Comment ai-je pu ne rien voir ?
C’est la question que Kerri Rawson se pose le plus souvent depuis que son père s'est révélé être l’un des tueurs en série les plus notoires du pays.
Comment n’aurait-elle pas pu voir que son père, Dennis Rader, était «BTK» - (un acronyme pour signifier lier, torturer, tuer : bind, torture, kill) - un meurtrier qui a arpenté les rues de Wichita, au Kansas, durant les années 1970 aux années 1990 ?
Dennis Rader avait gardé des souvenirs de ses crimes chez lui. Sa famille pouvait tomber dessus. Cachée à l'intérieur d'un livre, se trouvait par exemple une carte de visite avec la méthodologie de son prochain meurtre griffonnée au dos ; cachés dans une remise de son arrière-cour se trouvait des sous-vêtements volés à ses victimes.
Kerri Rawson le dit, elle n’avait pas l’habitude de fouiller dans les affaires de son père. Et puis, les plus proches ont souvent un côté que l'on ne connaît pas.
«J’ai toujours dit que Dennis Rader était mon père à 95%, mais que 5% appartenait à un inconnu. Je ne connaissais pas cet homme. Je ne l'ai jamais rencontré », a écrit Kerri Rawson. "Je n'ai toujours pas pleinement compris qui est mon père au fond."
Sa tentative s'est accompagnée d’un livre intitulé «La fille d’un tueur en série: mon histoire de foi, d’amour et de victoire» ( A Serial Killer’s Daughter: My Story of Faith, Love, and Overcoming) (Nelson Books).
Cela commence le 25 février 2005, avec l’arrivée d’un agent du FBI à la porte de la maison de Kerri Rawson. Sa première pensée fut qu'il venait pour elle par ce qu’elle avait accidentellement téléchargé quelque chose d'illégal. Au lieu de cela, il venait pour son père.
La révélation a fait tomber Kerri, alors âgée de 26 ans, dans un trou noir de déni, de dépression et de colère.
En apprenant que son père menait une double vie en tant qu’homme et qu'il avait assassiné 10 hommes, femmes et enfants, elle a été obligée à se replonger dans le passé et de tout remettre en question à propos de cet homme qu’elle pensait connaître.
Petite fille, Kerri Rawson se souvient de son père qui portait un sac de bowling bordeaux à rayures blanches. Était-ce le même que celui dans lequel il avait emporté un «kit de mort» pour pénétrer dans la maison de Marine Hedge et l’étrangler en 1985 ?
La radio à transistor installée au chevet de son père depuis des années est-elle la même qu’il aurait apparemment volé chez les Otero, maison dans laquelle il aurait massacré quatre membres de la famille en 1974 ?
Dennis Rader avait emmené sa fille voir le film «Seven» en 1996. Essayait-il de lui dire quelque chose, se demande-t-elle ?
Comme la plupart des tueurs en série, Dennis Rader semblait être un homme ordinaire. Il fréquentait l'église, élevait une famille et collectionnait des timbres.
Dennis Rader, dit BTK est né en 1945 et a grandi au Kansas. Il a épousé Paula Dietz en 1971 et a eu deux enfants, son fils Brian en 1975 et Kerri en 1978.
Dennis Rader a tué ses premières victimes en janvier 1974, avant la naissance de sa fille. Il s'est introduit de force dans la maison des Otero, puis a ligoté et assassiné les parents et les deux enfants. Quelques mois plus tard, il s'est caché dans le placard de Kathryn Bright, âgée de 21 ans, et en est sortie quand elle est rentrée à la maison. Il l'a ligotée et poignardée à mort.
Il a tué cinq autres fois entre 1977 et 1991.
Dennis Rader s'est nourri de la publicité générée par les crimes et, au fil des décennies, il a envoyé des lettres aux médias et laissé des indices dans des lieux publics, notamment une description détaillée des meurtres d'Otero dans un livre de la bibliothèque municipale.
En 2004, la couverture du premier meurtre par BTK faite à l'occasion du 30e anniversaire de celui-ci par un quotidien local a incité Rader à reprendre la parole. Ce fut sa perte.
En février 2005, il a envoyé un cd à une chaîne de télévision. Les métadonnées analysées par la police indiquaient que celui-ci appartenait à Dennis Rader. Les autorités l'ont alors rapidement arrêté.
Kerri Rawson a d'abord pensé qu'il y avait eu une erreur. Peut-être que son père essayait de résoudre l'affaire BTK et s'était fait arrêté pour des informations qu'il détenait.
Elle chercha sur Google davantage d'infos sur les meurtres et «à chaque clic, et article de presse, je tombai dans un abîme de désespoir et de terreur», écrit-elle.
Kim Rawson se souvient d'une nuit de 1985 à l'âge de 6 ans.
«J'étais effrayé. Le tonnerre secouait notre maison - j'avais l'impression que la maison tremblait. J'ai rampé dans le lit de ma mère. Papa n'était pas à la maison. J'ai dormi sur son côté du lit. C'est ce que je faisais parfois quand il était parti. Je ne me souviens de cette nuit que parce que notre voisine a disparu."
Cette voisine était l’une des victimes de son père...
Elle a découvert deux portraits robots en 1974 qui ressemblaient vaguement à son père. Et puis, il y a eu un appel au 911 que le tueur avait donné en 1977 après avoir étranglé Nancy Fox.
"J'ai reconnu la voix de mon père - plus jeune, mais c'était lui", écrit-elle. «Tout ce que je connaissais, aimais, croyais était en train de s'écrouler autour de moi. Toute ma vie était un mensonge - et ce depuis avant ma naissance. "
L'affaire de l'arrestation de BTK a attiré une attention massive des médias, et les journalistes - ainsi que Oprah Winfrey et Larry King - ont commencé à harceler Kerri Rawson pour une interview.
Elle et sa famille ont alors refusé de parler.
Kerri Rawson, mariée et vivant dans le Michigan, travaillait comme enseignante suppléante et ne restait jamais suffisamment longtemps dans une école pour avoir le temps d'établir des liens étroits.
Même si elle est restée un peu anonyme, son identité a néanmoins changé.
"Je suis la fille de BTK", écrit-elle. "Ce n'est plus simplement Kerri ".
Au départ, Rawson, sa mère et son frère sont restés en contact avec Dennis Rader, lui écrivant des lettres en prison. Ils le pressèrent d'ailleurs de plaider coupable et ont tenté de comprendre quel genre de monstre vivait en lui.
"Nous t'aimons encore. Nous aimons le mari, le père et l'homme que nous connaissons de tout notre cœur », lui a écrit Kerri Rawson le 12 mars 2005.« Nous comprenons qu'il y a quelque chose qui cloche sérieusement et profondément en toi."
Rader en retour n'a pas offert de réponse à sa fille.
«J'ai de graves problèmes et j'ai besoin d'aide pour les résoudre. Vous, vous avez besoin de prier et de réfléchir à ce sujet », lui a-t-il répondu en mars 2005.
Par la suite, son père a continué à envoyer des lettres, mais elles sont toutes terriblement banales.
Dennis Rader a plaidé coupable et a été condamné à 10 peines de réclusion à perpétuité en 2005. Kerri Rawson, craignant le cirque médiatique, n'a pas assisté aux audiences. Sa mère a rapidement obtenu le divorce et la maison où Rawson avait grandi et où Rader avait planifié les meurtres et stocké ses souvenirs a été vendue et finalement démolie.
Kerri Rawson et sa famille sont restés déchirés, abasourdis par la montagne de preuves contre Rader, mais ont toujours gardé le souvenir de l'homme qu'ils avaient connu.
Rawson et sa famille ont été particulièrement blessés lorsque, au cours d’une des apparences décousues devant le tribunal de Dennis Rader, celui-ci avait minimisé l'importance sociale de sa famille dans sa vie.
La légèreté de celui-ci a finit par amener Rawson à rompre le contact avec son père. Elle a fait le tour de ses albums de photos et a mis chaque photo où il figurait dans un sac poubelle qu'elle a recouvert de litière pour chat avant de le jeter.
Après l’arrestation de son père, Kerri Rawson a souffert de paranoïa, de terreurs nocturnes et de dépression. Elle a commencé à voir un thérapeute en 2007 et a finalement résolu ses problèmes.
Puis en 2012, alors qu'elle rentrait chez elle au volant de sa voiture, «le pardon envers mon père m'a submergé de façon inattendue alors que j'étais à un feu rouge», écrit-elle.
Elle est rentrée à la maison et s’est assise à son bureau et a écrit la première lettre à son père depuis cinq ans, rétablissant le contact (même si elle ne lui a toujours pas rendu visite).
"Mon passé est mon passé ; ça ne peut pas être changé - Papa a assassiné 10 personnes et dévasté d'innombrables vies », écrit-elle dans son livre. «Pourtant, les jours où je ne suis pas aux prises avec des vérités dures et terribles, je vais vous dire : j’aime mon père, celui que je connaissais principalement. Il me manque."
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