Le 13 décembre 1877 à Caluire-et-Cuire dans la Drôme naît le petit Edmond Locard.
Ce tout nouveau né ne sait pas encore qu'il va devenir celui qui installera le premier laboratoire de police scientifique au monde !
Non, les premières années de sa vie, le jeune Edmond passe des bras de son père, Étienne Alexandre, dit "Arnould", naturaliste et géologue, descendant d'une veille famille écossaise (Les Lockards, vers le 16ème siècle) à ceux de sa mère, Marie Gibert de Sennevières, une fille de petite bourgeoisie passionnée de musique et d'arts. En fait, en terme d'ascendance, le jeune Locard peut compter sur son grand-père paternel, Pierre Louis, ingénieur en chef du chemin de fer de la ligne Saint-Etienne-Lyon, et Claude de Noël de Buchères, un commandant des gardes Lorraines.
Edmond Locard a à peine trois semaines quand il est emmené pour être élevé à Allevard-les-Bains, en Isère, jusqu'à ce que sa jeune sœur naisse. La famille part ensuite pour Lyon et s'installe quai de la charité.
Dès son plus jeune âge, Edmond Locard se montre un élève brillant et gagne quatre prix. Il étudie à la pension Blanchoux puis au collège des dominicains de Oullins, proche commune de Lyon où il s'intéresse aux langues anciennes. A 17 ans, il passe brillamment son bac avec une mention au passage en lettres et sciences. Mais le plus fantastique n'est pas là. C'est surtout qu'il parle 11 langues, dont le Sanskrit !
Fort de son diplôme, il s'embarque alors pour des études en droit avant de se tourner vers la médecine sur les conseils de son père. Il a dans un premier temps pour professeur, Louis Léopold Ollier, le spécialiste de la chirurgie osseuse, puis Alexandre Lacassagne, professeur titulaire de la chaire de médecine, à Lyon.
En 1902, il soutient sa thèse intitulée "Médecine Légale sous le grand Roy" sur les crimes, les empoisonnements, la prostitution, l'inversion sexuelle notamment. Il s'attache à démontrer l'importance du rôle du médecin et se donne pour mission de réhabiliter les gens accusés à tort.
Il est fait Docteur en médecine, et ne quittant pas son professeur, il l'assiste en prenant le poste de secrétaire externe puis de préparateur et profite de son temps libre pour travailler avec les pionniers de la police scientifique. Il fait de nombreux stages, au service judiciaire de la préfecture de police de Paris que dirige Alphonse Bertillon ainsi qu'à l'étranger. Au VI congrès il rencontre Cesare Lombroso, professeur de médecine légale et fondateur de l'école italienne de criminologie qui pensait à l'époque que l'on pouvait démasquer un criminel grâce à la physionomie de son visage.
En 1905, il obtient sa licence en droit et introduit la dactyloscopie (l'étude des empreintes digitales) pour compléter les méthodes en anthropométrie judiciaire (taille, hauteur du buste, masse du corps,...) d'Alphonse Bertillon.
Cinq ans plus tard, il créé le premier laboratoire de police dans les combles du palais de justice St-Jean de Lyon avec la balistique, la toxicologie, la graphologie et met en place le principe d'échange toujours d'actualité aujourd'hui "Le principe de Locard" ( quand deux corps entrent en contact l'un avec l'autre, il y a nécessairement un transfert entre eux). Pour l'assister, il aura avec lui un garde-champêtre ainsi qu'un gardien de la paix. « Je vois, dans mon laboratoire, c’est-à-dire dans les combles d’un Palais de Justice, le plus laid et le plus triste du monde, défiler toutes les turpitudes et toutes les souffrances. Je reçois quelques jolies femmes, et d’autres qui le sont moins ; toutes sortes d’hommes, des fous, des demi-fous, des criminels et des victimes ».
Il publie son premier ouvrage, en 1909, intitulé "L'identification des récidivistes". Parallèlement à cela, passionné de musique comme sa mère, il contribue à la Revue musicale de Léon Vallas et devient même critique musical dans les colonnes du Lyon Républicain.
Dans son laboratoire, il met au point une technique qui va venir compléter la dactyloscopie, la proscopie qui sera l'observation des pores de la peau. Il s'intéressera également à l'analyse des différents grains de poussière qui peuvent être relevés sur les vêtements des suspects.
En 1914, la Première Guerre mondiale éclate. Edmond Locard est mobilisé et il intègre le service du chiffrement (service mis en place afin de décoder les messages secrets de l'ennemi).
En 1918, quand la guerre prend fin, il s'embarque pour les États-Unis avec son ami Justin Godart (futur maire de Lyon) dans le cadre d'une mission diplomatique, et en ramène un journal de voyage dans lequel il note combien il trouve les femmes américaines intelligentes par rapport à leurs homologues masculins "“dix fois plus intelligentes que les hommes et cent fois plus instruites que leurs maris qui font des affaires".
L'année suivante, il est reçu à l'Académie des Sciences des belles lettres et des arts de Lyon et y expose son principe de l'échange.
En 1920, il publie son second ouvrage, "L'enquête criminelle et les méthodes scientifiques" et inaugure en 1921, le musée des techniques policières qui se loge dans les greniers de l'école de St-Cyr-au-mont-d'or.
Il intervient comme expert en écriture dans la célèbre affaire du Corbeau de Tulle, ce qui le rend célèbre. L'affaire se déroule de 1917 à 1922 et voit les habitants de la ville de Tulle en proie à une vague de lettres anonymes signées par "L’œil de tigre" qui dénoncent les faits et gestes de chacun. L'affaire entraine un grand nombre de suicides. Locard remarque dans les lettres un grand nombre de lapsus, ce qui le fait convoquer au tribunal huit femmes. Il leur fait rédiger une dictée collective et son étude de leur écriture amènera à la condamnation d'Angèle Laval.
Si cette affaire le rend célèbre, une autre affaire entachera sa carrière. En effet, en 1945, une femme sera condamnée aux travaux forcés après qu'il ait accepté comme valide une lettre anonyme. Il reconnaitra son erreur en 1956. Cela aura pour conséquence son abandon de la pratique de la graphométrie, devenue bien trop incertaine à ses yeux.
En 1923, il publie le Manuel de Technique policière et six ans plus tard, co-fonde l'Académie Internationale de Criminalistique. Il devient également rédacteur en chef, puis directeur de la Revue Internationale de Criminalistique jusqu'en 1938.
En 1931, il poursuit la parution de ses livres avec l'édition des tomes 1 et 2 de son traité de criminalistique qui compteront au final 7 volumes traduits dans le monde entier.
Deux ans plus tard, il publie les "Contes Apaches" sur les bandes organisées ainsi que sur les crimes commis par les bourgeois.
En 1934, il crée le Diplôme d’Études supérieur de criminalistique et enseigne dans les années 40 à l'école Nationale Supérieure de la police de St-Cyr-du-mont-d'or.
En 1951, à 73 ans Edmond Locard prend sa retraite. Il quitte son laboratoire et ouvre un cabinet privé en expertises dans la rue Mercière de Lyon. Il crée également la revue Androclès dont il devient le rédacteur en chef.
Le 4 mai 1966, Edmond Locard décède.
Il aura travaillé sur plus de 10 000 enquêtes et aura examiné 10 742 expertises de lettres anonymes.
Parmi les autres centres d'intérêt d'Edmond Locard, nous noterons qu'il était un assidu supporter de l’École Lyonnaise de peinture, qu'il a collaboré à la Revue de la Société Lyonnaise des Beaux-arts, qu'il a écrit un "Manuel du philatéliste", devenu depuis un ouvrage de référence parmi les collectionneurs, qu'il fut désigné président de L'académie du Merle blanc où des personnalités lyonnaises se réunissaient chaque vendredi pour y parler musique, art, qu'il publia dans de nombreux périodiques, qu'il succéda à son ami, Justin Godard, comme second président des Amis de Guignol...
A ce jour, ses méthodes perdurent dans les six laboratoires de police scientifique qui composent L'institut National de la Police Scientifique.
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Ses livres :
Les Crimes de sang et les crimes | Confidences | Journal de guerre aux |
La police scientifique | Souvenirs d'un policier |
Autres livres :
Edmond Locard, le Sherlock Holmes français | La fabuleuse histoire |
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