Le 26 juillet 2016, Satoshi Uematsu s'était introduit en pleine nuit dans un centre pour handicapés mentaux à Sagamihara, dans la banlieue ouest de Tokyo, lieu où il avait auparavant travaillé.
Il était passé de chambre en chambre pour poignarder les résidents, laissant 19 morts et 26 blessés, dont la moitié grièvement. Il s'était ensuite rendu à un commissariat, avec ses couteaux ensanglantés pour avouer son crime.
Jugé pour six chefs d'accusation, dont celui d'homicide volontaire, il encourt jusqu'à la peine de mort.
Ce qu'il a commis est "inhumain et il n'y a pas de place pour la clémence", a insisté mercredi une procureure, entendant démontrer au tribunal que l'accusé était en possession de ses moyens au moment des faits et donc pénalement responsable.
La tuerie de Sagamihara, une des pires de l'histoire récente du Japon, avait horrifié le pays, où le taux de criminalité est extrêmement faible.
L'opinion publique avait aussi été choquée par les motivations de Satoshi Uematsu, liées à sa haine déclarée des handicapés mentaux, et par son absence de remords revendiquée.
Les handicapés mentaux "n'ont pas d'âme" et leur vie n'a "aucun sens", avait-il ainsi déclaré dans un entretien accordé en prison au journal Mainichi Shimbun.
"Je devais le faire pour le bien de la société", avait-il déclaré au sujet du massacre, dont il tirait même une sorte de fierté : "J'ai fait de mon mieux", a-t-il lancé dans un autre entretien glaçant à l'agence de presse Jiji.
La première audience de son procès a été écourtée en raison de l'agitation de l'accusé. D'entrée de jeu, Satoshi Uematsu, aujourd'hui âgé de 29 ans, a reconnu les faits à la barre. Ses avocats ont toutefois plaidé ensuite qu'il ne pouvait être déclaré pénalement responsable en raison de ses troubles psychiatriques à l'époque.
"Il était dans un état où il n'était pas capable d'être responsable, où cette capacité était significativement amoindrie", notamment parce qu'il était sous l'emprise de stupéfiants au moment des faits, a soutenu l'un de ses avocats.
Puis l'accusé, costume bleu marine et cheveux très longs réunis en queue de cheval, s'est mis à gesticuler violemment, a constaté une journaliste de l'AFP sur place. Il aurait tenté d'introduire quelque chose dans sa bouche, poussant les gardiens à intervenir pour le maîtriser et la cour à interrompre l'audience.
Celle-ci a repris en début d'après-midi, mais sans l'accusé. La séance a fini par être clôturée avec deux heures d'avance.
Avant son passage à l'acte, Satoshi Uematsu avait déjà crié sa haine des handicapés et menacé de commettre un massacre. Il avait notamment écrit une lettre à la Chambre basse du Parlement japonais, dans laquelle il menaçait de tuer des centaines de personnes handicapées, en citant nommément comme cibles le centre de Sagamihara ainsi qu'un autre établissement.
Dans cette lettre décousue, il plaidait aussi pour autoriser l'euthanasie des personnes sévèrement handicapées car "les personnes handicapées n'apportent que du malheur".
Il avait quitté son emploi au centre de Sagamihara quelques mois avant son attaque. Hospitalisé de force après avoir raconté à des collègues qu'il comptait y faire un carnage, il avait toutefois été rapidement libéré, un médecin ne l'ayant pas jugé dangereux.
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