Psycho-Criminologie

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Le chirurgien Joël Le Scouarnec comparaît vendredi devant les assises de la Charente-Maritime, accusé d'agressions sexuelles sur quatre mineures, une première plongée dans une affaire de pédophilie vertigineuse déclenchée par le récit d'une fillette de 6 ans.

La cour d'assises à Saintes a trois jours, probablement à huis clos, pour rentrer dans la tête de ce médecin respecté, père de trois enfants, qui a dissimulé pendant 30 ans sa double vie. 

Soupçonné de violences sexuelles sur des centaines d'enfants, il comparaît à 69 ans dans un premier dossier de viols et/ou atteintes sexuelles concernant la fille de ses voisins de Jonzac, âgée de 6 ans en 2017, deux nièces aujourd'hui trentenaires pour des faits chez lui à Loches entre 1989 et 1999 et une patiente de l'hôpital de cette ville d'Indre-et-Loire qui n'avait que 4 ans en 1993. 

Décrit dans des expertises comme un "manipulateur fasciné par la pédophilie", il reconnaît des agressions, mais réfute les faits criminels de viols (pénétrations digitales) punissables de 20 ans de réclusion. 

Incarcéré depuis trois ans, "il n'est pas dans une logique de déni", assure à l'AFP son avocat Thibaut Kurzawa. "Il souhaite "s'exprimer devant ses juges: il veut tenter de comprendre comment il a pu faire autant de mal". 

Le 25 avril 2017, une fillette de Jonzac avait raconté comment le chirurgien digestif de cette cité thermale s'était montré "tout nu" dans le jardin mitoyen et lui avait imposé une pénétration à travers les canisses. La machine judiciaire était lancée.

Aux enquêteurs, il confiait sans difficulté son "attirance" pour les jeunes enfants et sa "boulimie" d'images pédophiles (300.000 retrouvées) qui lui avait valu une condamnation en 2005 pour des consultations illégales sur internet (4 mois avec sursis sans obligation de soins). Mais à l'époque, dit-il, il avait "beaucoup minimisé" ses penchants. 

Cette fois, il avouait des "attouchements" sur deux de ses nièces, parties civiles, et sur des enfants de son entourage et à l'hôpital, des faits en partie prescrits. Qu'en pensait-il après-coup? "Rien de particulier (...) c'est une attitude que j'ai fini par estimer comme +normale+", expliquait-il au juge en 2017.

Qui savait quoi?  Selon l'enquête, son passé judiciaire était connu dès 2006 de son hôpital à Quimperlé et sa famille était au courant de ses penchants. A commencer par sa femme, qui "savait" selon lui dès 1996, ce qu'elle conteste, puis sa belle-sœur et sa sœur l'ont soupçonné aussi d'agissements sur leurs filles. L'affaire était restée en famille.

"Pendant plus de trente ans, une omerta familiale a permis que d'autres victimes existent", déplore Francesca Satta, avocate des parents de la petite voisine de Jonzac

Son récit avait mené à des perquisitions chez le chirurgien, point de départ d'une enquête d'envergure, sans doute la plus importante affaire de pédophilie en France.

Les enquêteurs se sont plongés dans des milliers de documents exhumés de son matériel informatique, des écrits décrivant des fantasmes, mais aussi un journal intime commencé en 1990 relatant de possibles sévices pédophiles et deux listings titrés "Vulvettes" et "Quéquettes" recensant de 1984 à 2006 les noms de près de 250 mineurs, autant de victimes potentielles. Les quatre plaignantes y étaient mentionnées.

Confrontée à un défi d'ampleur, la justice a ouvert une seconde enquête, pour identifier d'autres victimes potentielles, en remontant le parcours hospitalier du chirurgien qui a officié dans le centre et l'Ouest (Loches, Vannes, Lorient, Quimperlé), sans être inquiété. Les chiffres donnent le vertige: sur 349 recensées, 246 ont porté plainte, selon le parquet de Lorient, en charge de ce volet.

"Briser le silence": les parents de la fillette de Jonzac réclament des débats publics car un huis clos le protègerait "une fois de plus". "On doit lever ce voile-là et faire comprendre au public le fonctionnement d'un prédateur sexuel", appuie leur avocate.

Les trois autres victimes entendent, elles, demander ce huis clos, pour leur intimité. En raison des faits jugés, la cour devra s'y plier.

 

AFP

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