Stéphane Bourgoin, le serial menteur passe aux aveux dans Paris Match

Soi-disant formé par le FBI, Stéphane Bourgoin la bible des tueurs en série avoue à son tour avoir menti.
Un mythomane.
Les fans de Stéphane Bourgoin, l'écrivain, le profiler qui allait visiter en prison les serial killer dont Ed Kemper, vont tomber des nues.
Il y a longtemps déjà que certains se sont posés des questions sur sa "vocation" et ses dires, mettant en doute le décès de sa compagne aux Etat-Unis qui aurait été tuée par un tueur en série.
Mensonges que tout cela  ?
C'est terré sur ses terres dans l'ouest de la France, qu'il se protège déjà de la vague qui ne va pas manquer de déferler sur lui. Celui qui était consulté par les gendarmes, qui formait des policiers, des magistrats est rattrapé par ses mensonges.

1979. Californie.  
Stéphane Bourgoin a 26 ans et le sourire facile. Après des centaines de lettres de refus auprès des centres pénitentiaires, enfin il décroche le sésame : il peut aller voir Richard Chase, le tueur en série, six meurtres au compteur.

2020.
Bourgoin a 40 ans de plus. Il sait tout des tueurs en série. Il enchaine les conférences, les publications (34 livres traduits en 11 langues). Il tourne des documentaires, des émissions pour la télévision, a son blog et sa librairie "Le 3ème oeil".
Il est célèbre, il conseille les forces de l'ordre, il enseigne mais il n'a aucun diplôme. Mais il le dit lui-même "il a été formé par le FBI" et cela c'est la meilleure école.
Pas faux, me direz-vous. Pas besoin d'avoir un master pour être bon dans son domaine. Etre autodidacte, c'est très bien aussi, plein de gens sont là pour prouver qu'ils ont très bien réussi.

Mais revenons à Bourgoin, l'homme qui a rencontré comme il le dit lui-même "77 serial killers", dont il connait toute l'histoire pour les avoir étudié à fond. Une banque de données vivante, comme le souligne le journal Paris-Match.
Et pourtant, au moment où son nouveau livre devait sortir chez Grasset, puis une collection de 30 bande dessinées chez Glénat, une tournée de conférence, tout s'effondre en janvier. 
4ème Oeil Corporation, des passionnés de criminologie, démonte en 9 vidéos sur YouTube son histoire.
Alors Stéphane Bourgoin serait-il un serial menteur ?
Le journaliste de Paris Match est allé à sa rencontre dans sa maison de l'ouest où il a rejoint sa compagne en raison du confinement. Là, entre ses 20 000 DVDs, il révèle : "J'arrive à l'heure du bilan, mes mensonges me pèsent. "
Stéphane Bourgoin a écrit sa propre légende. Celui qui décevait ses parents comme il le raconte, se rappelle de 1979. Cela fait trois ans qu'il vit aux Etats-Unis, à New York dans un petit appartement. Il travaille comme assistant-réalisateur sur des productions X. Celui qui s'est fait viré trois du lycée cherche encore sa voie.
Elle sera toute tracée avec la rencontre de Richard Chase, le tueur en série, puis cinq ans plus tard avec celle d'Ed Kemper. C'est en revenant le filmer pour un documentaire qu'il a réussi à vendre à France 3 que Bourgoin fait sensation.
Les gens lui demande alors : Pourquoi vous intéressez-vous à ce genre de types, à ces pervers ?

1er mensonge :

Il ne sait quoi répondre et invente alors son premier mensonge, celui qui va attirer l'empathie de tous : sa compagne américaine a été violée, découpée par un serial killer et c'est lui qui a découvert le crime.
Elle s'appelle Eileen. Du moins, c'est ce qu'il raconte, car il avoue avoir changé le nom pour préserver sa mémoire. Mais Eileen, n'existe que dans l'esprit de Stéphane Bourgoin. La fille est une barmaid du nom de Susan, accessoirement prostituée qu'il connaissait vaguement et dont le corps sera retrouvé un jour dans la rivière Spuce Spring.
1er mensonge qu'il distillera à l'envie.
Mieux ! Quelques années plus tard, un magazine publiera même une photo de Bourgoin avec une fille qui l'embrasse et titrera en légende qu'il s'agit d'Eileen...
Ensuite, il raconte à qui veut l'entendre que ce meurtre lui a fait parcourir nombres de bibliothèques et qu'il s'est rendu compte qu'aucun livre sérieux n'avait été écrit sur le sujet des Tueurs en série. Qu'à cela ne tienne, il le fera.

2ème mensonge ?

Ses deux formations de six mois soient-disant suivis au FBI, à Quantico, la Mecque du profilage. Un privilège qui serait donc exceptionnel car l'académie n'enseigne qu'à ses agents, qu'à des officiers de police, de gendarmerie étrangers, mais jamais à des civils. Comment a-t-il pu entrer au FBI ?
Selon lui, grâce à Robert Bloch, d'une part. L'auteur de Psychose, ému par l'histoire d'Eileen aurait parlé à un de ses amis au FBI et hop, Stéphane Bourgoin aurait obtenu un stage. Deuxième version ? Il aurait envoyé les vidéos de ses rencontres avec les tueurs en série. Epaté, le FBI lui aurait alors ouvert les grandes portes de son académie.
Mais patratra. Voici que John Douglas, agent du FBI, le fondateur de la section Profilage au même FBI et consultant pour Netflix (sur la série Mindhunter) s'agace lui aussi du mensonge du français. "Ni moi, ni personne de mon unité n'avons entendu parler de ce personnage".
Pour toute réponse, Bourgoin montre au journaliste de Paris Match, une lettre du FBI. En fait, elle adressée à son fils et lui souhaite une bonne scolarité.
 

3ème mensonge ?

Stéphane Bourgoin fait savoir lors d'une conférence devant les étudiants du métier du livre  de l'IUT Charlemagne de Nancy, qu'il a fait avouer le tueur en série cannibale sud-africain, Stewart Wilken. « J’ai choisi une pièce assez petite, claustrophobique, et j’ai demandé aux enquêteurs de me donner des photos de leurs enfants. J’en ai tapissé les murs pour le faire craquer», raconte-t-il alors. Il ajoute : « En décembre 1999, j’étais en Afrique du Sud. Il était minuit, dans les bois de Port Elizabeth, le cimetière de l’assassin. Celui-ci me dit venir ici violer le corps de ses victimes et me raconte fourrer du papier journal dans leurs fesses pour éviter les asticots sur son sexe. » Or, il s'avère que le tueur est sous les barreaux depuis deux ans déjà et donc qu'il n'a pas pu rencontrer ce soir-là Bourgoin dans le bois...

En fait, Bourgoin, pour la séance du tapissage de photos a volé cette histoire à celui qui a fait avouer le meurtrier : le sergent Derek Norsthworthy.
« J’ai rencontré Bourgoin lors d’un colloque en France, en 1998. Il est venu me voir pour un documentaire du 22 février au 7 mars 1999. A cette époque, Stewart Wilken était en prison. Il ne l’a jamais vu, ne lui a jamais parlé." "Jamais la police sud-africaine n’aurait autorisé un inconnu à venir sur une scène de crime et à s’entretenir avec un suspect."

4ème mensonge

En 2015, Stéphane Bourgoin annonce sur sa page Facebook qui compte près de 50 000 abonnés qu'il donnera à ceux qui achèteront son dernier livre "une confession de Gerard Schaefer, qui a tué 34 femmes", un petit morceau du tueur : ongles, cheveux, oreille, etc.
Tous s'étonne qu'il détienne de tels restes, mais Bourgoin rétorque qu'il les a reçu avec l'urne, ainsi que le poignard nazi avec lequel il tuait ses victimes.
Bon, pourquoi pas après tout, mais quand on sait que les tueurs sont souvent enterrés anonymement pour qu'il n'y ait pas de vénérations sur leur tombe, cela pose problème. D'autant que le porte-parole du tribunal de Ste Lucie à Fort Pierce fait savoir que les pièces à conviction sont toujours dans les locaux du tribunal...

5ème mensonge :
 

Bourgoin avoue que dans ses livres tout est juste. Tout, vraiment tout ? Ah non, il y a le portrait d'un tueur en série qui est faux de A à Z et pour cause, il a été inventé de toute pièce. "Une plaisanterie" dira-t-il. Tout comme la plaisanterie qui lui fera dire qu'il a acheté la maison du Cannibale Jeffrey Dahmer et qu'il pense y ouvrir un restaurant... végétarien.

Ce qui est dommage avec tout cela, c'est de se dire et tous le reconnaissent que Stéphane Bourgoin n'avait pas besoin de ces mensonges pour asseoir sa position, car l'expertise sur les tueurs en série, il l'a. Sa culture sur le sujet est phénoménale et son apport aux forces de l'ordre et aux magistrats est reconnu de tous. Il a d'ailleurs aidé le colonel Joël Vaillant sur l'expertise des disparus de Mourmelon lorsque celui-ci était à la tête de la section de recherche entre 1985 et 1991. Mais lui, comme d'autres officiers font savoir qu'ils ont consulté Stéphane Bourgoin sans l'autoriser à voir ou a parler avec le moindre suspect. Bourgoin n'a pas rencontré un suspect ou un tueur.
Bourgoin a aussi le mérite d'avoir mis en avant le sujet des tueurs en série qui, jusqu'ici (dans les années 80) n'intéressaient pas grand monde.
 

Celui qui dit avoir rencontré 77 tueurs en série (mais n'en avoir filmé en fait que 9... il a aperçu les autres dans le couloir ou dans la cour de promenade) avoue être aujourd'hui soulagé de faire savoir la vérité.

"Oui, je parle enfin. Ça me fait du bien de dire enfin la vérité.", conclut-il.

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