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Les tueuses en série aux États-Unis, que peut-on en dire ?

 

Peu de littérature de recherche est consacrée aux tueuses en série et surtout sur la distinction entre celles qui agissent seules ou en partenariat.
Heather Silvio et ali. dans leur article "Theoretical consideration of female sexual predator serial killers in the United States" (2006) se sont intéressé notamment à ce phénomène. 

Les théories proposées pour expliquer le comportement des tueuses en série qui agissent en duo ne diffèrent guère de la composante habituelle du tueur en série masculin avec :  les troubles psychotiques partagés, des lésions post-traumatiques dans l'enfance (enfant battue, enfant sexuellement agressée). Seule la composante du syndrome de Stockholm (identification à son agresseur dans un but de manifestation inconsciente de survie)  diffère et peut apporter un début d'explication dans certains cas de tueurs en duo.

Le pourcentage des femmes tueuses en série représente environ 17% contre 83% pour les hommes, mesure effectuée sur les tueurs en série américains répertoriés entre 1825 et 1995  (Hickey, 2002). 28% d'entre eux ont eu un ou plusieurs partenaires. Entre 1875 et 1995, on compte 47 duos dont 17 étaient mixtes.
Parmi les 62 tueuses en série ayant sévi entre 1825 et 1995, 68% d'entre elles ont agi seules et 32% avaient un ou une partenaire.

 

Carol Bundy et douglas clark psycho-criminologie.com
Carol Bundy et douglas clark

 Typologie des tueuses en série

Parmi ces femmes, de nouvelles catégories ont vu le jour en dehors du la tueuse en solitaire et la tueuse en partenariat. On compte notamment la naissance de : la veuve noire, de l'ange de la mort, de la tueuse par vengeance, tueuse par profit, puis la prédation sexuelle en équipe.
Dans la majorité des cas, les tueuses en série agissant seules sont souvent matures, prudentes, volontaires, socialement adaptées et organisées. Elles attaquent leur(s) victime(s) généralement chez elle(s) ou sur leur lieu de travail, ont tendance à privilégier une arme en particulier (le poison, l'injection, la suffocation).
Les tueuses en série agissant en duo sont généralement plus jeunes que celles qui tuent seules et se montrent agressives, plus vicieuses dans leur attaque, parfois se montrent désorganisées et généralement incapables de planifier les meurtres avec soin. Elles attaquent leurs victimes dans des endroits divers et utilisent des armes à feu, des couteaux, et peuvent aller jusqu'à des actes de torture. Certaines deviennent tueuses en série en suivant leur compagnon dans leurs méfaits sexuels.
Ces équipes se présentent sous trois formes :
- Duo Homme/Femme
- Duo Femme/Femme
- Clan familial

Le duo homme/femme est le plus courant et les crimes sont en général de nature sexuelle. La moyenne de durée de ce type de duo est d'un an et la femme est plutôt jeune.
Le duo femme/femme est plus actif et dure plus longtemps avec une moyenne de deux ans. Les deux femmes sont plus âgées avec une moyenne à la trentaine.
Dans le clan familial, les meurtres sont sporadiques sur une durée qui n'excède pas plus d'un an. Là aussi, les tueuses sont plutôt jeunes.
Dans ces trois types de duos, on peut compter environ de 9 à 15 victimes.

Une tueuse en série prédatrice sexuelle agissant seule est une rareté. Il n'y a eu qu'un cas vraiment documenté et c'est celui d'Aileen Wuormos.

Dans le cas des duos on retrouve souvent un trouble psychotique partagé ou induit, un trouble délirant ou une folie à deux, (le second individu développe une illusion de contenu similaire à celui qui possède le trouble établi - American Psychiatric Association, 2000; Wehmeier, Barth et Remschmidt, 2003).

Parmi les troubles qui peuvent expliquer le passage à l'acte de la tueuse en série, on trouve :

Le Syndrome de Stockholm

Dans les années 1970, Jan Erik Olsson fait une tentative de vol dans une agence bancaire de Stockholm où se trouve une dizaine d'employés. Quand la police intervient, il retient les otages durant six jours. Au fil des jours, un lien se créer entre le preneur d'otages et ses victimes. Ce phénomène est surnommé alors le "Syndrome de Stokholm".
Depuis lors, ce syndrome est mis en avant dans les cas où des otages développent des sentiments de type positif envers leurs ravisseurs et vice-versa (Kuleshnyk, 1984).

Le Syndrome Post-Traumatique

Des évènements traumatisants comme un enlèvement peuvent créer un stress post-traumatique. Il devient chronique quand de nouvelles expériences persistantes en rapport ou non avec l'évènement produisent angoisse, trouble anxieux, phobie, colère, évitement, insomnie, cauchemar, stress, dépression, etc., entraînant une réponse exagérée et durable dans le temps.

Le syndrome de la femme battue

Ce syndrome définit une constellation de symptômes communs aux femmes ayant eu ou qui sont dans des relations abusives avec une autre personne, généralement un homme. Certaines caractéristiques communes chez les femmes battues comprennent une faible estime de soi, l'acceptation de sa responsabilité dans les agressions à son égard, l'omniscience du partenaire  (Walker, 1979). 

Gwendolyn Graham et Catherine May Wood-psycho-criminologie.com
Gwendolyn Graham et Catherine May Wood

 

Exemple de typologie de tueuse en série :

Aileen  Wuormos - Tueuse en solitaire, prédatrice sexuelle
Gerald Gallego et Charlene Gallego - avec partenaire hétérosexuel
Gwendolyn Graham et Catherine May Wood - avec partenaire homosexuelle

 

Aileen Wuormos "l'assassin solitaire"

Née en 1956 d'une mère célibataire, Aileen grandi avec son frère et ses grands-parents maternels. Son père est un schizophrène, pédophile reconnu. Ses grands-parents sont alcooliques et son grand-père l'oblige souvent à se mettre nue avant de la battre. A l'âge de 12 ans, elle offre ses faveurs sexuelles à ses camarades d'école en contrepartie de cigarettes, de drogues et de nourriture. A 13 ans, le grand-père d'une amie la viole et la met enceinte. Aileen donne naissance à un enfant qu'elle abandonne à l'adoption. A partir de ce moment, elle abandonne l'école et se prostitue. A l'âge de 20 ans, ses grands-parents et son frère meurent. En 1986, elle rencontre Tyria Moore, qui va devenir sa maitresse et avec qui elle restera jusqu'à son arrestation.
A 33 ans, elle commence à commettre les meurtres et tue sept hommes entre 1989 et 1990. Elle a été rangée dans la catégorie "Prédatrice sexuelle" pour avoir offert ses faveurs à certaines de ses victimes et parce que certaines de ses victimes avaient été retrouvées nue.
Aileen Wuormos a volé de l'argent, des effets personnels, les voitures des hommes qu'elle a tués.
Au cours de son procès, elle a prétendu que les meurtres étaient de la légitime défense avant de changer d'avis et d'admettre qu'il n'en était finalement rien. Elle a été exécutée en 2002.

 

Gerald et Charlene Gallego "Le partenariat femme/homme"

Charlene est née en 1956. C'est la fille unique de parents riches qu'elle adore. Elle est respectueuse, obéissante et bonne élève. Enfant, elle voyage avec son père qui se déplace souvent pour affaires. Pendant son adolescence, elle expérimente les drogues et a peu d'amies. A 20 ans, elle est en décrochage scolaire et devient toxicomane. Elle se marie et divorce deux fois et tente de se suicider quand son histoire avec un homme marié se termine.
Gerald Gallego est lui, né d'une mère prostituée qui le battait et abusait de lui. Elle permettait également à ses clients de battre l'enfant et d'en abuser. Maltraité, il a souvent été laissé affamé et sale par une mère dont il ne souhaitait qu'amour et intention. A 9 ans, il rencontre son père, un meurtrier de deux policiers condamné à la prison à vie.  Il a 32 ans quand son histoire avec Charlene débute.
Gerald et Charlene déménagent ensemble. Il lui dit quels vêtements porter, et commence à la battre. Elle partage ses fantasmes sexuels et dans l'année qui suit, il lui demande de recruter des esclaves sexuelles. De 1979 à 1980, ils ont 34 ans pour lui et 23 ans pour elle. Ils assassinent et violent 10 jeunes filles. 

Gwendolyn Graham et Catherine May Wood - "le partenariat femme/femme"

Catherine M. Wood est l'aînée de trois enfants. Son père est alcoolique et la bat, sa mère est froide  à son égard. A 16 ans, elle se marie et obtient quelques années plus tard un emploi comme aide infirmière. Elle est timide, mais se met à boire et devient physiquement violente avec le personnel de la clinique et les patients. Elle finit par divorcer suite à ses nombreuses liaisons homosexuelles.
Gwendolyn Graham est également l'aînée de trois enfants. Elle a connu très tôt de sévères abus physiques et sexuels de la part de ses parents. A l'adolescence, elle s'automutile en se brûlant avec des cigarettes pour apaiser ses tensions internes. A 17 ans, elle emménage chez sa maîtresse et commence à travailler à la même clinique que Catherine Wood avec qui elle entame une liaison.
Elles ont toutes deux dans les vingt-cinq ans et vont tuer en étouffant cinq victimes entre janvier et avril 1987. Les meurtres leur servent de stimulant sexuel. Gwen finit par la quitter et emménager avec une nouvelle amoureuse provoquant l’ire de Catherine qui avoue à son ex-mari les meurtres.
Interrogée par la police, Catherine va tout reporter sur Gwen. Toutes deux ont été condamnées à la prison à vie.

Aileen Wuormos

 

Le cas d'Aileen Wuormos a modifié ce que l'on pensait jusqu'ici des tueuses en série et a introduit la catégorie de prédatrice sexuelle jusqu'à là réservée aux hommes. Premièrement le degré de violence était en effet inédit (un autre exemple de violence est Joanne Dennehy, la tueuse en série anglaise) par rapport à ce que l'on connaissait jusqu'ici des tueuses en série. Deuxièmement, elle a travaillé comme prostituée et a présenté le versant sexuel comme leurre dans la plupart de ses meurtres. L'implication du sexe dans les meurtres est typique des prédateurs sexuels.
Malgré cela, on peut rejeter la catégorisation de la prédation sexuelle pure en raison du motif des meurtres. Aileen Wuormos était en effet en recherche d'argent et a volé les effets personnels de ses victimes. Il n'y a finalement aucune preuve de sexualité active faite avec les victimes. Seule demeure la vengeance et l'intensité de l'acte découlant des violences subies dans l'enfance, mais aussi plus tard dans sa vie de femme. Aileen, en effet, a été maltraité toute sa vie par les hommes.
Aileen Wuormos semble être cependant le seul cas classé comme tel et étudié dans cette catégorie aux États-Unis.

Le peu de littérature sur les tueuses en série s'explique d'une part par le fait qu'elles sont bien moins nombreuses que les hommes, et que la société en général considère les femmes moins dangereuses que ceux-ci. Or, on peut dire que leur façon de tuer est différente et bien moins visible. Elles sont cependant près de 37% quand il s'agit de meurtres d'enfants. Les mères et les belles-mères représentent, par exemple, près de la moitié des meurtres commis entre 1976 et 1997 (Greenfeld & Snell, 1999). 

Commettre un meurtre en tant que partenaire d'un homme devient alors le moyen pour la femme de commettre un acte violent à teneur sexuelle. Attrapée, elle dira le plus souvent que son comportement tient lieu de la soumission à son partenaire, à une maladie mentale, à un syndrome proche de celui de Stockholm, mais ne reconnaîtra que rarement son implication dans le schéma complet de la violence et de l'acte meurtrier. Le fait qu'une femme est considérée comme potentiellement moins dangereuse et qu'on ne veut pas la voir comme instrument de violence, l'explication de la soumission ou de la minimisation de l'acte est souvent admise par les autorités judiciaires dans la société.
D'autant qu'elles ont souvent des antécédents criminels bien moindres que ceux des hommes et à infraction équivalente, la peine moyenne aux États-Unis et le temps passé en prison sont plus courts, car la peine est le plus souvent déterminée non pas par le sexe, mais bien par les antécédents criminels et la gravité du crime (Daly, 1994).

En 1995, l'Unité des sciences du comportement du FBI, avait seulement une catégorie pour définir les crimes féminins : celui de la victime complaisante. Les agents d'alors concluaient que les femmes ne pouvaient participer à un meurtre que parce qu'elles avaient peur de leur partenaire, était soumise ou parce qu'elles étaient stupides (Pearson, 1997). Depuis, il est admis qu'une femme peut participer volontairement sans contrainte à un meurtre et même être à l'initiative de l'acte, manipuler son partenaire.
Malgré cela, on observe encore aujourd'hui que son rôle reste toujours minimisé à cause du stéréotype attaché à son genre.

 

 

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Références :
- American Psychiatric Association. (2000). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (4th ed.). Washington, DC: Author.
- Daly, K. (1994). Gender, crime, and punishment. New Haven, CT: Yale University Press
- Greenfeld, L. A., & Snell, T. L. (1999). Women offenders (Bureau of Justice Statistics Rpt. No. NJC 175688.). Washington, DC: U.S. Department of Justice.
- Hickey, E. W. (2002). Serial murderers and their victims (3rd ed.). Belmont, CA: Wadsworth/Thomson Learning.
- Kuleshnyk, I. (1984). The Stockholm syndrome: Toward an understanding. Social Action and the Law, 10, 37–42.
- Pearson, P. (1997). When she was bad: Violent women and the myth of innocence. New York: Viking.
- Walker, L. E. (1979). The battered woman. New York: Harper and Row.

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