Un chirurgien en retraite qui se trouve aujourd'hui en prison, et qui doit bientôt être jugé pour viols et agressions sexuelles sur quatre fillettes, est soupçonné d'avoir commis d'autres actes de même nature.
J.Le Scouarnec, médecin-chirurgien âgé de 66 ans, avait exhibé son sexe devant une petite fille, au retour d'une balade. Très vite, le soupçon d'une affaire d'exhibition sexuelle laisse place à celle de violences sexuelles sur sa petite voisine. L'enfant révèle à son père des gestes perpétrés à travers le grillage, dont une pénétration (corroborée par les constatations médicales).
En garde à vue, Joël Le Scouarnec – qui nie tout viol — admet son attirance pour les mineures et évoque sans détour sa première condamnation.
C'était au printemps 2017.
L'homme était alors chirurgien à l'hôpital de Jonzac (Charente-Maritime). Le Scournec avait déjà été condamné pour des faits similaires à Vannes (Morbihan) en 2005 à quatre mois de prison avec sursis pour détention d'images pédopornographiques.
Incarcéré en mai 2017, le praticien est passé au tribunal en mars dernier pour des agressions sexuelles et viols commis sur de jeunes filles entre 1989 et 2017, selon le parquet. Son procès devrait s'ouvrir début 2020 et pourrait prendre une autre tournure depuis qu'une enquête débutée en 2018 a permis de découvrir des carnets, lors d'une perquisition à son domicile, où 200 noms apparaissent avec des annotations « Avec mes petites danseuses, mes lettres pédophiles, petite fille précoce, petites filles de l'île de Ré ». Ces notes représentent 30 ans d'actes pédophiles. C’est le cas de ce jeune trentenaire, opéré en 2004 à Lorient, 14 ans à l’époque. Ce sont les gendarmes qui lui ont appris en juin dernier que son nom apparaissait dans le journal intime du docteur… « Au début, j’avais du mal à comprendre. Puis après, j’ai été choqué, dégoûté, mais surtout en colère contre lui… » Il a depuis déposé plainte.
Francesca Satta, l’avocate saintaise des parents d’une victime raconte « Vous ouvrez le cahier et vous le refermez aussitôt, dès la première page. C’est énorme de perversion. Il considère l’enfant comme un objet sexuel, comme s’il parlait d’une rencontre faite dans le quartier de Pigalle.
Ce n'est pas la seule découverte des Gendarmes qui ont mis la main sur des contenus pédopornographiques, des poupées cachées sous un plancher, des perruques et des sextoys.
Plusieurs dizaines de victimes potentielles
A ce jour, il semble que plusieurs dizaines de victimes potentielles ont été entendues pour des faits anciens pour certains. Un appel à témoins a été lancé pour que d'autres victimes se fassent connaître. « Toutes ne se souviennent pas de ce qu'elles ont subi, et certaines n'ont pas encore déposé plainte. »
Lors d'un interrogatoire, le médecin a avoué d'autres agressions sexuelles, commises notamment à l'époque où il exerçait à Loches, en Touraine. Certaines de ces agressions auraient eu lieu sur ses nièces et sur une voisine, d'autres sur des enfants hospitalisés dans son service, parfois « en phase de réveil » « C’était un vivier facile pour lui », déplore une source de l'hôpital à la Charente-Libre. Six victimes, nées entre 1977 et 1990, sont identifiées et localisées mais les faits sont prescrits pour trois d'entre elles. Les fillettes étaient âgées de 4 à 10 ans au moment des faits.
Confronté à ces témoignages, aux photographies qu'il a prises, J. Le Scouarnec reconnaît les agressions sexuelles, mais pas les pénétrations. Une position qu'il entend défendre à son procès, avance son avocat, Me Thibaut Kurzawa : « Il ne conteste pas le caractère déviant de son comportement. Il assume ses responsabilités et cherche à comprendre ses actes et à se soigner en prison. »
A ce jour, J. Le Scouarnec n'a été que brièvement entendu sur ses carnets. « Il affirme qu'il s'agit d'écrits romancés de ses fantasmes, aussi nauséabonds soient-ils », rapporte son avocat. La localisation des personnes qui y figurent reste le premier défi posé aux enquêteurs de Poitiers. Sur les réseaux sociaux, des victimes tentent de se réunir, en recherchant dans l’ouest de la France, mais aussi en Saintonge, « toutes les personnes qui ont été entendues par la gendarmerie en lien avec cette affaire ».
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