André-Michel Guerry, l'un des pionniers de la criminologie scientifique et de la psychosociologie moderne est né le 24 décembre 1802 à Tours. On lui doit notamment les cartographies thématiques régionales concernant les crimes sur les personnes, contre les propriétés, les suicides, notamment.
André-Michel est le fils d'un promoteur immobilier ancien administrateur du Relais des Postes de la Roue à Neuillé-Pont-Pierre, Michel et de Catherine-Thérèse Bouquin, fille de jardinier, âgés tous deux de 41 ans.
La famille habitait la rue Étienne de Tours, jusqu'en 1816.

André-Michel Guerry sera fils unique. Il fréquentera le collège communal où il se montre sérieux et déjà passionné par ce qui deviendra les statistiques. Il aime à l'école comparer les choses entre elles, ce qu'il fera plus tard concrètement en établissant ses cartes.
Plus tard, il étudie le droit à la faculté de Poitiers, puis s'installe à Paris où il intègre le barreau en tant qu'avocat royal en 1825. 
La même année, Jacques Guerry-Champneuf, (son presque homonyme) un magistrat directeur des criminalités et des grâces, lance sous le couvert du Ministère de la Justice des statistiques sur les affaires criminelles. Le document est trimestriel et recense tous les procès criminels ayant eu lieu dans chaque département.

Pour chaque criminel, on y trouve :
- Le sexe
- L'âge
- Le métier
- La nature du crime

En 1827, André-Michel Guerry s'occupe, lui, des crimes ayant eu lieu dans Paris.
Ce travail le passionne et il abandonne son métier d'avocat pour s'y consacrer pleinement. Il a l'idée de combiner ces données avec les comportements moraux et sociaux du pays.
En 1829, il publie un premier mémoire : "sur les variations météorologiques comparées aux phénomènes physiologiques", en collaboration avec géographe italien Balbi. Dedans, il examine les relations entre le temps, les phénomènes saisonniers et les admissions dans les hôpitaux et la mortalité dus aux infections.
Il reproduit pour cela une série de 26 cartes et de graphiques.
La même année, il publie toujours avec Balbi "Statistique comparée de l’état de l'instruction et du nombre des crimes dans les divers arrondissements des cours royales, et des académies universitaires de France", sur six grandes cartes où les départements sont plus ou moins sombres en fonction du nombre de crimes.

 

Par ce biais, il démontre que le nombre de crimes contre les biens était partout inversement proportionnel au nombre de crimes contre les personnes, avec une augmentation en zone urbaine.
Il a également démontré à l'époque qu'il n'existait probablement pas de relation précise entre les crimes et le niveau d'instruction.
André-Michel Guéry va démontrer par ses travaux que l'action humaine dans le crime et notamment dans les vols constatés est plus particulièrement présents dans les régions riches que les régions pauvres.
Pour lui, cela signifie que c'est la tentation qui oriente le vol et non le besoin de voler.  
 

Il lui faudra attendre 1832 pour que sa renommée soit mondiale avec la parution d' "Essai sur la statistique morale de la France". On y trouve des cartes topographiques par région et département montrant outre les crimes, le nombre de suicides, le niveau d'éducation, le nombre d'enfants nés hors mariage, l'importance des dons faits aux œuvres.
La démarche scientifique plaît et il sera couronné par le prestigieux prix Montyon des Statistiques. Son travail fera le tour de l'Europe, et notamment en Angleterre et il intègrera la "Commission des casiers judiciaires d'Angleterre".
John Edgar Hoover s'en servira près d'un siècle plus tard au début du bureau du FBI, pour établir les premières statistiques du Federal Bureau of Investigation.

Dans la foulée, il est élu membre de l'Académie des Sciences morales et politiques en 1844.
En 1864, il publie "Statistique Morale de l’Angleterre comparée avec la Statistique Morale de la France", qui comprend 17 planches sur les différents types de criminalité (crime, viol, vol, incendies, etc.)
On y trouve une tendance sur les 30 dernières années dans les deux pays.
Pour élaborer cela, le criminologue aura réuni rien de moins que :
- 226 000 cas de crimes individuels
- 85 564 dossiers de suicides
- 5 548 bulletins
Placés bout à bout, ces dossiers cumulent 1km169.
Ce recueil in-folio lui permet de remporter une deuxième fois le prix Montyon.
Ses travaux sont présentés devant les 2500 membres que compte la société BAAS.
Pour continuer ses travaux et les mettre à jour, il inventera une machine qu'il appellera l'ordonnateur statistique.

Le scientifique criminologue est victime deux ans plus tard, en 1866, d'une attaque d'apoplexie alors qu'il consultait les archives de Paris. Il s'en remet provisoirement avant de décéder quelques semaines plus tard. 

Sans enfants, son héritage est allé à ses cousins à qui il a légué ses manuscrits et sa machine.

Sources :
- UN TOURANGEAU TROP DISCRET : André - Michel GUERRY, Michael Friendly (Université York de Toronto), 2007
- Guerry (André-Michel), membre correspondant de l'Institut de France (Académie des sciences morales et politiques) / [discours de A. Maury] ; [notices de MM. H. Diard et E. Vinet], 1867
 

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Ses essais
à télécharger sur la BNF
 

Essai sur la statistique morale de la France

Statistique comparée sur les crimes

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