Le crime n'a pas de genre
L'agence européenne Europol lance une campagne intitulée "Le crime n'a pas de genre" et met en avant des criminelles en fuite recherchées par les polices de l'Union européenne.
C'est pour montrer que les femmes peuvent elles aussi commettre des actes graves que l'agence a choisi de présenter ces portraits sur son site internet. Au fur et à mesure que l'on découvre leurs forfaits, leurs visages se dévoilent.
Homicide, meurtre, coups et blessures, trafic d’êtres humains ou de drogue, fraude, vol… chacun de ces délits a été commis par l’une des femmes recherchées par Europol.
Une criminalité féminine en hausse
Les statistiques montrent que les femmes occupent une proportion très faible de la population carcérale. Un chiffre qui ne varie pas beaucoup depuis ces dernières décennies.
En France, elles étaient 3,8% des détenus en France en 1960, 3,4% en 1985 et 3,6% en juillet 2019.
Actuellement, 2 580 femmes seraient actuellement détenues en France.
Mais si jusqu'ici la situation semblait stable, il semble qu'elle est bel et bien en train d’évoluer, selon Michèle Agrapart-Delmas, psychocriminologue et auteure de “Femmes fatales : les criminelles approchées par un expert”. “Il y a une hausse du nombre de crimes commis par des femmes”. “Le mode opératoire est de plus en plus similaire”, nous précise la spécialiste, “les femmes commencent à tuer à l’arme blanche, à l’arme à feu, à mains nues. Il y a une masculinisation des modes opératoires”.
Comment expliquer un tel changement ? Tout simplement par l’égalité de plus en plus importante au fil des décennies entre les hommes et les femmes, selon la psychocriminologue. “Les femmes se masculinisent dans leur apparence, elles étudient comme les hommes, exercent les mêmes métiers que les hommes”, analyse-t-elle. “L’égalité des sexes mène à une égalité des crimes”.
Des modes opératoires différents cependant
Pour Stéphane Bourgoin, auteur spécialisé dans l’étude des tueurs en série et du profilage criminel, si la “délinquance au féminin progresse”, les méthodes et les victimes sont encore bien différentes, surtout pour les tueurs en série.
Les hommes tuent “presque exclusivement des inconnus”. Les femmes, elles, “tuent des personnes de leur entourage”, précise l’auteur. Un postulat partagé par la psychocriminologue Michèle Agrapart-Delmas. “Les criminelles utilisent des méthodes plus insidieuses, comme le poison, les injections létales, la strangulation ou l’asphyxie”, complète Stéphane Bourgoin.
Pour lui, les tueuses en série se séparent en catégories : les “veuves noires”, ces personnes qui se débarrassent de plusieurs conjoints ou maris. Les “infirmières de la mort ou le personnel travaillant dans les ehpad”, énumère Stéphane Bourgoin. Et enfin, les mères infanticides. “Cette dernière catégorie est sans doute la plus sous-estimée”, selon l’auteur, “notamment parce que certaines morts peuvent sembler naturelles”.
Avec l’évolution de la délinquance, vient également l’évolution de l’image des criminelles. Avec sa nouvelle campagne, Europol veut démontrer que le crime n'a pas de genre.
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