A l'heure où un 101ème féminicide vient d'avoir lieu, le gouvernement lance, ce mardi 3 septembre, à Matignon, en présence des familles de victimes, un Grenelle sur les violences conjugales.
Le premier ministre, Edouard Philippe, doit annoncer dans l’après-midi « des premières mesures d’urgence visant à renforcer la protection des victimes ». D’autres dispositions « concertées de manière collective arriveront plus tard », a ajouté son entourage.
Parmi les invités (environ 80) de ce Grenelle, participeront des responsables associatifs, des acteurs de terrain, des policiers, des gendarmes, des magistrats ou des avocats. Plus de dix membres du gouvernement, dont Marlène Schiappa et Nicole Belloubet (ministère de la justice), ainsi que Christophe Castaner (ministère de l'intérieur) animeront des ateliers sur la prévention des violences, la « mise à l’abri et l’accompagnement » des victimes ou la « sanction » des auteurs violents.
Un plan Marshall
Les associations féministes mobilisées sur le sujet souhaitent que l’événement débouche sur un « plan Marshall » doté d’« au moins » 500 millions, voire un milliard d’euros. Une somme bien loin des 79 millions d’euros de crédits actuellement alloués à cette lutte.
Marlène Schiappa, a annoncé la semaine dernière la création d’un « fonds spécial » contre les féminicides d’un million d’euros à destination d’« associations de terrain », un chiffre jugé très insuffisant par les associations.
« Ce qu’on attend, ce sont des résultats », a martelé, lundi, Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes. Elle demande notamment la création, avant la fin de l’année, d’au moins 2 000 places d’hébergement supplémentaires pour les femmes ayant fui le domicile conjugal, un renforcement de la prévention contre les violences sexistes dès l’école, ou la création d’instances judiciaires spécialisées.
Les associations qui se veulent confiantes notent qu'elles vont se montrer « vigilantes », face au risque que l’événement ne se résume qu'à une « opération de communication de la part du gouvernement ».
Les conclusions de la concertation devront être annoncées le 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Pour rappel, l'année dernière, le ministère de l'intérieur avait recensé 121 crimes sur conjoint, soit près de 20 % des 745 cas d’homicides volontaires, hors crimes crapuleux, dénombrés au cours de l’année. Dans huit cas sur dix, les victimes sont des femmes.
Les mesures du gouvernement déjà mises en place
- La loi dite Schiappa, promulguée en août 2018 et qui renforce la lutte contre les violences sexistes et sexuelles pour améliorer la répression de ces violences. En savoir plus
- La demande par une circulaire en mai 2919 d’un plus grand recours à l’ordonnance de protection, sous l’égide du juge aux affaires familiales.
- L’engagement de contrats locaux contre les violences. Dans chaque département ils seront déployés autour des préfets afin de mettre en place un partage d'alertes entre professionnels de la justice, de la police, de la santé, des élus, des associations et des travailleurs sociaux.
- L’expérimentation du bracelet électronique pour maintenir les hommes violents éloignés.
- La création d’une plateforme de signalement en ligne, disponible 24h/24 et 7 jours/7, pour faciliter le signalement des violences sexistes et sexuelles et accompagner le dépôt de plainte. En savoir plus
- Une aide de 120 000€ supplémentaires pour le numéro d'écoute national destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés : le 3919, avec un objectif de 100% d’appels répondus.
- Le lancement d’un compte twitter de sensibilisation : @arretonsles, ressource d’informations à destination des femmes victimes de violences et afin de faire connaître les dispositifs d’aides disponibles.
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