Dans la matinée du 23 juin 1990, un employé du McDonald's de Bellevue à Washington sort les poubelles quand il voit le corps d'une femme.
L'employé se précipite à l'intérieur et appelle le 911. La police arrive sur les lieux et trouve la jeune femme morte. Elle n'a ni blessures par balle ni coups de couteau visibles, mais son corps a été déposé là par son tueur.
"Quelqu'un a pris soin de mettre en scène le corps. J'avais remarqué qu'il y avait un couvercle de tasse de café de grande taille recouvrant son œil droit. Un pied était croisé sur l'autre et ses mains étaient repliées sur son ventre et elles tenaient une pomme de pin, " révèle aujourd'hui le Detective John Hansen du service de police de Bellevue..
Il était également clair qu'elle n'avait pas été tuée derrière le McDonald's, mais avait plutôt été jetée là-bas après avoir été brutalement battue. Une autopsie a révélé qu'elle avait reçu un coup de pied si fort qu'il avait rompu son foie. La victime avait également subi un coup sévère à la tête avant d'être étranglée. Le meurtrier l'a ensuite violée avec un objet post-mortem, ce qui a alarmé alors les enquêteurs.
"Les blessures post-mortem et le fait de passer beaucoup de temps avec le corps ne sont vraiment pas si courants", a expliqué le detective Hansen.
La victime a été identifiée comme étant Mary Ann Pohlreich. Décrite comme douce et extravertie, elle travaillait dans une entreprise de fabrication de dispositifs médicaux. Une amie a dit aux enquêteurs qu'elle aimait sortir dans les boîtes de nuit et qu'elle croit que Mary était sortie la veille de sa disparition dans l'une d'elle. Les propriétaires de la boîte de nuit ont confirmé qu'elle s'était effectivement rendue au club - et que son sac à main et sa voiture avaient été retrouvés là-bas.
"Cela nous dit qu'elle n'avait pas l'intention de quitter cet endroit. Elle était partie contre son gré," reconnait le Détective. Dale R. Foote du département de police de Bellevue.
Sept semaines plus tard, alors que les enquêteurs travaillaient encore sur l'affaire, un autre meurtre s'est produit à seulement trois kilomètres de l'endroit où Pohlreich avait été retrouvé.
Le 9 août, une jeune fille de 13 ans a réalisé que sa mère ne s'était pas encore réveillée pour le travail. Quand elle est allée la voir, elle a trouvé une scène horrible.
Carol Beethe, 35 ans, a été retrouvé morte sur son lit, entièrement nue, à l'exception d'une paire de talons hauts rouges. Un fusil avait été placé dans son vagin.
"Ma première pensée a été que cela avait été mis sciemment mis en scène pour que cela soit vu quand vous franchissez la porte. C'est en effet pour déclencher un choc", a déclaré Foote. Beethe, une mère de deux enfants qui travaillait comme barman dans une boîte de nuit, avait reçus de nombreux coups au crâne, qui l'ont finalement tuée.
Puis, le 31 août à Kirkland, Washington, à seulement huit kilomètres de Bellevue, une autre femme a été retrouvée assassinée dans sa chambre.
"Cette jeune femme était allongée sur le dos dans son lit. Elle a été poignardée de très nombreuses fois. Dans ses mains elle tenait un livre qui avait pour titre "La joie du sexe". Il y avait aussi un objet inséré en elle, a déclaré le lieutenant Mark Ericks du département de police de Bellevue.
La victime a été identifiée comme étant Andrea "Randi" Levine, 24 ans. Elle fréquentait certaines des mêmes boîtes de nuit que les deux autres victimes. Une autopsie a également révélé un indice possible : elle portait une bague qui avait été retirée lors de l'agression.
"Je sais que nous avons tous compris que si nous trouvions la bague, nous trouverions le tueur".
La police savait qu'elle avait affaire à un tueur en série et qu'elle devait trouver le coupable avant de frapper à nouveau. Le tueur n'est pas resté silencieux pendant longtemps. Le 12 septembre, Robyn Oldenburg, une résidente de Bellevue, faisait ses valises pour un voyage lorsqu'elle a remarqué un son étrange. "Tout à coup, j'ai entendu un coup à ma fenêtre. C'était un coup très ferme. J'étais vraiment nerveuse, mais ma première pensée a été que j'étais paranoïaque".
Finalement, quand les bruits ont continué, Oldenburg a suivi son instinct et a appelé la police. C'était la bonne chose à faire. Quand les agents sont arrivés, ils ont découvert que la vitre de sa porte était manquante. Quelqu'un était en train de s'introduire par effraction. La police avait leur suspect : un homme était parti en voiture lorsqu'un policier s'est présenté. Il a été identifié comme étant George Russell. Les policiers ont appris qu'il avait un mandat d'arrêt contre lui pour s'être fait passer pour un policier. Il a été placé en garde à vue.
Oldenburg, quant à elle, a déclaré qu'elle avait été choquée d'apprendre que l'agresseur potentiel était Russell, qu'elle connaissait bien. «La première fois que j'ai rencontré George Russell, je pensais que c'était un gars amusant, joyeux et génial, mais les choses ont commencé à changer et j'ai réalisé qu'il y avait un côté sombre en lui», a-t-elle déclaré.
Lors de l'interrogatoire, Russell a nié avoir tué les femmes et a refusé de remettre un échantillon d'ADN ou de cheveux. La police n'avait aucune preuve physique le liant aux meurtres, alors l'enquête s'est poursuivie.
Ils ont réussi à retrouver un témoin qui avait vu Pohlreich au club la nuit de sa mort. Celui-ci avait également vu George Russell partir avec une femme, mais il ne pouvait pas être certain qu'il s'agissait de Pohlreich. Le témoin se souvenait cependant que Russell était venu au club ce soir-là avec un ami.
L'ami en question a été rapidement retrouvé et il a admis que Russell avait demandé à utiliser son camion cette nuit-là pour ramener une fille à la maison. Le lendemain matin, lorsque Russell a rendu la voiture, il a affirmé qu'il devait la faire nettoyer parce qu'une fille avait vomi de la soupe de palourdes dedans. L'ami se souvenait distinctement avoir dit que ça sentait le sang et que quelque chose y avait été vidé au lieu de vomir.
Le camion a été emmené et traité pour preuve. A l'intérieur, ils ont trouvé les traces de sang de Pohlreich.
Les enquêteurs avaient également pu retrouver la bague manquante de Levine après avoir interrogé les associés de Russell. Ils ont appris peu de temps après le meurtre de Levine, qu'il l'avait offert en cadeau à une femme qu'il avait invitée à sortir. Ils ont pu récupérer la bague et l'identifier comme celle de Levine, liant effectivement George Russell au meurtre.
Russell a été accusé des trois meurtres et reconnu coupable le 18 octobre 1991. Il a été condamné à deux peines à perpétuité et à 29 ans de prison supplémentaires.
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