La personnalité

La personnalité est un ensemble de caractéristiques que possède une personne. Elles influencent sa manière de penser, ses motivations, ses comportements et la rendent distincte des autres personnes. 
L'origine du terme "personnalité" provient du latin "Persona" qui désignait le masque que portaient les acteurs de théâtre. Masque qui correspondait à un trait de caractère spécifique du rôle joué par l'acteur et qui permettait au spectateur de deviner les comportements et les attitudes du personnage.
Le personnalité peut se définir comme étant le résultat de l'intégration dynamique des composantes cognitives, émotionnelles, et comportementales. Elle se construit tout au long de la vie de l'individu, mais selon la psychanalyse, se construirait plus particulièrement les onze premières années. Les expériences traversées et les rencontres viendraient ensuite la nourrir.
Si la personnalité a une dynamique stable, elle est marquée par les traits de personnalité qui peuvent être différents et se modifier en fonction des moments de vie :
- Les traits appartenant à la notion de la sociabilité
- Les traits appartenant à la notion d'évaluation des compétences
La personnalité devient pathologique quand elle se rigidifie. Ses réponses face à une situation deviennent inadaptées et amène le sujet dans une souffrance pouvant entrainer un trouble durable de la pensée, du comportement, du ressenti.

La personnalité criminelle

Jean Pinatel, criminologue, professeur et président de la société internationale de criminologie a tenté de décrire les principaux aspects de la personnalité criminelle dans son ouvrage "Traité de droit pénal et de criminologie" (1970).

La personnalité criminelle obéit à quatre conditions :
- Une personnalité morale
- Une condition pénale
- Une condition matérielle
- Une condition affective
Les règles de la société ne mettent pas de frein pour arrêter la personnalité criminelle. Il n'a pas peur de la sanction pénale, et n'est pas inhibé par le sentiment du bien et du mal. Seul le plaisir de l'acte le domine.

Quatre traits psychologiques lui correspondent :
- L'égocentrisme
- La labilité
- L'agressivité amenée par la frustration
- L'indifférence affective vis-à-vis de la victime
Des variables peuvent venir appuyer le passage à l'acte ou au contraire le freiner (ex : aptitude physique, intellectuelle de la personnalité criminelle ou besoins instinctuels).
Pour Pinatel, le passage à l'acte criminel ou délictuel est prégnant de la personnalité de son auteur. L'acte sommeille dans le psychisme jusqu'à ce que des situations propices puissent le faire émerger.

Plusieurs prédicteurs peuvent expliquer une personnalité criminelle. On peut les classer en différents vecteurs :
- Enfance du sujet
- Antécédents criminels
- État mental
- Mode et attitude sociale
- situation pré-criminelle
- situation de la victime
- Prise en charge antérieure
 

Prédicateurs - Enfance du sujet

- Milieu familial brisé
- Milieu familial violent
- Milieu familial abusif
- Événement traumatique intra-familial
- Perte d'un des deux parents
- Rejet, hostilité ou manque d'attention d'un parent
- Éducation trop permissive
- Placement de l'enfant en institution
- Triade : énurésie, pyromanie, cruauté envers les animaux
- Échec scolaire

Prédicteurs - antécédents criminels

- délinquance violente précoce
- nombre d'infraction
- gravité des infractions
- condamnations pour violences physiques
- condamnations pour violences sexuelles
- non- lieux pour troubles mentaux
 

Prédicteurs - État mental

- Immaturité psychologique
- Immaturité morale
- Immaturité intellectuelle
- Problématique de communication avec autrui
- Conduites addictives
- Introspection difficile
- Impulsivité pathologique
- Caractère extraverti avec anxiété
- Troubles psychotiques
- Personnalité psychotique-limite
- Automutilations
- Hostilité chronique
- Hyperémotivité
- Instabilité émotionnelle
- Fantasme déviant et agressif
- Fanatisme religieux ou politique
- Absence de compassion
- Égoïsme
- absence d'empathie

Prédicteur - Attitude sociale

- Chômage
- Marginalité
- Prostitution
- Toxicomanie
- Inadaptation sociale
- Inadaptation familiale
- Accès à des armes
- Conduites à risques
- Sentiment d'être victime
- Critique de la société
- Fréquentation d'un milieu de délinquance
- Minimisation des précédents actes violents

Prédicteurs - situation pré-criminelle

- État de stress important
- État dépressif
- Idée de suicide ou d'homicide
- Addiction
- Intensité des symptômes psychiatriques
- Épisode délirant
- Envie de faire du mal
- Élaboration d'un plan d'agression

Prédicteurs - Victime

- Proximité avec la victime affectivement
- Proximité géographique avec la victime
- Désignation d'un persécuteur
- Victime hostile, provocatrice
- Victime dépendante
- Victime jeune
- Victime handicapée
- Victime malade mentale
- Victime âgée
- Victime féminine

Prédicteurs - Prise en charge

- Échec de tentative de réinsertion
- Absence de projets d'avenir réalistes
- Inefficacité du traitement psychiatrique, psychologique
- Absence de référent médical
- Absence de référent social
- Attitude négative à l'égard des interventions
- Mauvaise relation avec l'entourage médical
 

Il ne faut pas tous ces prédicteurs pour avoir une personnalité criminelle. Une partie seulement peut composer la personnalité criminelle d'un sujet, mais toutes auront au moins un de ces prédicteurs qui sont le résultat des statistiques et études relevés auprès des criminels.
Parmi les plus communs, nous retrouvons souvent :
- Addiction
- Traumatisme physique ou sexuel dans l'enfance
- Délinquance précoce
- Échec scolaire
- Trouble mental

Un sujet ayant commis des actes de violence par le passé est plus susceptible qu'une autre à récidiver et à monter en puissance si la justice ne l'arrête pas et si la prise en charge thérapeutique ne se fait pas ou se fait mal.
Un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité exposerait à un risque plus élevé de comportements antisociaux à l'adolescence et à l'âge adulte, pouvant conduire à des actes graves et criminels.
Pour évaluer la probabilité du risque du passage à l'acte et de la gestion du risque, un test est utilisé au Canada, le HCR-20 (Historical Clinical Risk Management 20 item scale)

Cette échelle est utilisée par des cliniciens et comporte 20 facteurs qui tentent à résumer des informations pertinentes sur l'histoire du sujet :

- Le passé (histoire du sujet)
- Le présent (introspection, résistance au traitement)
- Le futur (gestion du risque probable)

Elle se définit comme suit en items
- H1 : violence antérieure
- H2 : Premier acte de violence commis dans la jeunesse
- H3 : Instabilité des relations intimes
- H4 : Problèmes d'emploi
- H5 : Problèmes de toxicomanie
- H6 : Maladie mentale grave
- H7 : Psychopathie
- H8 : Inadaptation durant la jeunesse
- H9 : Trouble de la personnalité
- H10 : Échec antérieur de la surveillance
- C1: Introspection difficile
- C2: Attitudes négatives
- C3: Symptômes actifs de la maladie mentale grave
- C4: Impulsivité
- C5: Résistance au traitement
- R1: Plans irréalisables
- R2: Exposition à des facteurs déstabilisants
- R3: Manque de soutien personnel
- R4: Inobservation des mesures curatives
- R5: Stress

Concernant les antécédents criminels, les statistiques analysent particulièrement :
- Les antécédents criminels
- L'âge
- Les méthodes d'éducation parentale
- Les antécédents du comportement antisocial
- L'ethnicité
- La structure familiale
- Le fonctionnement intellectuel
- Le statut socioéconomique
- Existence d'une personnalité antisociale
- Fréquentation des délinquants
- Comportements antisociaux
- Absence de réussite sociale
- Addiction
- Antécédent des traumatismes sexuel ou physique

Pour tenter de déterminer si une personnalité est une personnalité psychopathe ou non, Hale a élaboré une échelle appelée : la PCL-R (Revised Psychopathy Cheklist).
Elle comporte deux facteurs :
- Facteur 1 : les aspects relationnels (égocentrisme, manipulation, rudesse, absence de remords)
- Facteur 2 : impulsivité, instabilité, vie marquée par l'irresponsabilité

Exemple  d'items :
1. Loquacité et charme superficiel
2. Surestimation de soi
3. Besoin de stimulation et tendance à s’ennuyer
4. Tendance au mensonge pathologique
5. Duperie et manipulation
6. Absence de remords et culpabilité
7. Affect superficiel
8. Insensibilité et manque d’empathie
9. Tendance au parasitisme
10. Faible maîtrise de soi
11. Promiscuité sexuelle

Des recherches sur le comportement criminel et la personnalité criminelle sont aussi nécessaires du point de vue biologique et neurobiologique. Les études tentent de prouver ou de démontrer que des molécules, des mécanismes biologiques peuvent opérer sur le fonctionnement des voies nerveuses du cerveau et entrainer par là-même un comportement anormal chez certaines personnes (accès de violence en hausse, par exemple).
On sait que l'hippocampe, le thalamus, le noyau caudé, le mésencéphale, le tegmentum, les noyaux de raphé, sont quelques-unes des structures impliquées dans l'agressivité. Le cortex préfrontal, lui, participerait comme une forme de régulateur des émotions. La sérotonine, la GABA, la noradrénaline interviendraient également comme inhibiteurs de l'agressivité. La dopamine et le glutamate, ayant au contraire un rôle d'excitant.
Quel pourrait être le rôle de gènes, des lésions de voies nerveuses dans l'aspect criminel d'un sujet ?
Des études se sont particulièrement portées sur l'acide 5-hydroxyndoléacétic (métabolite urinaire de la sérotonine) qui aurait une incidence dans chez les suicidaires, chez les délinquants violents impulsifs et chez les meurtriers récidivistes.
D'autres études portent sur l'existence d'un chromosome X ou Y supplémentaire, faisant augmenter le risque de criminalité. Mais rien à ce jour ne peut valider cette hypothèse.

A suivre : Les différents types de crime (prochainement)

Sources : Leg Chuoran, la personnalité criminelle, faculté de médecine d'Oran-Centre, hôpital universitaire, service de médecine légale, 2013. 
http://www.psychologies.com/Dico-Psycho/Personnalite-criminelle - consulté le 4 mai 2018
https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2003-2-page-111.htm - consulté le 2 mai 2018

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