Nombre de victimes : 11 plus 5 tentatives
Nom : Marie-Alexandrine Petitjean
Date de naissance : 14 juillet 1879
Décès : 11 juin 1942
Famille : Veuve
Première arrestation : 12 octobre 1936
Délits : Empoisonnement
Premier meurtre : Marie Doupagne
Victimes : (voir ci-dessous)
Modus operandi : Choisit souvent des femmes, des hommes qui vivent seuls et qui ont du bien. Elle flatte son monde, se présente comme ayant des ressources financières, mais en ayant besoin momentanément d'autres en laissant croire à une possible association. Se fait inscrire sur les testaments, dérobent les bijoux et titres de ses victimes qu'elle empoisonne, sous prétexte de soins préventifs, à la Digitaline qu'elle verse ou dans du thé ou dans du vin.
Type de tueur : d'opportunité (mobile financier)
Profil : Adepte du mensonge - une intelligence au-dessus de la moyenne
Marie Petitjean, veuve Becker, fut surnommée par ses contemporains, la Brinvilliers du pauvre. Arrêtée le 16 octobre 1936, rue Donceel, l'empoisonneuse Belge maniait la digitaline comme personne, ce que ne pouvait lui dénier dans les lignes du journal pour lequel il travaillait, le futur auteur de romans policier, Georges Simenon qui assista à son procès.
Celle qui donna peut-être des idées à Simone Weber, autre meurtrière, fut accusée de 11 empoisonnements, de 5 tentatives de meurtre, de faux et usages de faux, ainsi que de soustractions frauduleuses d'héritages.
Les meurtres dont elle fut accusée :
- Le 23 mars 1933, Marie Doupagne, épouse Castaldot. Morte après avoir bu du thé préparé par l'accusé. 1200 francs avaient été prêtés à la veuve Becker.
- Le 2 novembre 1934, Lambert Beyer meurt après avoir fait un testament en sa faveur. (de 13100 francs)
- Le 20 mars 1935, Julie Bossy, la logeuse de Marie, victime d'une indigestion peu après avoir ingéré du thé.
- Le 1er mai 1935, Catherine Beeken-Pairot, empoisonnée après avoir bu du vin offert.
- Aline Damoutte, le 19 mai 1935 ( pour un prêt de 1200 francs)
- Le 15 septembre 1935, mort de Marie Remacle qui a fait un testament en faveur de Marie.
- Le 11 novembre 1935, Marie Evrard-Crulle.
- Le 7 mai 1936, Marie Stevart. Elle avait prêté de l'argent à Marie.
- Le 20 septembre 1936, Marie Willems-Bulté dont les bijoux ont disparu.
- Le 26 septembre 1936, Florence Van Cauwelaert-Lange, 83 ans, locataire de Marie.
- Le 2 octobre 1936, Marie Luxem-Weiss, 62 ans.
Les rescapés :
- Hugo Guichner, en 1934, repreneur du magasin de Marie.
- Marie Bouille, en mai 1935
- En juin 1935, Marie Flohr
- En 1936, Madame Dalhem
- En 1936, Madame Lejeune-Blumein
Les victimes
Les victimes ont toutes eu les mêmes symptômes : des coliques violentes analogues aux douleurs de la gastro-entérite ou d'une intoxication alimentaire, voire d'une crise d'urémie.
Mais revenons un peu en arrière, et apprenons à connaitre la future veuve Becker.
Marie-Alexandrine Petitjean est une villageoise née en 1879 dans le Namurois profond. Elle n'aspire qu'à quitter sa campagne et à venir vivre dans une grande cité, Liège. Pour cela, elle décide d'apprendre d'abord à lire, à écrire et à compter. Elle n'est pas fainéante et le curé du village est vite satisfait des progrès de son élève. En 1895, Marie a 16 ans, et décide de passer à l'étape suivante en allant s'installer chez la sœur de sa mère, en Outremeuse, rue Saint-Pholien, (Lièges). La tante Léontine, veuve de surcroit, accepte de l'héberger à condition que Marie paye sa part. Il s'agit non pas de répondre à un besoin familial, mais bien d'agrémenter financièrement le quotidien. L'installation se concrétise donc en juillet de la même année.
Quelques jours plus tard, Marie trouve un travail dans un atelier de cordages pour la marine marchande, la maison Ghaye. Elle y rentre comme apprentie en couture et se fait rapidement une amie de la première d'atelier. Le 15 août 1896 a lieu une fête mariale à laquelle elle assiste. Elle y aura sa première expérience amoureuse qui la conduira à beaucoup d'autres ensuite.
En 1900, Marie Petijean a 21 ans et la bougeotte. Après la tante et la rue Saint-Pholien, elle change plusieurs fois de domicile, et s'installe avec une amie. Elle reste durant de longues années fidèle à la patronne de l'atelier de couture où elle débuta. Elle aime son métier et s'entend à merveille avec toutes les ouvrières. C'est une boute en train, toujours prête à faire la fête le soir et le dimanche venu. Les chansonnettes n'ont aucun secret pour elle pas plus que les partitions qu'elle aime acheter aux musiciens sur la Batte. Les amants de passage l'enserrent de leur bras et Marie aime sentir leur virilité. Elle ne s'en cache pas ou alors très peu.
En 1905, elle travaille comme première ouvrière à l'atelier du magasin le plus couru de Lièges, rue du pot d'Or.
Elle fait la connaissance de son futur mari au Vénitien, le soir de ses 26 ans et l'épouse un an plus tard, puis c'est la rencontre avec le patriarche de la famille quand elle s'installe chez son époux, rue Hocheporte. Elle est un peu peureuse la Marie devant cet homme aux cheveux, à la barbe blanche et au visage sévère. De ses yeux malicieux, il la jauge et approuve le choix de son fils, même s'il trouve cette jeune fille un peu trop remuante. Il n'est d'ailleurs pas le seul. Léontine, la femme de Gustave, frère de Charles, ne l'aime pas beaucoup cette nouvelle venue et se montre avec elle très autoritaire, lui imposant des tâches ménagères et le repas. D'autant que Marie à la scierie familiale, est un peu trop complice avec certains clients n'hésitant pas à aller jusqu'à l'aventure amoureuse. Charles qui l'aime ferme élégamment les yeux.
Marie pour se débarrasser de ses corvées, décide qu'elle peut remplacer Gustave aux écritures. Après tout, n'a-t-elle pas appris à compter plus jeune ? Pour y parvenir, elle fait le siège de son époux, puis s'attaque au patriarche qui l'écoute avec attention et accepte finalement sa proposition.
La veuve Becker
Celle qui n'est pas encore la veuve Becker se débrouille bien, très bien même accentuant la jalousie de sa belle-sœur qui refuse de préparer les repas, boudant. Qu'à cela ne tienne, Marie s'en occupera. Mais bien vite, le fait d'être nuit et jour à la scierie donne à notre future empoisonneuse comme un excès de claustration. Cela tombe bien, il y a une charcuterie à vendre pas loin. Marie persuade alors son mari et son beau-père de l'acheter. Ils acceptent.
Dès lors, la belle préfère faire ses petites affaires avec ses clients plutôt que de leur servir jarret, saucisses, et autres viandes.
- N'importe où, comme une bête, diront les témoins à son procès.
Cela a forcément des conséquences sur le chiffre d'affaires. L'entreprise périclite rapidement, et les clientes se mettent même à l'insulter. La part du capital de Charles dans la scierie y passe toute entière, et bientôt fond comme neige au soleil.
Finalement, Marie lâche la charcuterie et décide d'établir dans l'une des chambres un atelier de couture où elle s'occupera de sa clientèle et installe à côté de celle-ci, un salon pour les essayages. Mais voilà que la guerre pointe son nez. Nous sommes en 1914. La scierie Becker est confisquée de tout son bois ce qui signe sa mort. Toute la famille vit alors chichement sur la réserve d'argent, heureusement mise de côté par Gustave. Mais cela ne semble pas affecter outre mesure Marie qui traverse l'épreuve avec insouciance et même en profite pour s'enticher d'un soldat allemand qui la suivra jusque chez les Becker, provoquant un scandale, bien vite étouffé de peur des représailles de l'armée d'occupation.
En 1918, la guerre est finie, mais la scierie ne redémarre pas, faute de moyens. C'est la débâcle financière. En juillet 1919, Marie a 40 ans. Elle décide d'ouvrir sa boutique, rue Saint-Léonard. Passionnée par son métier, elle tente de faire prospérer son magasin qui porte le nom de Becker. Elle réussit plutôt son pari, car de deux, elle passe à quatre ouvrières.
En 1928, c'est la rencontre fatale, celle d'un bel amant ténébreux, Hody, commercial, qui l'amènera vers le crime. Surtout que le krack boursier point son nez l'année suivante. Marie doit se séparer de deux de ses employés et demander à Charles de régler les factures. Comme pour se cacher de ce constat, elle passe alors ses soirées avec les amis d'Hody dans des lieux de plaisirs nocturnes où elle fait des dettes. Finalement, elle sera mise en faillite et son magasin sera placé en liquidation.
Trois ans plus tard, Charles son mari, s'éteint d'un cancer. Pour la remonter un peu, son médecin lui prescrit quelques gouttes de digitaline. Marie va s'en servir, oui, mais dorénavant à d'autres fins que de calmer sa tachycardie.
Son premier crime va alors lieu, le 21 mars 1933, alors qu'elle a 54 ans...
Dépourvue de magasin et de mari, la veuve Becker se fait engager comme couturière à la journée par ces dames de la bourgeoisie, peu touchées par le krack boursier. Femmes qu'elle a connues lorsqu'elle travaillait à l'atelier du Pot d'Or.
Chez ses clientes, elle reprise, raccommode, fabrique des robes. La couturière à la journée, est un vieux métier en usage qui refait surface après la guerre de 14-18. L'employée est considérée davantage comme une relation amicale qui partage le repas du midi avec la famille, ou avec sa patronne si elle est veuve.
A sa réputation de bonne ouvrière, Marie peut bientôt ajouter celle de remarquable dame de compagnie. Mais cela lui rapporte à peine assez pour vivre. Elle a son loyer à payer, ses frais de bouche, ses soirées nocturnes et son amant à entretenir. Sans compter les hommes très jeunes qui lui rendent visite.
Marie est aux abois. Elle arrache à ses patronnes des emprunts sous le coup de la pitié ou de la ruse. Certaines lui prêtent d'ailleurs de fortes sommes d'argent, d'autres renâclent ou refusent. Marie ne se laisse pas démonter et se met à voler. Des bijoux, des titres et du linge disparaissent alors.
A chacun de ses soirs de liberté, après avoir accompli les tâches qui inévitablement conduiront ses clientes à la mort, elle emmène ses gigolos dans le Liège des plaisirs nocturnes et dans les bars, où, c'est une nouveauté, on se grise du jazz venu de la Nouvelle-Orléans.
Pour oublier cette vie qui tourne au désastre, elle décide d'aller une fois toute seule au cinéma. Elle y rencontre un couple qui l'observe avec insistance et qui oblique dans sa direction. Les époux Castaldot, elle les connait depuis 1929. Elle leur raconte alors ses malheurs. Tout de go, ils la rassurent "Nous ne sommes pas riches, Marie, mais la maison vous est ouverte. Vous venez chez nous aussi souvent que vous le voulez."
Et pour ne rien gâcher, le sieur Castaldot est généreux et plutôt bel homme. Il aime les femmes, Marie succombe sans trop se débattre sans avoir oublié de se faire prêter par l'épouse, une somme de 1200 francs.
Fatale erreur.
Madame Castaldot, confie souffrir des jambes. Pas de souci. Marie a un remède du tonnerre pour soulager les membres. Un thé aux herbes. L'amie boit et décède quelques heures plus tard de convulsions.
Verdict ? Intoxication alimentaire.
Du moins, c'est ce que mettra sur le permis d'inhumer le médecin qui n'y verra que du feu. Seulement la famille de la défunte se demande quand même ce qu'il est advenu des 19 000 francs (6500 euros) que leur parente a prêté à la couturière en plus des premiers 1200 francs.
La veuve Becker rencontre ensuite Lambert Beyer en mai 1934, au Tivoli. L'établissement du Carré est le lieu où le tout-Liège aime se retrouver pour faire la fête. L'homme tombe dans les filets de l’empoisonneuse. Cela tombe bien, car il possède une commode dans laquelle se trouve un gros paquet de titres au porteur. Il survivra un été à la rencontre avant de trépasser et permettra à Marie de rembourser sa logeuse pour un temps.
Bientôt suivront d'autres victimes en 2 ans, madame Bossy, ladite logeuse, mesdames Pairot, Damoutte et Stevart tuées dans des conditions similaires à la première. En 1935, le 11 novembre, c'est au tour de madame Crulle de passer de vie à trépas.
Une première lettre anonyme atterrit au parquet de Liège, mais se retrouve vite classée. Puis vient celle des héritiers Crulle qui s'étonnent que leur parente, très riche de surcroit, ait légué ses biens à un homme, jeune, dont ils ignoraient l'existence et qui se trouve être proche de Marie Becker.
Une seconde lettre anonyme datée de 1935, vient porter des accusations contre la couturière. Le corbeau affirme que la veuve Becker s'est rendue coupable d'un détournement de biens en faveur d'un homme. Le parquet, cette fois-ci intrigué, ouvre une enquête. Marie est interrogée par le juge d'instruction, monsieur Destehe. Elle reconnait lors de son audition sa fonction de garde-malade auprès de madame Crulle, mais réfute le reste des allégations.
Qu'à cela ne tienne, une troisième lettre fait son apparition après le décès suspect de madame Bulté, prise de vomissements compulsifs et de madame Lange, soignée elle aussi par Marie Becker.
Nous sommes le 12 octobre 1936.
Trois décès coup sur coup, cela fait beaucoup pour la justice.
Madame Lamy, proche des victimes, monte un guet-apens avec l'aval de la police. Marie Becker en effet, lui aurait proposé lors de l'enterrement des décédées de venir prendre soin d'elle. Madame Lamy sentant le danger a aussitôt alerté la justice. Elle fixe alors rendez-vous à Marie le 12 octobre 1936. Celle-ci sans se douter le moins du monde de l'entourloupe se rend chez elle et se fait aussitôt alpaguer.
Les policiers en ouvrant son sac y trouvent un flacon de digitaline.
L'arrestation à donc lieu le 12 octobre 1936, à deux pas de son domicile, rue Donceel. Le mardi 7 juin 1938, se tient la première audience du procès de l'empoisonneuse à la chaîne. A 18h30 , le 8 juillet 1938, le président Fettweiss donne lecture de l'arrêt qui condamne Marie Becker à la peine de mort, et aux frais de justice s’élevant à 101 658 francs.
Il y aura un pourvoi en cassation qui sera déposé par son avocat, mais rejeté par la justice.
le 11 juin 1942, Marie décède à la prison liégeoise de Saint-Léonard.
La vie de la première tueuse en série belge s'éteint de sa belle mort.
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