La police américaine a arrêté vendredi 26 octobre 2018 en Floride un sympathisant pro-Trump aux nombreux antécédents judiciaires, qu'elle accuse d'avoir envoyé 13 bombes artisanales à des personnalités démocrates, résultat d'une enquête menée tambour battant sur une affaire qui empoisonnait la campagne pour les législatives de mi-mandat.

La nuit qui a précédé l'arrivée des forces de l'ordre, Cesar Sayoc Jr.  travaillait comme DJ dans l'un des clubs de Strip Tease du sud de la Floride. Jeudi était son jour de congé, mais il remplaçait un autre DJ, Scott Meigs.

Meigs, qui travaille dans le circuit des clubs avec Sayoc depuis près de 20 ans, a confié qu’il avait remarqué que son vieil ami était devenu obsédé par la politique et en particulier en ce qui concernait la période du mi-mandat.

«Il veillait à ce que tout le monde aille voter aux élections», a déclaré Meigs. «Je pensais qu'il était juste passionné par sa cause. Il a dit :« Votez Républicain. Si vous votez démocrate, tout ira en enfer », a rappelé Meigs. "Je n'ai jamais pensé qu'il irait aussi loin."

Carlos Sayoc Jr, âgé de 56 ans, se fait également appelé Cesar Altieri. Il est né le 17 mars 1962 et vivait dans la ville d'Aventura, au nord de la Floride. Il a fabriqué des tubes piégés avec des tubes en PVC, des fils électriques, des piles, un réveil, de la poudre noire et des éclats d'obus, puis les avait ensuite placés dans des enveloppes matelassées avant de les envoyer à au moins 13 éminents adversaires démocrates de Trump, dont George Soros, l'ancien président Barack Obama et Hillary Clinton.

L’interception des bombes, certaines contenant des photos des cibles arborant un X rouge, s’est déroulée au cours de la semaine. Trois personnes ont été retrouvées dans les heures qui ont suivi l’arrestation de Sayoc par des enquêteurs qui ont affirmé l’avoir suivi grâce aux  empreintes digitales retrouvées sur un colis.

Presque immédiatement après son arrestation, un étrange portrait du suspect a commencé à apparaître.

Celui d'un ex-strip-teaseur avec un long casier d'arrestation, un gymnaste musclé, une fois arrêté pour possession de stéroïdes. Il a faussement prétendu être un membre de la tribu des Séminoles jusqu'à ce qu'il se revendique comme une vision de la suprématie blanche. Son père l'a abandonné enfant et sa mère a pensé qu'il avait besoin d'aide psychologique.

"Il était perdu. Il cherchait n'importe quoi. Et il a trouvé une sorte de père de substitution en Trump », a déclaré à CNN Ron Lowy, l'avocat de la famille.

«Il n’a pas agi comme un individu normal», a déclaré Lowy, ajoutant que Sayoc pensait et vivait comme un adolescent. "Il ressemblait à un adolescent de 14 ans perdu dans le corps d’un adulte ...".

L'avocat a déclaré que Sayoc vivait parfois dans sa camionnette. Au centre commercial situé à quelques kilomètres de l’appartement de sa mère, son fourgon a été vu à la fin de l’année dernière avec des autocollants de droite qui recouvraient les fenêtres et qui ont fini par attirer l’attention.

"Il était là depuis longtemps, un mois, peut-être deux", a déclaré Wilfred Ayala, ingénieur au centre commercial.

Les entretiens suggèrent qu’il avait du mal à gagner sa vie. Il n'arrivait pas à conjuguer ses jobs dans deux entreprises, une entreprise de nettoyage à sec et une entreprise de restauration et s'était déclaré en faillite en 2001. Ensuite, il avait opté pour la promotion d'une revue masculine sur une page Facebook intitulée «Chippen Fellas» et vendait des costumes de la marque Trump et d'autres vêtements en ligne à des prix très avantageux.  Enregistré comme républicain sur les listes électorales, il prenait régulièrement pour cible des personnalités démocrates sur les réseaux sociaux. 

Pendant environ un an jusqu'à janvier 2018, il a effectué des livraisons pour New River Pizza et Fresh Kitchen à Fort Lauderdale. Le directeur général a remarqué deux choses à son sujet : il était incroyablement fiable et travailleur ; et c'était un raciste «complètement fou».

"Il avait des opinions politiques qui divisaient, c'était effrayant", a déclaré Debra Gureghian au Daily Beast. "Il était anti-gay, anti-noir, anti-juif." « Il n'a jamais dit qu'il voulait les tuer, les assassiner ou leur lancer une bombe, il disait juste "si ça ne tenait qu'à moi, les gays, les Noirs et les juifs ne survivraient pas" ».

Gureghian, qui a affirmé que Sayoc avait l'habitude de lui dire qu'elle irait en enfer parce qu'elle était lesbienne, a déclaré que même si le livreur était souvent coléreux, il ne semblait pas dangereux.

"J'entends des choses comme :" Pourquoi ne l'as-tu pas viré? " Dit-elle. "Mais je n'ai jamais pensé qu'il me ferait mal."

Et ses clients "l'aimaient", raconte-t-elle. «Il était toujours fiable, jamais en retard. Je veux dire, c'était un excellent employé. J'aimerais en avoir plus comme lui."

Au moment où Sayoc a commencé à travailler à New River, il avait accumulé de nombreuses arrestations, à commencer par un emprisonnement en 1991 dû à un vol. Les archives publiques montrent qu’au fil des ans, il a également été accusé d’avoir falsifié son âge sur son permis de conduire (apparemment pour paraître plus jeune), il a conduit avec un permis suspendu et il a possédé des stéroïdes anabolisants.

En 2002, il avait été arrêté pour avoir menacé à la bombe une compagnie d'électricité. L'avocat de la famille a déclaré qu'il avait été mis en probation pour avoir déclaré qu'il pouvait "faire sauter" le service public après la coupure de courant subi mais qu'il n'avait jamais eu l'intention de faire sauter qui que ce soit.

Seize ans plus tard, selon les autorités, la menace était bien réelle. Les dispositifs envoyés aux membres du Congrès, Maxine Waters, Cory Booker et Kamala Harris, bien qu’ils soient grossièrement fabriqués, ne sont pas des canulars, ont souligné les responsables.

Au club Ultra, à West Palm Beach, Meigs se demande si Sayoc aurait pu construire ces appareils sous le nez des danseurs de pole dance et des badauds. Il transportait deux gros sacs  qu'il posait sur le stand du DJ et oubliait souvent de changer de musique.

«Il faisait la navette quand il travaillait. Il revenait toutes les 15 minutes », a déclaré Meigs. « Il préparait quelque chose. "

La directrice d’Ultra, Stacy Saccal, a déclaré qu’elle était stupéfaite par l’arrestation de Sayoc.

«C'était un gars super gentil», dit-elle. «Les clients l'aimaient. Il faisait des blagues et des farces aux gens. Il nous faisait rire tout le temps. "

 Dans des tweets souvent décousus et mal orthographiés, accompagnés de nombreux retweets de photomontages rudimentaires, Cesar Sayoc appelait ces derniers jours à voter républicain le 6 novembre, lors des élections parlementaires qui seront déterminantes pour la suite du mandat de Donald Trump. 

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Sources :
- Michele Eve Sandberg, Catherine Triomphe, Agence France-Presse Colis suspects: Cesar Sayoc inculpé de cinq chefs d'accusation,  26 octobre 2018 
- Adam Weinstein, Tracy Connor, Atena Sherry, Inside Accused Bomber Cesar Sayoc’s World: Steroids, Strip Clubs and Sick Views, 10.26.18

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