Psycho-Criminologie

Psycho-Criminologie

psychologie et criminologie

Publié le par I. Girard
Publié dans : #Tueuses en série, #tueuse en série française, #veuve noire
"patricia-dagorn-veuve-noire-empoisonneuse-nice-psycho-criminologie.com"

 

Nombre de victimes :   2 morts, et peut-être plus - 3 rescapés
Période : 
Nom :    Patricia Dagorn
Date de naissance1960
Famille Père, Robert, employé d'EDF - Mère, femme de chambre
1 demi-frère du côté maternel 
Mariage :  Luc Caron
Enfants : 2 garçons dont Guilhem (dessinateur)
École :  Faculté de droit (sortie diplômée)
Taille :  1m58
Type de VictimesHommes âgés allant de 55 an à 87 ans
 
Modus operandi
Patricia Dagorn séduisait des hommes fortunés et âgés, dans le but de s'approprier leur argent et en empoisonnait certains. Elle s'était inscrite dans une agence matrimoniale ce qui lui permettait de cibler ses proies. Elle s'installait au domicile des retraités, leur mitonnait de bons petits plats, sans oublier d'y verser quelques gouttes de Valium

Type de tueur : Veuve noire de type vénale

Profil : personnalité  à la dangerosité extrêmement importante
avec tendance mythomaniaque et dénuée d'empathie

 

______________________________________________

Les faits

Patricia Dagorn est une veuve noire. Comme l’arachnide,  elle a tissé lentement sa toile et s'est servie d'un venin (ici un poison) pour, non pas cannibaliser ses proies, mais les empoisonner pour mieux les voler.
Il ne faisait pas bon de s'appeler Robert, car ce prénom était semble-t-il synonyme de cible privilégiée pour Patricia Dagorn, qui a fait passer de vie à trépas, plusieurs d'entre eux ou tenter de les tuer. En tout, une vingtaine d'hommes auraient pu être ses victimes que ce soit du point financier ou par tentative d'empoisonnement

 

Enfance

Patricia Dagorn naît en 1960. Elle est la fille de Robert, originaire du Périgord, travaillant chez EDF et d'une mère bretonne femme de chambre dans un hôtel. Cette mère semble être négligente, répétant un peu l'abandon dont elle a elle-même fait les frais à l'âge de six ans en étant placée en famille d'accueil. Patricia vit avec ses parents dans la maison que sa mère possède à Goulien, près de la pointe du Raz et part avec son père, durant les vacances dans un camping naturiste de l'île du Levant, dans le Var. A sa majorité, les tensions augmentent au sein de la famille, et Patricia décide de partir tenter sa chance à Paris.
Une vie qui ne va pas être de tout repos.

 

"patricia-dagorn-veuve-noire-empoisonneuse-nice-guilherm-caron-psycho-criminologie.com"
Guilhem Caron

Mariage 

Le 19 février 1981, elle rencontre celui qui va devenir son mari, Luc Caron, un parapsychologue de treize ans son aîné, un peu escroc sur les bords. Lui l'aime et va la sauver du caniveau, comme il le dira plus tard. Il l'épouse, la pousse à s'inscrire à la faculté de droit où elle décroche un diplôme de juriste, puis le couple ouvre un cabinet de voyance. Mais après deux enfants, le couple s'étiole. Il la bat, elle lui reproche de ne pas gagner d'argent.
"Petit, je regardais des vidéos toute la journée avec mon frère", raconte Guilhem Caron. "Notre mère ne parlait que d'argent. Ça ne lui est jamais passé par la tête de travailler pour l'obtenir. J'en suis même à me demander si elle n'avait pas fait toutes ses études de droit pour améliorer ses compétences en escroquerie", ajoute-t-il. 
Au début des années 90, la mère de Patricia décède après avoir été malade durant de longues années de la maladie d'Alzheimer. Son mari dira que sa femme a contribué à accélérer la mort de sa belle-mère " elle lui servait un Ricard tous les jours, puis du whisky-coca pendant le repas et un whisky sec, après. Elle est morte avec trois grammes d'alcool dans le sang."
Cette mort paraitra d'ailleurs soupçonneuse à son demi-frère qui alertera les autorités, sans succès.
Patricia Dagorn hérite de la ferme de la pointe du Raz de son enfance et d'un chèque d'un million de francs en assurance-vie.
Le couple qu'elle forme avec Luc Caron se déchire de plus en plus. Lui affirme que c'est elle qui a encaissé le chèque. Elle, dit que c'est lui qui l'a empoché et dépensé. Son mari, alcoolique, finit dans un coma éthylique qui va durer trois jours. Pour lui, sa femme a tenté de l'empoisonner, mais c'est lui qui se retrouve derrière les barreaux. En effet, Patricia Dagorn l'accuse de viol à son égard et d'acte de barbarie. La justice lui donne raison et il écope de onze de prison. Elle quitte le domicile conjugal et en profite pour vider les comptes du couple. Ils finissent par divorcer dans les années 2000, mais resteront néanmoins toujours en contact par la suite.

Patricia continue à mentir, fraude le fisc, s'adonne à la magie noire, à la voyance.
Il ne la reverra plus avant qu'elle ne soit à la une des journaux.

 

"patricia-dagorn-veuve-noire-empoisonneuse-nice-portrait-psycho-criminologie.com"

 

Les meurtres

Patricia Dagorn, elle, se retrouve sur la Riviera, synonyme non seulement de soleil, mais aussi d'argent. Son père n'est pas loin, il habite à Toulon.
Notre future tueuse s'inscrit dans une première agence matrimoniale. Quand la propriétaire de l'agence lui demande sa profession, elle lui rétorque "bijoutière à Cannes". En effet, elle ouvre une entreprise de "commerce de bijoux", mais n'en vendra pas. Ce n'est qu'une façade.
Quel type d'hommes recherche-t-elle ? "pas de limite d'âge" ou alors « Veuf, 70 ans minimum et amateur de jeunes femmes » ou « Hommes âgés de 50 à 80 ans, dans le domaine des affaires. »
Ce sera alors 55 ans minimum, histoire de pouvoir s'occuper du futur harponné. 
Dans les semaines qui suivent, une dizaine de rencontres ont lieu, toutes sans problèmes particuliers.
Jusqu'à un certain Michel Kneffel, un marginal de 60 ans avec qui elle vit et qui perd mystérieusement la vie, le 23 juillet 2011 dans un hôtel meublé de Nice. Sa légataire universelle ? Une certaine Patricia Dagorn. Le document sera reconnu comme étant un faux puisque Michel ne semblait pas, selon les dires de ses proches, dans son état normal à sa rédaction.
La police ouvre une enquête, et Patricia est placée quelques heures en garde à vue. Une prise de sang faite sur le corps démontre une importante dose de médicament. A la police, elle rétorque qu'effectivement Michel Kneffel avait pour habitude de mélanger ses médicaments avec de l'alcool pour se détendre. L'autopsie révèle également que le mort est décédé d'un œdème aigu du poumon, mais le médecin légiste est incapable de dire s'il s'agit d'une mort naturelle ou toxique.
La preuve de la mort par assassinat n'est pas faite, et le dossier est classé en octobre par la justice.
Puis, arrive Robert, 84 ans qui habite Saint-Raphaël. Rapidement, Patricia s'installe chez lui. Elle se présente comme "diamantaire, femme d'affaires, s'occupant également de mariage". Robert n'est pas mécontent. Veuf, cela lui fait de la compagnie. Seulement, il déchante rapidement et commence à avoir des soupçons. Trois mois après l'installation chez lui de Patricia Dagorn, il trouve des capsules de Valium dans la salle de bain et se sent en train de perdre de la vivacité. Ses amis aussi lui trouvent un drôle de teint, un teint crayeux, gris, comme si on lui avait donné de la mort au rat. Son médecin lui confirme ses soupçons quand les résultats de sa prise de sang reviennent au cabinet : traces d’anxiolytique.
Ni une ni deux, Robert ne veut pas prendre de risque et rompt avec Patricia, ce qui lui sauve certainement la vie, et aussi son compte en banque. En effet, Patricia Dagorn avait déjà contacté son notaire pour faire rédiger un bail de location de l'appartement. Elle a également pris soin, avant de partir, de s'emparer de plusieurs documents, dont ses papiers d'identité et divers documents bancaires. 

Un jour, elle présente un homme à son fils, Guilhem. "Elle m'a présenté un homme assez âgé, chez qui elle m'a fait dormir. Il était riche et seul. C'était ce qui l'intéressait. Au restaurant, quand il est parti payer, elle m'a dit que ce type était un pigeon, qu'elle n'allait pas rester avec lui, seulement en profiter".

"patricia-dagorn-veuve-noire-empoisonneuse-nice-portrait-psycho-criminologie.com"
Robert Vaux

 

Cet homme c'était peut-être Robert. Le Robert qui a pris la tangente avant le drame. Ou peut-être s'agissait-il d'Ange Pisciotta, 82 ans, qui s'est senti mal lui aussi après un dîner donné chez lui à Nice, le 26 décembre 2011. Heureusement pour lui, il s'en sortira sans trop de séquelles.

Tant pis, ce n'est que partie remise pour Patricia Dagorn qui tombe en 2012 sur un nouveau veuf, à Mouans-Sartroux, Francesco. Très vite, l'homme est retrouvé mort dans la baignoire de sa salle de bain. Interrogées par la police, ses voisines leur parlent d'une quinquagénaire plutôt jolie qui accompagnait le veuf argenté. La femme de ménage dira qu'elle a trouvé étrange que cet homme soit sale alors que c'était plutôt quelqu'un de bien mis sur lui, tout comme le fait que le corps soit retrouvé dans la baignoire, alors qu'il ne prenait plus de bain depuis longtemps.
Malgré ces témoignages, l'enquête est classée pour mort naturelle. 
Pas grave, Patricia Dagorn continue son petit commerce. Elle rédige des lettres qui commencent par "Cher Robert" et fait part d'une reconnaissance de dette ou d'un remboursement à son égard en attendant de trouver son nouveau pigeon. Juriste de formation, elle maîtrise parfaitement le jargon technique et juridique. Par exemple, elle lance un " Cher Robert, j'ai 50 ans, 1.58m, 45 kg, je suis investisseur".
Finalement, cela l'amène tout droit à la prison de Bonneville, au printemps 2012. Elle raconte à son ex-mari Luc Carron, qu'elle a été hébergée par une personne âgée de Annemasse (Haute-Savoie), Robert Mazereau, un veuf de 87 ans qui malheureusement a manqué de se tuer en tombant. " Un samedi, je suis rentrée, le soir, vers 17 h 30, j’ai trouvé cette personne assise à côté de son lit. Il a fait une chute et je n’y suis pour rien ", lui dit-elle. Mazereau est récupéré en sang, à moitié nu sur le sol de son appartement et recouvert d'urine.
Il est immédiatement transporté à l'hôpital où là aussi on découvre une importante dose d'alcool mêlé à des médicaments dans le sang.
Cela faisait seulement trois jours qu'il vivait avec Patricia Dagorn. Il était heureux, cette présence lui comblait ses longues journées, et elle faisait la cuisine. D'ailleurs, Patricia Dagorn faisait la cuisine à toutes ses victimes...

Robert Mazereau ne doit la vie qu'à sa fille qui avait l'habitude de l'avoir au téléphone et qui s'est inquiétée quand Patricia Dagorn a refusé de le lui passer sous le prétexte qu'il se reposait parce qu'il était fatigué.
Les enquêtes sur ses précédents "amis" sont rouvertes et notamment celles sur Robert Kneffel et sur les flacons de Valium de Robert Vaux. Ces morts étranges, ces empoisonnements, ces lettres qui la nomment légataire universelle, les RIB et les chéquiers, les papiers d'identité ou les cartes vitales qui sont retrouvés chez elle, actionnent la sirène d'alerte des autorités.
Deux enquêtes sont ouvertes : l'une sur l'affaire d'Annemasse et l'autre sur les hommes qui figurent sur les papiers retrouvés.
Les enquêteurs remontent la piste qui les conduit à l'assassinat de Francesco Fillipone, 85 ans, dont le corps avait été retrouvé en décomposition avancée dans sa baignoire, en février 2011. Quelques jours avant son décès, Patricia Dagorn encaissait un chèque de 21 000 euros sur son compte en banque. "Il voulait m'aider à monter une bijouterie", dira-t-elle ensuite pour sa défense.
Peu importe ses insertions, Patricia Dagorn est transférée à la maison d'arrêt de Nice.
 

"patricia-dagorn-veuve-noire-empoisonneuse-nice-photo-la-depeche-psycho-criminologie.com"
Photo : la dépêche

Le procès

En novembre 2013, une information judiciaire est ouverte à Thonon-les-Bains.
Patricia Dagorn est condamnée à 5 ans de prison pour vol, escroquerie et séquestration à l'encontre du veuf d'Annemasse.

En 2017, Patricia Dagorn se retrouve devant la Cour d'Assises des Alpes-Maritimes. Elle nie les faits et se déclare innocente de ce dont on l'accuse. Son avocat, Me Cédric Huissaud demande son acquittement par manque de preuve. En effet, les corps des deux empoisonnés présumés ont été incinérés, empêchant de ce fait toute exhumation pour pratiquer de nouvelles analyses.
Le 18 janvier 2018, elle est condamnée à 22 ans de réclusion criminelle pour l'empoisonnement de quatre hommes, dont deux qui sont décédés (Michel Kneffel et Francesco Fillipone), sur la Côte d'Azur, malgré ses dénégations et l'acharnement de ses avocats à tenter de la sauver.

"patricia-dagorn-veuve-noire-empoisonneuse-nice-1-psycho-criminologie.com"

 

Commentaire :

Patricia Dagorn, était en proie à un besoin d'argent et vivait d'une manière un peu vagabonde. Elle ne s'est installée véritablement que durant ses années de mariage et le temps durant lequel elle séjournait chez ses victimes, sinon sa vie se résumait à quelques colocations et à des séjours en hôtel. Le vagabondage a commencé très tôt, à Paris, à sa majorité.
Ses victimes étaient des personnes âgées et plusieurs d'entre elles s'appelaient Robert. On pourrait voir là, un rapport avec son père. Était-ce un moyen pour elle de se venger de celui-ci ? On peut se demander ce qui a pu se passer lors des séjours dans le camp de nudistes dans lequel son père l'emmenait durant les vacances, enfant. Il y a également, la négligence dont sa mère a pu faire preuve à son égard.

Tout cela a pu conduire Patricia Dagorn à s'inventer une vie autre que celle qui était la sienne, faite de paillettes et de diamants, d'où cette dénomination d' "entrepreneuse et de bijoutière".
Une sorte de réparation qu'elle estimait que la société lui devait.

 

A lire aussi :
- Trente ans requis en appel contre Patricia Dagorn pour empoisonnement (14/01/2019)

____________________________________________________________

Tags : patricia dagorn, Patricia Dagorn la veuve noire de Nice, Patricia Dagorn l'empoisonneuse de nice, patricia dagorn l'empoisonneuse, patricia dagorn veuve noire, procès de patricia dagorn, article patricia dagorn, patricia dagorn luc caron, patricia dagorn sentence, patricia dagorn nice, patricia dagorn annemasse, patricia dagorn haute savoie, patricia dagorn biographie, patricia dagorn histoire, patricia dagorn tueuse en serie, patricia dagorn tueuse en serie francaise, psychologie, psycho criminologie, psycho-criminologie.com, patricia dagorn portrait, patricia dagorn info, patricia dagorn news, patricia dagorn jeune, patricia dagorn mari, patricia dagorn age, patricia dagorn nice, patricia dagorn histoire, faits divers, actualité faits divers, actualités faits divers, faitsdivers, les divers insolites, actualités insolitespatricia dagorn wikipedia, patricia dagorn jeune, patricia dagorn age,

 

Commenter cet article

C
Quel destin! Elle est toujours derrière les barreaux alors?
Répondre
A
Eh oui. Pour 12 ans encore, peut-être un peu moins avec les remises de peine