L'ADN est considéré comme une preuve fiable dans le cadre des enquêtes judiciaires. Mais c'est bien à cause de son génome que Kathleen Folbigg, une Australienne considérée pendant longtemps comme "la pire tueuse en série" du pays, a été inculpée à tort de meurtre. Finalement, cette dernière, qui avait toujours clamé son innocence, a été libérée de prison après 20 ans à cause d'une erreur judiciaire... et scientifique.
Une mutation ADN rare
En 2003, Kathleen Folbigg a été reconnue coupable du meurtre de ses quatre enfants (âgés de 18 mois, 10 mois, 8 mois et 19 jours) qu'elle a mis au monde sur une période de 10 ans. La mère de famille a été accusée de les avoir étouffés, bien qu'il n'y avait pas de preuves, mais seulement des notes dans son journal où elle confiait sa "culpabilité" qui la "hante".
Condamnée à 40 ans de réclusion criminelle, les scientifiques pensent aujourd'hui qu'elle souffrait en réalité d'une mutation génétique extrêmement rare, touchant une personne sur 35 millions, qui a causé la mort de ses enfants, rapporte la revue Nature.
Les débuts du séquençage de l'ADN, à la fin des années 90 restant très coûteux, aucune recherche génétique n'avait été faite sur les enfants décédés. C'est seulement une quinzaine d'années plus tard, lorsque la technologie est devenue plus avancée, que des recherches ont été menées. Un conseil scientifique international a alors finalement établi que ses enfants étaient morts de cause naturelle.
Kathleen Folbigg est en effet porteuse d'une rarissime mutation de la calmoduline, protéine essentielle à la vie car elle contrôle la concentration de calcium dans les cellules du corps humain, et aide à réguler les contractions du cœur. Une légère altération du gène peut provoquer des battements cardiaques irréguliers et entraîner une mort subite. Cette mutation est particulièrement fatale chez les enfants.
Des recherches génétiques menées en 2020 sur l'ADN de ses deux filles ont fini par apporter les preuves de l'innocence de Kathleen Folbigg. Quant à l'un de ses fils, il souffrait d'un trouble neurogénétique tout aussi fatal. C'est une pétition lancée en 2021 par 90 scientifiques qui a permis d'attirer l'attention de la justice.
Ce 5 juin 2023, Kathleen Folbigg a été graciée par le gouvernement. "Aujourd'hui, c'est une victoire pour la science et surtout pour la vérité", a-t-elle déclaré à sa sortie de prison.
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