cauchemar... C'est bien de l'admettre à vous et à tout le monde », a-t-il lâché. 

Enfance difficile, anxiété, faible estime de soi : le tueur en série est revenu à de nombreuses reprises sur ces éléments pour justifier ses crimes sordides. Des excuses qui ont parfois semblé exaspérer la commissaire Suzanne Poirier. Celle-ci a également relevé son utilisation du terme « female [femme] » pour qualifier ces victimes, pourtant adolescentes.

Paul Bernardo a aussi évoqué avec émotion la mort de Tammy Homolka, la soeur cadette de son ex-femme Karla Homolka, étouffée dans son vomi après une agression sexuelle.  « J'ai laissé tomber Tammy, j'ai laissé tomber les Homolka, j'ai laissé tomber Karla », a-t-il dit.

Plus tôt en matinée, les mères des deux adolescentes assassinées par Paul Bernardo, Kristen French et Leslie Mahaffy, se sont adressées aux commissaires pour les inciter à garder le bourreau de leurs filles derrière les barreaux.. Des témoignages forts en émotions qui ont toutefois laissé de marbre Paul Bernardo. « Notre douleur est telle... c'est comme si c'était hier. C'est un cauchemar, c'est terrible », a livré Debbie Mahaffy, la voix brisée.

Au terme d'un procès extrêmement médiatisé,  Paul Bernardo a été reconnu coupable par un jury en 1995 des meurtres au premier degré de deux adolescentes, Kristen French et Leslie Mahaffy, d'agressions sexuelles graves, d'enlèvement, de séquestration et d'outrage à un cadavre.

Il purge depuis une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, ainsi qu'une peine à durée indéterminée en raison de son statut de délinquant dangereux. En raison de cette étiquette réservée aux pires criminels, il lui sera encore plus difficile d'obtenir la libération conditionnelle totale à laquelle il est admissible depuis février dernier. Il est également admissible à la semi-liberté depuis 2015, mais il n'en a jamais fait la demande.

Avec l'aide de sa femme de l'époque Karla Homolka, condamnée à 12 ans de pénitencier pour homicide involontaire, Paul Bernardo a kidnappé Kristen French, alors qu'elle revenait de l'école en avril 1992. Le psychopathe a battu et agressé sexuellement l'adolescente de 15 ans pendant trois jours avant de l'étranger avec un fil électrique. Des vidéos de ses sévices sexuels ont été présentées pendant le procès.

La jeune Leslie Mahaffy est également tombée dans les griffes du couple sadique quelques mois plus tôt en juin 1990. L'adolescente de 14 ans de Burlington, en Ontario, a été enlevée, agressée sexuellement et finalement démembrée par Bernardo. Des morceaux de son corps ont été retrouvés, attachés à des blocs de béton, dans un lac de St Catharines.

En décembre 1990, Paul Bernardo a également causé la mort de Tammy Homolka, la soeur cadette de sa conjointe Karla. L'adolescente de 15 ans a été droguée et agressée sexuellement par le couple, avant de mourir en s'étouffant dans son vomi. Plus tard, Paul Bernardo a admis avoir violé 14 autres femmes dans les années 80 et 90.

Pendant son procès, Paul Bernardo a reconnu avoir enlevé et violé les deux adolescentes, mais il a nié les avoir tuées. Dans son témoignage en 1995, il soutenait que celles-ci étaient mortes accidentellement, lorsqu'elles étaient seules avec Karla Homolka.

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Source :
Louis-Samuel Perron, La Commission des libérations refuse de libérer Paul Bernardo, La presse, 17 octobre 2018 - https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/actualites-judiciaires/201810/17/01-5200569-la-commission-des-liberations-refuse-de-liberer-paul-bernardo.php

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